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Works Jerome (347-420) Epistulae Correspondance

AU PRÊTRE RIPARIUS.

Des erreurs de Vigilantius, prêtre de l'église de Barcelonne. — Jérôme établit que les honneurs rendus aux cendres des morts ne constituent pas l'idolâtrie. — Il prouve par des exemples que sou indignation contre Vigilantius est juste. — Il joue sur le nom de Vigilantius.

Ecrite en 404.

Ayant reçu vos lettres, ne pas y répondre, c'est de l'orgueil; y répondre, c'est de la témérité ; car vous m'interrogez sur des choses qu'on ne peut ni avancer ni entendre sans sacrilège. Vous dites que Vigilantius, dont le nom est une contre-vérité (car Dormitantius lui conviendrait avec plus de raison), ouvre de nouveau sa bouche impure, blasphème contre les reliques des saints martyrs, nous appelle, nous qui les honorons, cendriers et idolâtres, parce que nous respectons les ossements des morts. Oh! le misérable homme est digne qu'on répande sur son aveuglement des torrents de larmes, puisqu'en parlant de la sorte, il ne voit pas qu'il est lui-même un Samaritain et un Juif, qui, s'attachant à la lettre qui tue et non pas à l'esprit qui vivifie, regarde les corps morts comme quelque chose d'impur, et s'imagine que les vases même de la maison où il meurt quelqu'un contractent quelque impureté.

Pour nous, nous n'adorons ni les reliques des martyrs, ni le soleil, ni la lune, ni les anges, ni les archanges, ni les chérubins, ni les séraphins, « ni aucuns noms qui peuvent être dans le siècle présent ou le siècle futur, » de peur de rendre à la créature le culte souverain au lieu de le rendre au Créateur qui est béni dans tous les siècles. Mais nous honorons les reliques des martyrs, afin d'adorer celui pour lequel ils ont souffert le martyre. Nous honorons les serviteurs, afin que l'honneur que nous leur rendons retourne au Seigneur qui dit : « Celui qui vous reçoit me reçoit. »

Est-ce que les reliques de saint Pierre et saint Paul sont impures ? Est-ce que le corps de Moïse est impur, lui qui, selon la vérité hébraïque1, a été enseveli par le Seigneur même? Toutes les fois que nous entrons dans les basiliques des apôtres , des prophètes et des martyrs, sont-ce des temples d'idoles que nous honorons? Les cierges que nous allumons devant leurs tombeaux sont-ils des marques d'idolâtrie? Je dis plus, afin de confondre cet homme extravagant, de guérir ou de démonter entièrement sa pauvre tête, et d'empêcher qu'il ne séduise les simples par ses dogmes sacrilèges. Le corps du Seigneur dans le tombeau était-il impur? Les anges qui, revêtus d'habits blancs, parurent dans son sépulcre, faisaient-ils la garde autour d'un cadavre souillé? Fallait-il qu'après plusieurs siècles Dormitantius vint nous débiter ses rêveries, ou plutôt vomir ses blasphèmes? Fallait-il qu'à l'exemple du persécuteur Julien, il vint détruire les basiliques des martyrs, ou les changer en temples des faux dieux?

Je m'étonne que le saint évêque dans le diocèse duquel on dit qu'il exerce les fonctions de prêtre souffre ses emportements. Je m'étonne qu'il ne se serve pas de la verge apostolique et de la «verge de fer » pour briser ce vase inutile, et qu'il ne « livre pas cet homme au démon pour mortifier sa chair, afin de sauver son âme. » Je m'étonne qu'il ne se souvienne pas de ce chie dit l'Ecriture « Lorsque vous voyiez un larron, vous couriez aussitôt avec lui, et vous vous rendiez le compagnon des adultères. » Et ailleurs: « Je mettais à mort dès le matin tous les pécheurs de la terre, afin de bannir de la ville du Seigneur tous ceux qui commettent l'iniquité. » Et encore : « Seigneur, n'ai-je pas haï ceux qui vous haïssaient, et ne séchais-je pas d'ennui en voyant vos ennemis? Je les haïssais d'une haine complète.

Si les ossements des morts souillent ceux qui les touchent, comment Elisée, dans le tombeau, a-t-il pu ressusciter un mort? continent son corps, qui selon Vigilantius était impur, a-t-il pu donner la vie? Les Israélites souillèrent donc leur camp, lorsqu'ils portèrent dans le désert le corps de Joseph et ceux des patriarches, et qu'ils transportèrent ces cendres impures dans la Terre-Sainte. On doit aussi regarder Joseph, qui était la figure de Jésus-Christ, comme un scélérat, puisqu'il lit transporter avec tant de pompe les os de Jacob à Hébron, afin de mettre le corps impur de son père dans le tombeau de son grand-père et de son aïeul, dont les corps étaient impurs de même, et de joindre ce mort avec les morts?

O langue digne d'être coupée! ô tête sans cervelle ! Cet homme extravagant aurait bien besoin de se mettre entre les mains des médecins, afin d'apprendre à se taire , puisqu'il ne saurait parler à propos. J'ai vu autrefois cet homme abominable, et je me servis alors de plusieurs passages de l'Écriture, comme d'autant de liens, pour lier ce furieux; car c'est ainsi qu'Hippocrate veut qu'on traite les fous. Mais il se retira, il s'éloigna, il s'enfuit, il courut avec impétuosité, et s'étant retiré entre la mer Adriatique et les Alpes Cotiennes, il se mit à crier et à déclamer contre moi; car tout ce qu'un l'ou peut dire se réduit à des criailleries et à des invectives.

Peut-être trouverez-vous mauvais de ce que je me déchaîne de la sorte contre lui en son absence. Je vous avouerai ma douleur. Je ne puis entendre patiemment de si grands blasphèmes ; car je connais l'indignation de Phinées, l'inflexibilité d'Elie, le zèle de Simon le Cananéen, la sévérité de Pierre faisant mourir Ananie et Sapphire, la fermeté de Paul qui condamna pour toujours le magicien Elymas, résistant aux voies du seigneur. Il n'y a pas ici inhumanité, mais amour de Dieu. De là vient que nous lisons dans l'Écriture : « Si votre frère, ou votre ami, ou votre femme qui vous est si chère, veulent vous corrompre et vous détourner des sentiers de la vérité , tuez-les de votre propre main, répandez leur sang, et vous ôterez ainsi le mal du milieu d'Israël. »

Je le répète encore une fois; si les reliques des martyrs sont impures, pourquoi donc les apôtres ont-ils porté avec tant de pompe le corps impur de saint Etienne dans le tombeau ? Pourquoi « lui ont-ils fait des funérailles av un si grand deuil? » Pourquoi le sujet de leurs larmes est-il devenu le sujet de notre joie?

Cet hérétique, dites-vous, a les veilles exécration; il agit en cela contrairement au nom qu'il porte. Il s'appelle Vigilantius et il ne pense qu'à dormir, sans avoir égard à ce que dit le Sauveur : « Quoi? vous n'avez pu veiller une heure avec moi? Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation. L'esprit est prompt, mais la chair est faible; » ni à ce que dit le prophète dans un autre endroit : « Je me levais au milieu de la nuit pour vous louer sur les jugements de votre loi, pleine de justice. L'Évangile nous apprend encore que Jésus-Christ a passé des nuits entières en oraison; et nous lisons que les apôtres ont chanté des psaumes toute la nuit dans leurs prisons, et que leurs prières ont ébranlé la terre, converti leurs geôliers, jeté l'effroi dans les villes et le trouble dans le coeur des magistrats. Saint Paul dit aussi : « Persévérez et veillez dans la prière. » Et dans un autre endroit : « J'ai veillé souvent. » Que Vigilantius donc dorme, et que l'ange exterminateur vienne l'étouffer comme les Egyptiens durant son sommeil. Pour nous, disons avec David : « Celui qui garde Israël ne s'assoupira et ne s'endormira point, » afin que « celui qui veille et qui est saint » vienne vers nous. Que si quelquefois il s'endort pour nous punir de nos péchés, disons-lui : « Levez-vous, Seigneur; pourquoi paraissez-vous comme en. dormi ? » Et lorsque notre nacelle sera battue de la tempête, réveillons-le en criant: «Maître, sauvez-nous, nous périssons. »

J'en dirais davantage si je ne craignais de passer le bornes d'une lettre; c'est ce qui m'oblige à finir. Je vous aurais néanmoins écrit plus au long, si vous m'aviez envoyé les sottises que ce personnage débite dans son livre2, et si je savais ce qui mérite d'être réfuté. Je n'ai fait ici que battre l'air, et je me suis moins arrêté à combattre ses erreurs qu'à expliquer notre croyance. Au reste, si vous voulez que. j'écrive plus au long contre lui, envoyez-moi ses visions et ses folies, afin qu'il entende Jean-Baptiste prêchant : « La cognée est déjà à la racine de l'arbre ; car tout arbre qui ne produit point de bon fruit, sera coupé et jeté au feu. »


  1. c'est-à-dire selon le texte hébreu ; car la version des Septante porte que moïse, fut enseveli par les Juifs. ↩

  2. Voyez cinquième série, Polémique, Traité contre Vigilantius. ↩

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