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Œuvres Lactance (250-325) Divinae Institutiones

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Institutions Divines

VII.

1 Les philosophes n'ont point compris la vérité, pour n'avoir pu comprendre ces principes avec leurs suites et leurs dépendances. Ils en ont vu quelques conséquences détachées ; mais ne les ayant pas réunies, ils n'ont point formé de raisonnement parfait. Il est aisé de faire voir qu'il n'y a presque point de vérité sur laquelle les philosophes ne se soient partagés. Nous ne prétendons pas renverser la philosophie par la méthode. Les académiciens ont accoutumé de suivre en réfutant, ou plutôt en éludant, tout ce qu'on leur objecte. Mais nous voulons montrer qu'il n'y a jamais eu de sectes si fort engagées dans l'erreur, ni de philosophes si fort trompés par la vanité de leurs pensées, qu'ils n'aient vu quelque chose de la vérité. Il est vrai pourtant que les philosophes s'étant portés aux dernières extravagances par nu trop grand désir de dispute, et ayant entrepris de soutenir opiniâtrement leurs erreurs, ont renversé les meilleurs maximes des autres, et ont laissé échapper la vérité d'entre leurs mains. Que si quelqu'un avait ramassé les vérités qui sont répandues parmi les diverses sectes des philosophes, et qu'il en eût formé un corps de doctrine, il ne se trouverait pas éloigné de notre sentiment. Mais c'est une entreprise que nul ne peut faire s'il n'est bien informé de la vérité, et il ne peut en être bien informé s'il ne l'a apprise de Dieu même; car à moins de cela, il ne sera jamais capable de la reconnaître et de la discerner de la fausseté. Que s'il la pouvait découvrir par hasard, il ne laisserait pas de raisonner solidement; et bien qu'il ne pût l'appuyer sur le témoignage de l'Écriture, il la proposerait assez évidemment pour la faire reconnaître. C'est pourquoi il me semble que l'erreur de ceux-là est tout à fait insupportable, qui, après avoir approuvé les maximes d'une secte, et s'être déclarés en sa faveur, condamnent toutes les autres comme fausses ou inutiles, et se préparent à une dispute opiniâtre, bien qu'ils ne sachent, ni ce qu'ils doivent soutenir, ni ce qu'ils doivent réfuter, et rejettent indifféremment tout ce qui est avancé par ceux qui ne sont pas de leur avis.

2 La chaleur et l'opiniâtreté de leurs disputes a été cause qu'aucune secte n'a possédé entièrement la vérité, bien que chacun en ait découvert une partie. Platon a dit que Dieu avait créé le monde. Les prophètes ont assuré la même chose, et les sibylles l'ont confirmé par leurs vers. Il faut donc que ceux-là se trompent, qui disent que toutes choses sont nées d'elles-mêmes, ou par le concours de quantité de semences fort petites et fort déliées; car il est impossible qu'un ouvrage d'une si prodigieuse grandeur et d'une si merveilleuse beauté, ait pu être produit autrement que par la puissance et par la sagesse d'un autre être parfait. La manière dont il se conserve et se gouverne est une preuve convaincante qu'il est l'ouvrage d'un être sublime, intelligent. Les stoïciens soutiennent que le monde et ce qu'il contient, a été fait pour l'homme. L'Écriture nous enseigne la même vérité ; et ainsi Démocrite s'est trompé quand il a cru que les hommes étaient sortis au hasard de la terre comme des vers. Ce philosophe n'ayant pu pénétrer le secret de la formation de l'homme, l'a réduit comme au néant. Ariston a prétendu que les hommes étaient nés pour pratiquer la vertu. Les prophètes ont enseigné la même doctrine, et partant Aristippe a eu tort de les assujettir au plaisir comme des bêtes. Phérécide et Platon ont soutenu l'immortalité de l'âme, et c'est la croyance de tous les chrétiens, et partant Dicéarque et Démocrite sont tombés dans l'erreur, quand ils ont dit qu'elle périssait avec le corps. Zénon le stoïcien a soutenu: qu'après cette vie il y a des lieux séparés pour recevoir les âmes des gens de bien et celles des méchants ; que les unes jouissent d'une parfaite tranquillité, au lieu que les autres sont tourmentées dans une région obscure et dans un bourbier plein d'horreur. Les prophètes nous ont fait une description toute semblable des peines et des récompenses qui sont préparées par la justice divine aux siècles à venir. Épicure s'est donc trompé quand il a cru que ce n'était qu'une fiction poétique, et qu'il s'est imaginé que les supplices qu'on attribue aux enfers sont ceux que les méchants souffrent sur la terre avant leur mort. Il est donc clair qu'il n'y a point de vérité, ni de mystère dans notre religion, que les philosophes n'aient soutenus et qu'ils n'aient en quelque sorte touchés. Mais ils n'ont pu soutenir les vérités qu'ils avaient découvertes, parce qu'ils n'en avaient pas formé un corps, comme nous l'avons fait.

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The Divine Institutes

Chap. VII.--Of the Variety of Philosophers, and Their Truth.

And because the philosophers did not comprehend this main point, they were neither able to comprehend truth, although they for the most part both saw and explained those things of which the main point itself consists. But different persons brought forward all these things, and in different ways, not connecting the causes of things, nor the consequences, nor the reasons, so that they might join together and complete that main point which comprises the whole. But it is easy to show that almost the whole truth has been divided by philosophers and sects. For we do not overthrow philosophy, as the Academics are accustomed to do, whose plan was to reply to everything, which is rather to calumniate and mock; but we show that no sect was so much out of the way, and no philosopher so vain, as not to see something of the truth. 1 But while they are mad with the desire of contradicting, while they defend their own arguments even though false, and overthrow those of others even though true, not only has the truth escaped from them, which they pretended that they were seeking, but they themselves lost it chiefly through their own fault. But if there had been any one to collect together the truth which was dispersed amongst individuals and scattered amongst sects, and to reduce it to a body, he assuredly would not disagree with us. But no one is able to do this, unless he has experience 2 and knowledge of the truth. But to know the truth belongs to him only who has been taught by God. For he cannot in any other way reject the things which are false, or choose and approve of those which are true; but if even by chance he should effect this, he would most surely act the part of the philosopher; and though he could not defend those things by divine testimonies, yet the truth would explain itself by its own light. Wherefore the error of those is incredible, who, when they have approved of any sect, and have devoted themselves to it, condemn all others as false and vain, and arm themselves for battle, neither knowing what they ought to defend nor what to refute; and make attacks everywhere, without distinction, 3 upon all things which are brought forward by those who disagree with them.

On account of these most obstinate contentions of theirs, no philosophy existed which made a nearer approach to the truth, for the whole truth has been comprised by these in separate portions. 4 Plato said 5 that the world was made by God: the prophets 6 speak the same; and the same is apparent from the verses of the Sibyl. They therefore are in error, who have said either that all things were produced of their own accord or from an assemblage of atoms; 7 since so great a world, so adorned and of such magnitude, could neither have been made nor arranged and set in order without some most skilful author, and that very arrangement by which all things are perceived to be kept together and to be governed bespeaks 8 an artificer with a most skilful mind. The Stoics say that the world, and all things which are in it, were made for the sake of men: the sacred writings 9 teach us the same thing. Therefore Democritus was in error, who thought that they were poured forth from the earth like worms, without any author or plan. For the reason of man's creation belongs to a divine mystery; and because he was unable to know this, he drew 10 down man's life to nothing. Aristo asserted that men were born to the exercise of virtue; we are also reminded of and learn the same from the prophets. Therefore Aristippus is deceived, who made man subject to pleasure, that is, to evil, as though he were a beast. Pherecydes and Plato contended that souls were immortal; but this is a peculiar doctrine in our religion. Therefore Dicaearchus was mistaken, together with Democritus, who argued that souls perished with the body and were dissolved, Zeno the Stoic taught that there were infernal regions, and that the abodes of the good were separated from the wicked; and that the former enjoyed peaceful and delightful regions, but that the latter suffered punishment in dark places, and in dreadful abysses of mire: the prophets show the same thing. Therefore Epicurus was mistaken, who thought that that was an invention 11 of the poets, and explained those punishments of the infernal regions, which are spoken of, as happening in this life. Therefore the philosophers touched upon the whole truth, and every secret of our holy religion; but when others denied it, they were unable to defend that which they had found, because the system did not agree 12 with the particulars; nor were they able to reduce to a summary those things which they had perceived to be true, as we have done above.


  1. [See Clement, sparsim, and notably (cap. 5 of Stromata) vol. ii. [^124]p. 305, this series.] ↩

  2. Veri peritus ac sciens. ↩

  3. Sine delectu. ↩

  4. Particulatim. ↩

  5. In the Timaeus ↩

  6. Gen. i.; Ps. xxxiii. ↩

  7. Minutis seminibus conglobatis. ↩

  8. Confitetur. ↩

  9. Gen. i.; Ps. viii.; Heb. ii. ↩

  10. Deduxit ad nihilum. ↩

  11. Figmentum. ↩

  12. Singulis ratio non quadravit. ↩

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