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Werke Laktanz (250-325) Divinae Institutiones

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Institutions Divines

VI.

Venons maintenant aux preuves divines : mais avant que d'en faire voir la certitude et l'évidence, examinons-en une qui n'est pas à mépriser, soit à cause de son ancienneté qui l'a en quelque sorte consacrée, soit parce que celui qui nous la doit fournir a été mis lui-même au rang des dieux. Nous lisons donc dans Cicéron, que le souverain pontife Cotta, disputant de la religion contre les stoïciens et expliquant les divers sentiments qui partagent les philosophes touchant le nombre et la nature des dieux, dit, que l'antiquité avait reconnu cinq différents Mercures: et après avoir raconté l'histoire des quatre premiers, il vient aux aventures du cinquième. Ce fut celui qui, ayant tué Argus, chercha dans l'Egypte un asile contre le ressentiment de Junon. Pendant le séjour qu'il y fit, il donna aux Égyptiens la connaissance des lettres, et leur dicta des lois; et ces peuples par reconnaissance donnèrent son nom1 au premier mois,2 bâtirent en sa mémoire une ville que les Grecs appellent encore aujourd'hui Hermopolis,3 et lui rendirent tous les honneurs qu'on ne rend qu'à la divinité. Quoique ce prétendu dieu des Saïtes4 ne fût en effet qu'un homme, ce fut un homme extraordinaire : il rassembla en lui tout ce que la nature et l'art peuvent produire de lumières, et il posséda dans un degré si éminent les connaissances acquises et infuses, qu'elles lui méritèrent le glorieux nom de Trismégiste.5 Il écrivit plusieurs livres des choses qui concernent la religion. Il y établit la grandeur, la souveraine puissance et l'unité de Dieu, et il lui donne, comme nous, le nom de Dieu et de Père. Mais afin de réprimer la curiosité peu religieuse de ceux qui voudraient savoir son véritable nom, il soutient qu'il n'en doit point avoir à cause de son unité. Car voici ses propres termes : « Dieu est un; or ce qui est un n'a pas besoin de nom : Dieu est celui qui est, voilà son nom. Dieu est donc sans nom parce qu'il est seul, et que les noms ne sont nécessaires que lorsqu'il y a nombre ; ils ne servent enfin qu'à empêcher la confusion qui se rencontrerait dans la pluralité, si l'un n'était distingué de l'autre par un nom particulier. »

Il faut maintenant parler des livres que les sibylles ont laissés; nous y trouverons, sur la vérité que nous voulons établir, des preuves plus certaines et qui ne seront pas sujettes aux défauts de celles que nous avons produites jusqu'ici ; car nos adversaires refuseront peut-être d'ajouter foi aux poètes, parce que la perfection de leur art consiste à feindre et à rendre le mensonge vraisemblable, et ils ne croiront pas non plus devoir déférer à l'autorité des philosophes, parce qu'étant des hommes, ils peuvent se laisser surprendre à l'erreur ou à l'apparence.

Varron, qui pour sa profonde érudition ne vit aucun parmi les Grecs qui ne lui cédât, ni aucun des Romains qui osât l'égaler, ce savant homme, dis-je, dans son Traité des Choses Divines qu'il adresse à Caïus César, souverain sacrificateur, venant à parler des fonctions des quindécemvirs, qui sont préposés à la garde des livres sibyllins, prétend que ce nom ne fut pas donné à ces livres sacrés pour avoir été l'ouvrage d'une seule sibylle ; mais que les anciens ayant ainsi nommé toutes les femmes qui paraissaient remplies de l'esprit de prophétie ou agitées de la fureur poétique, tout ce que ces femmes inspirées prononçaient reçut le nom d'oracles sibyllins, et elles celui de sibylles, ou du nom de celle qui prophétisait à Delphes, ou plutôt parce qu'elles passaient pour être les interprètes des volontés divines, le nom de sibylle étant composé de deux mots qui signifient, en langue éolienne, les desseins des dieux. Au reste, on en compte dix, et Varron rapporte leurs noms sur la foi des auteurs qui en ont parlé : la première parut dans la Perse : Nicanor, qui a écrit l'histoire d'Alexandre, en fait mention ; la seconde, selon Euripide, dans son prologue de Lamia, était originaire de la Libye; la sibylle de Delphes, au rapport de Chrysippe, dans son Traité sur la Divination, était la troisième ; celle de Cumes était la quatrième : le poète Nævius et l'historien Pison en parlent, l'un dans son poème de la guerre de Carthage et l'autre dans ses Annales. L'Érythréenne fut la cinquième; Apollodore d'Erythrée la fait citoyenne de la même ville que lui. Ce fut elle qui, voyant partir les Grecs pour Troie, leur prédit la ruine de cette ville, et dit qu'Homère ferait un poème qu'il remplirait de fictions et de mensonges. Samos donna le nom et la naissance à la sixième ; les Annales de cette île par Ératosthène en conservent la mémoire. La Cumane, nommée Amalthée par Damophile et par Hérophile, est la septième ; cette sibylle, si célèbre dans l'histoire romaine, vivait sous le règne du premier des Tarquins; elle lui apporta un jour neuf volumes, elle lui en demanda trois cents pièces d'or. Le roi, indigné de la hardiesse de cette femme, ou étonné de sa folie, ou plutôt effrayé de la grandeur du prix qu'elle mettait à ses livres, la rebuta; mais elle, sans s'émouvoir, en brûla trois, et demanda la même somme pour les six qui restaient; Tarquin, surpris et irrité tout ensemble d'un procédé si nouveau, la traita encore plus rudement, ce qui l'obligea à en brûler trois autres. Le roi, ému de crainte, et peut-être touché de curiosité, voyant qu'elle persistait toujours à demander les trois cents pièces d'or, les lui fit compter sur l'heure, et fit mettre dans le Capitole les trois livres qui s'étaient sauvés du feu et de l'avarice de la sibylle. Leur nombre fut dans la suite beaucoup augmenté de ceux que plusieurs villes de Grèce et d'Italie envoyèrent à Rome; et on rassemblait avec soin tout ce qui portait le nom de sibyllin, ou qui paraissait en avoir le caractère. La huitième fut nommée l'Hellespontique ; elle était née dans les champs de Troie, au bourg de Marpesse, près de la ville de Gergithium; elle prophétisa sous le règne de Cyrus, et du temps de Solon, si nous en croyons Héraclide. La neuvième était de Phrygie, et publia ses prophéties à Ancyre. La dixième et dernière fut la Tiburtine; elle se nommait Albunée, et on lui avait dressé un autel sur le bord de l'Anio. On dit même que son image tenant un livre à la main fut trouvée au fond de ce fleuve, et que le sénat ordonna qu'elle fût transférée au Capitole pour y recevoir les honneurs divins.

Les livres des sibylles sont entre les mains de tout le monde, hors ceux de la sibylle de Cumes, dont les Romains font un grand mystère, n'étant permis qu'aux quindécemvirs, dont nous avons parlé, de les voir et de les lire. Chacun de ces livres est appelé le Livre de la sibylle, sans que l'on puisse bien discerner de laquelle des dix chaque livre est en particulier ; la seule sibylle d'Erythrée se nomme au commencement du sien ; elle déclare que, quoiqu'elle soit née à Babylone, elle prend toutefois le nom d'Érythréenne. Elle rendit ce nom célèbre dans la suite par la noblesse de ses expressions et par la sublimité des choses qu'elle prédit ; car quoique ses autres compagnes aient publié d'une commune voix l'unité de Dieu, celle-ci le fait d'une manière plus relevée et plus digne de la majesté de celui qu'elle annonce. Voici ce qu'un auteur très exact, Fenestella, rapporte d'elle au sujet des quindécemvirs : il dit que le Capitole ayant été rebâti sous le consulat de Curion, après un incendie qui n'en avait fait que des ruines, ce premier magistrat de la république proposa au sénat d'envoyer à Erythrée quelques personnes de considération pour faire une recherche des livres de la sibylle et les faire transporter à Rome. Le sénat députa pour cet effet trois personnes de probité,6 qui retournèrent chargés de mille vers qu'ils avaient eu soin de tirer de l'original avec beaucoup de fidélité et d'exactitude. Varron raconte la chose dans les mêmes termes. Voici donc de quelle manière cette sibylle parle de Dieu dans ses vers :

Il n'y a qu'un Dieu, dont la grandeur est infinie, et l'essence incréée.

Dieu est seul, infiniment élevé au-dessus des autres êtres : il a créé le ciel et les astres, la terre et les arbres qu'elle porte; la mer et les eaux qui s'y précipitent.

Peuples, adorez ce Dieu, qui est un seul, rendez-lui l'honneur qui lui est dû comme au maître du monde ; il est seul de toute éternité, et il sera seul dans toute l'éternité.

Une autre sibylle fait parler Dieu de cette sorte.

Je suis le Dieu unique, et il n'y en a point d'autre que moi.

Ces témoignages doivent suffire pour notre dessein ; mais l'occasion se présentera peut-être d'en parler encore ; et nous achèverons alors de rapporter les témoignages des autres sibylles. Au reste, puisque nous avons entrepris de défendre la vérité contre ceux qui la combattent sans la connaître, et qui fuyant la lumière de la véritable religion aiment à demeurer dans les ténèbres de celle où ils sont nés, de quelles plus fortes preuves pourrions-nous nous servir pour les détromper, que de celles que leurs propres dieux nous fourniront ?


  1. Thoth. ↩

  2. Septembre. ↩

  3. La ville de Mercure. ↩

  4. Les peuples d'Egypte. ↩

  5. Trois fois grand. ↩

  6. P. Gabinius, M. Octacilius, et L. Valérius. ↩

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The Divine Institutes

Chap. VI.--Of divine testimonies, and of the sibyls and their predictions.

Now let us pass to divine testimonies; but I will previously bring forward one which resembles a divine testimony, both on account of its very great antiquity, and because he whom I shall name was taken from men and placed among the gods. According to Cicero, Caius Cotta the pontiff, while disputing against the Stoics concerning superstitions, and the variety of opinions which prevail respecting the gods, in order that he might, after the custom of the Academics, make everything uncertain, says that there were five Mercuries; and having enumerated four in order, says that the fifth was he by whom Argus was slain, and that on this account he fled into Egypt, and gave laws and letters to the Egyptians. The Egyptians call him Thoth; and from him the first month of their year, that is, September, received its name among them. He also built a town, which is even now called in Greek Hermopolis (the town of Mercury), and the inhabitants of Phenae honour him with religious worship. And although he was a man, yet he was of great antiquity, and most fully imbued with every kind of learning, so that the knowledge of many subjects and arts acquired for him the name of Trismegistus. 1 He wrote books, and those in great numbers, relating to the knowledge of divine things, in which be asserts the majesty of the supreme and only God, and makes mention of Him by the same names which we use--God and Father. And that no one might inquire His name, he said that He was without name, and that on account of His very unity He does not require the peculiarity of a name. These are his own words: "God is one, but He who is one only does not need a name; for He who is self-existent is without a name." God, therefore, has no name, because He is alone; nor is there any need of a proper name, except in cases where a multitude of persons requires a distinguishing mark, so that you may designate each person by his own mark and appellation. But God, because He is always one, has no peculiar name.

It remains for me to bring forward testimonies respecting the sacred responses and predictions, which are much more to be relied upon. For perhaps they against whom we are arguing may think that no credence is to be given to poets, as though they invented fictions, nor to philosophers, inasmuch as they were liable to err, being themselves but men. Marcus Varro, than whom no man of greater learning ever lived, even among the Greeks, much less among the Latins, in those books respecting divine subjects which he addressed to Caius Caesar the chief pontiff, when he was speaking of the Quindecemviri, 2 says that the Sibylline books were not the production of one Sibyl only, but that they were called by one name Sibylline, because all prophetesses were called by the ancients Sibyls, either from the name of one, the Delphian priestess, or from their proclaiming the counsels of the gods. For in the Aeolic dialect they used to call the gods by the word Sioi, not Theoi; and for counsel they used the word bule, not boule;--and so the Sibyl received her name as though Siobule. 3 But he says that the Sibyls were ten in number, and he enumerated them all under the writers, who wrote an account of each: that the first was from the Persians, and of her Nicanor made mention, who wrote the exploits of Alexander of Macedon;--the second of Libya, and of her Euripides makes mention in the prologue of the Lamia;--the third of Delphi, concerning whom Chrysippus speaks in that book which he composed concerning divination;--the fourth a Cimmerian in Italy, whom Naevius mentions in his books of the Punic war, and Piso in his annals;--the fifth of Erythraea, whom Apollodorus of Erythraea affirms to have been his own countrywoman, and that she foretold to the Greeks when they were setting out for Ilium, both that Troy was doomed to destruction, and that Homer would write falsehoods;--the sixth of Samos, respecting whom Eratosthenes writes that he had found a written notice in the ancient annals of the Samians. The seventh was of Cumae, by name Amalthaea, who is termed by some Herophile, or Demophile, and they say that she brought nine books to the king Tarquinius Priscus, and asked for them three hundred philippics, and that the king refused so great a price, and derided the madness of the woman; that she, in the sight of the king, burnt three of the books, and demanded the same price for those which were left; that Tarquinias much more considered the woman to be mad; and that when she again, having burnt three other books, persisted in asking the same price, the king was moved, and bought the remaining books for the three hundred pieces of gold: and the number of these books was afterwards increased, after the rebuilding of the Capitol; because they were collected from all cities of Italy and Greece, and especially from those of Erythraea, and were brought to Rome, under the name of whatever Sibyl they were. Further, that the eighth was from the Hellespont, born in the Trojan territory, in the village of Marpessus, about the town of Gergithus; and Heraclides of Pontus writes that she lived in the times of Solon and Cyrus;--the ninth of Phrygia, who gave oracles at Ancyra;--the tenth of Tibur, by name Albunea, who is worshipped at Tibur as a goddess, near the banks of the river Anio, in the depths of which her statue is said to have been found, holding in her hand a book. The senate transferred her oracles into the Capitol.

The predictions of all these Sibyls 4 are both brought forward and esteemed as such, except those of the Cumaean Sibyl, whose books are concealed by the Romans; nor do they consider it lawful for them to be inspected by any one but the Quindecemviri. And there are separate books the production of each, but because these are inscribed with the name of the Sibyl they are believed to be the work of one; and they are confused, nor can the productions of each be distinguished and assigned to their own authors, except in the case of the Erythraean Sibyl, for she both inserted her own true name in her verse, and predicted that she would be called Erythraean, though she was born at Babylon. But we also shall speak of the Sibyl without any distinction, wherever we shall have occasion to use their testimonies. All these Sibyls, then, proclaim one God, and especially the Erythraean, who is regarded among the others as more celebrated and noble; since Fenestella, a most diligent writer, speaking of the Quindecemviri, says that, after the rebuilding of the Capitol, Caius Curio the consul proposed to the senate that ambassadors should be sent to Erythrae to search out and bring to Rome the writings of the Sibyl; and that, accordingly, Publius Gabinius, Marcus Otacilius, and Lucius Valerius were sent, who conveyed to Rome about a thousand verses written out by private persons. We have shown before that Varro made the same statement. Now in these verses which the ambassadors brought to Rome, are these testimonies respecting the one God:--

  1. "One God, who is alone, most mighty, uncreated."

This is the only supreme God, who made the heaven, and decked it with lights.

  1. "But there is one only God of pre-eminent power, who made the heaven, and sun, and stars, and moon, and fruitful earth, and waves of the water of the sea."

And since He alone is the framer of the universe, and the artificer of all things of which it consists or which are contained in it, it testifies that He alone ought to be worshipped:--

  1. "Worship Him who is alone the ruler of the world, who alone was and is from age to age."

Also another Sibyl, whoever she is, when she said that she conveyed the voice of God to men, thus spoke:--

  1. "I am the one only God, and there is no other God."

I would now follow up the testimonies of the others, were it not that these are sufficient, and that I reserve others for more befitting opportunities. But since we are defending the cause of truth before those who err from the truth and serve false religions, what kind of proof ought we to bring forward 5 against them, rather than to refute them by the testimonies of their own gods?


  1. [See vol. i. p. 289 [^10]note 2, this series.] ↩

  2. The Quindecemviri were the fifteen men to whom the care of the Sibylline books was entrusted. At first two (Duumviri) were appointed. The number was afterwards increased to ten, and subsequently to fifteen. It appears probable that this last change was made by Sulla. ↩

  3. [i.e., Counsel of God. See p. 14 supra, and 16 infra.] ↩

  4. [Concerning the Sibyls, see also, fully, Lardner, Credib., ii. 258, 334, etc. On the use here and elsewhere made of them by our author, Ibid., p. 343, and iii. 544; also pp. 14 and 15, supra.] ↩

  5. [Vol. ii. cap. 28, [^11]p. 143.] ↩

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