XXV.
Que les hommes tâchent donc de comprendre la raison que Dieu a eue, en envoyant son ambassadeur sur la terre pour y enseigner la justice : de vouloir qu'il fût revêtu d'un corps passible, et qu'il souffrit en effet les tourments et la mort. Au temps où il n'y avait point de justice sur la terre, il y a envoyé un docteur, afin qu'il fût comme une loi vivante qui élevât un temple nouveau, et qui, par ses paroles et par ses actions, établit un culte véritable. Néanmoins, afin que les hommes fussent assurés qu'il avait été envoyé de Dieu, il ne fallait pas qu'il naquit comme les autres et par la voie de la génération ordinaire. Il était né sans père, afin que l'on sût que, bien qu'il eût pris une humanité, il ne laissait pas d'être Dieu: il avait Dieu pour père; et comme Dieu lui avait donné sans mère la naissance spirituelle, la Vierge lui avait donné, sans pure, la naissance corporelle. Il était Dieu et homme, médiateur entre l'homme et Dieu, pour conduire l'homme à une vie immortelle. S'il n'avait été que Dieu, il n'aurait pu donner des exemples; s'il n'avait été qu'homme, il n'aurait point eu l'autorité nécessaire pour obliger les désobéissants à l'observation de ses lois. L'homme est composé de corps et d'âme. Cette dernière ne peut mériter l'immortalité que par de bonnes actions. Cependant elle est attachée à un corps terrestre qui l'entraîne par son poids vers la mort. Un esprit dégagé du corps n'aurait pu conduire l'homme à la vie éternelle, parce que le corps retient l'esprit et l'empêche de suivre Dieu. Le corps est faible et sujet au péché, et le péché est la proie de la mort. Le médiateur est venu ; c'est-à-dire que Dieu s'est revêtu d'un corps, afin que le corps le pût suivre, et que ceux qui prendraient empire sur leur corps fussent délivrés de la mort. Il a pris un corps pour dompter les désirs du corps, et pour faire voir que ceux qui pèchent, pèchent par un effet de leur volonté, et sans aucune nécessité. Nous avons un combat continuel à livrer au corps, qui presse l'âme par une infinité i de mauvais désirs, et qui, l'empêchant de retenir l'empire qu'elle doit avoir sur les plaisirs, la fait tomber dans la mort. Voilà pourquoi Dieu nous a montré le moyen de vaincre le corps par une vertu parfaite, qui mérite une couronne qui ne se flétrisse point.