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Works Lactantius (250-325) Divinae Institutiones Institutions Divines
LIVRE IV.

XXVII.

Je me contenterai de faire voir en ce lieu la grandeur et la puissance de la croix. Ceux qui ont vu de quelle manière les démons abandonnent les corps qu'ils possédaient [dès qu'on les conjure au nom de Jé-sus-Christ, savent quelle est la force de ce signe. Comme le Seigneur chassait les démons par sa parole durant sa vie, et qu'il rendait la raison elle bon sens aux esprits qu'ils avaient troublés par leur violence ; ainsi ses disciples mettent en fuite les mêmes démons par le nom de leur maître, et par le signe de la passion. La preuve en est fort aisée, car les païens ne sauraient ni offrir leurs sacrifices, ni tirer aucune réponse de leurs oracles en présence d'une personne qui ait le front marqué de la marque du Sauveur.

C'est de là que les méchants princes ont pris le plus souvent prétexte de nous persécuter; des chrétiens, qui avaient des charges à la cour des empereurs et des rois, et qui, par la nécessité de leurs fonctions, assistaient aux sacrifices que faisaient ces princes, ont souvent dissipé les démons par la force du signe qu'ils avaient sur le front, et empêché qu'ils ne fissent paraître dans les entrailles des victimes aucun présage de l'avenir. Les augures, excités par les démons dont ils étaient les ministres, se plaignirent qu'il y avait des profanes qui troublaient les sacrifices, et excitèrent une si furieuse colère dans le cœur de leurs princes, qu'ils attaquèrent le temple de Dieu, et commirent des sacrilèges, qui ont depuis été suivis de rigoureux châtiments. Cependant les païens ont été assez aveugles pour ne pas reconnaître que notre religion, qui remporte de si glorieuses victoires, est véritable, et que la leur qui n'ose ni combattre ni même paraître, est fausse.

Ils disent que c'est par haine et non par crainte que les dieux se retirent en notre présence. On n'a de la haine que pour ceux qui nuisent ou qui peuvent nuire ; mais puisque les dieux avaient de la haine pour les chrétiens, ils auraient eu une conduite plus digne de leur grandeur si, au lieu de s'enfuir, ils les eussent punis sur-le-champ. Ils ne pourraient s'approcher de ceux sur le front desquels ils voient le sceau de Dieu, ni leur faire de mal, parce que ce sceau est comme un rempart qui les couvre, et pour cela ils les persécutent par la main des hommes. Si ces hommes-là confessent qu'ils sont les ministres des démons, nous avons remporté la victoire; car il faut nécessairement qu'une religion qui découvre les ruses des démons, qui repousse leur violence, qui les dompte par des armes spirituelles, soit la religion véritable; s'ils le nient, il sera aisé de les confondre par les témoignages des poètes et des philosophes. S'ils avouent qu'il y a des démons, et que ces démons sont de médians esprits, il faut qu'ils mettent quelque différence entre les démons et leurs dieux. Qu'ils nous expliquent donc quelle est cette différence, afin que nous sachions quels sont ceux que nous devons haïr et ceux que nous devons adorer; s'ils ont quelque habitude entre eux, ou s'ils n'en ont pas et qu'ils soient ennemis. S'ils ont des liaisons, comment les discernerons-nous, pour, éviter de rendre aux unies respects que nous n'avons intention de rendre qu'aux autres? Si au lieu d'avoir quelque liaison entre eux, ils n'ont que de l'inimitié et de la haine, d'où vient que les démons n'appréhendent point les dieux, et que les dieux ne mettent point les démons en fuite? S'il se trouve quelqu'un qui, étant agité par les démons, ait perdu l'usage de la raison, menons-le au temple de Jupiter dont la grandeur est égale à la bonté, ou plutôt, comme Jupiter n'a pas le pouvoir de guérir les maladies, menons-le à celui d'Esculape ou d'Apollon : le prêtre de l'un ou de l'autre de ces dieux commandera à cet esprit impur et criminel de sortir du corps qu'il possède, et il ne sera point obéi. Où est la puissance des dieux, si les démons n'y sont point assujettis? Cependant ces mêmes démons s'enfuient dès qu'ils sont conjurés au nom de Dieu. D'où vient qu'ils appréhendent Jésus-Christ et qu'ils n'appréhendent point Jupiter, si ce n'est que les démons et ceux que le peuple prend pour des dieux sont les mêmes? Enfin, si l'on mettait d'un côté ces possédés du démon et de l'autre une prêtresse d'Apollon de Delphes, l'un et l'autre redouteront également le nom de Dieu ; et dès qu'on l'aura prononcé la prêtresse sera abandonnée par Apollon et réduite au silence, et le possédé sera délivré du démon. Il est donc clair que les démons, que vous avouez être dignes d'exécration et d'horreur, sont les mêmes que les dieux auxquels vous rendez un souverain culte.

Si vous ne nous en croyez pas, croyez-en Homère qui met Jupiter au rang des démons; croyez-en les autres poètes et philosophes qui les appellent tantôt démons et tantôt dieux; en quoi ils s'approchent en partie de la vérité et en partie s'en éloignent. Quand ces abominables esprits sont conjurés, ils confessent qu'ils ne sont que des démons. Quand ils sont adorés par les païens, ils supposent faussement qu'ils sont des dieux pour les engager dans l'erreur, afin de les détourner de la connaissance du vrai Dieu, par laquelle seule ils pourraient éviter la mort éternelle. Ce sont eux qui, pour perdre les hommes, ont inventé divers moyens de se faire adorer par les peuples sous le nom des princes anciens. Il n'y a rien de si aisé que de découvrir ces artifices et cette imposture. Il n'y a pour cela qu'à assembler ceux qui font profession de rappeler les âmes des enfers ; qu'ils rappellent Jupiter, Neptune, Vulcain, Mercure, Apollon, et Saturne qui est plus ancien et le père de tous les autres; ils viendront, ils répondront, ils déclareront la vérité. Que ces mêmes personnes appellent Jésus-Christ, et qu'ils tachent de l'évoquer, il ne paraîtra point, parce qu'il n'a été que deux jours dans les enfers. Il n'y a point de preuve plus certaine que celle-là. Je ne doute pas que Trismégiste n'en ait eu quelque connaissance, quand il a dit de Dieu le père, tout ce que l'on en peut dire, et qu'il a dit beaucoup de choses du Fils, fort conformes à ce que nos mystères nous en enseignent.

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