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Werke Laktanz (250-325) Divinae Institutiones Institutions Divines
LIVRE SEPTIÈME.

XXII.

1 Quelques-uns, qui ne savent pas d'où les poètes ont pris ce que je viens de dire, jugent que l'exécution en est impossible, et prennent ces récits pour des contes faits à plaisir. Il y a d'autant moins de sujet de s'étonner de leur sentiment, que les poètes, qui ont traité cette matière, l'ont fort déguisée et en ont altéré la vérité; car, bien qu'ils aient été plus anciens que les historiens, que les orateurs et que les autres écrivains, néanmoins parce qu'ils n'étaient pas instruits des mystères de Dieu, et qu'ils n'avaient qu'une idée fort grossière et fort confuse de la résurrection, ils en ont parlé d'une manière fort imparfaite, et comme d'une imagination fabuleuse; ils ont même témoigné qu'ils n'en avaient point de preuve certaine, et qu'ils ne suivaient qu'un bruit vague et qu'une opinion douteuse. C'est ainsi que Virgile, voulant comme s'excuser de ce qu'il en avançait, a demandé permission de raconter ce qu'il avait appris par le rapport d'autrui. Ainsi, bien qu'ils aient en quelque sorte altéré la vérité, ce qu'ils ont avancé ne laisse pas d'y être d'autant plus conforme dans le fond, que cela s'accorde avec les prédictions des prophètes, ce qui nous suffit pour former une preuve invincible. Il faut pourtant avouer que leur erreur n'est pas sans fondement; car, comme les prophètes publiaient sans cesse que le Fils de Dieu jugerait les hommes après leur mort, les poètes, qui ne connaissaient point d'autre souverain seigneur du ciel que Jupiter, ont dit que son fils jugerait dans les enfers. Ils n'ont pas néanmoins attribué ce pouvoir-là à Apollon, à Bacchus ou à Mercure, qui passent pour des dieux du ciel, mais ils l'ont attribué ou à Minos, ou à Eaque, ou à Rhadamanthe.

2 Ils ont corrompu par une licence poétique ce qu'ils avaient appris; et ces bruits vagues et confus qui ont couru parmi le peuple, ont altéré la vérité. Ils se sont trompés, quand ils ont dit que les morts ressusciteront après qu'ils auront passé mille ans dans les enfers. Voici comment Virgile en parle :

Lorsque les âmes ont passé mille ans dans les enfers, elles sont conduites au fleuve de l'Oubli, afin qu'elles soient contentes de retourner sur la terre et de rentrer dans des corps.

Leur méprise est, en ce qu'ils ont dit, que les morts ressusciteront mille ans après leur mort, au lieu qu'ils ressusciteront pour régner mille ans avec Dieu, qui descendra pour purifier le monde, pour donner une nouvelle vie aux âmes des justes, pour réparer leurs corps et pour les mettre en possession d'une félicité éternelle. Tout ce qu'ils ont débité est véritable, à la réserve du fleuve de l'Oubli, qu'ils n'ont inventé que pour qu'on ne leur demandât pas pourquoi les âmes ne se souviennent plus dans les enfers de la vie qu'elles ont menée sur la terre, des emplois qu'elles y ont eus, et des actions qu'elles y ont faites. Cependant cette doctrine paraît incroyable, et on s'imagine que c'est une fable inventée par une licence poétique. Quant à nous, lorsque nous expliquons le mystère de la résurrection, et que nous assurons que les âmes n'oublient point en l'autre vie ce qu'elles ont fait en celle-ci, et qu'elles conserveront un souvenir de ce sentiment, on nous fait ont autre objection, qui est que : depuis tant de siècles personne n'est encore ressuscité pour confirmer notre doctrine par un exemple. Mais il est aisé de leur répondre: que la résurrection ne peut arriver pendant un siècle où l'injustice règne encore ; où les meurtres sont commis en trahison par le poison, par le fer et par le feu: où la vertu est noircie pas les médisances, déshonorée par les injures, chargée de chaînes et condamnée aux plus rigoureux supplices; où l'innocence est si odieuse que tous ceux qui veulent suivre Dieu, non seulement deviennent l'objet de la haine publique, mais sont encore chargés de toutes sortes d'outrages, tourmentés par de nouveaux genres de supplices, et contraints, par la plus barbare de toutes les cruautés, à rendre un culte religieux à des dieux faits par la main des hommes, sans qu'on puisse trouver aucun prétexte de raison pour couvrir cette violence.

3 Faut-il ressusciter, pour souffrir tant d'indignes traitements, et reprendre une vie où l'on ne peut trouver de sûreté ! Puisque les justes sont si fort méprisés en ce monde, et qu'ils en sont si souvent enlevés par les médians, que pourraient attendre ceux qui sortiraient de leurs tombeaux pour y revenir? Ils seraient sans doute exterminés à l'heure même, de peur que leur présence et leurs discours ne ruinassent la superstition païenne et n'attirassent toutes les nations au culte d'un seul Dieu. La résurrection ne doit donc arriver que quand le crime aura été détruit, et quand rien ne pourra empêcher que ceux qui ressusciteront ne mènent une vie parfaitement heureuse. Il n'y a eu que les misères de cette vie qui aient donné occasion aux poètes d'inventer le fleuve de l'Oubli, de peur que les âmes ne refusassent de retourner sur la terre, quand elles se souviendraient de tout ce qu'elles y auraient souffert. Voilà pourquoi Virgile a demandé :

S'il est possible qu'il y ait des âmes qui veuillent bien rentrer dans des corps après en être une fois sorties, et d'où leur vient un si étrange désir de jouir encore de la vie.

Comme ils ne savaient de quelle manière cela devait arriver, ils ont cru que les âmes renaîtraient, et retourneraient comme à une seconde enfance. C'est par la même occasion que Platon, discourant sur la nature de l'âme, a dit : que, par la facilité et par la vitesse avec lesquelles les enfants apprennent, il est aisé de reconnaître que l'âme est immortelle et divine ; de sorte qu'ils semblent renouveler plutôt d'anciennes idées qu'en acquérir de nouvelles; en quoi ce savant homme est tombé d'une manière fort ridicule dans les imaginations des poètes.

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