II.
Si les premiers qui ont pris le nom de sages ne l'ont pas été en effet, et si les seconds qui n'ont point fait difficulté d'avouer qu'ils ne l'étaient pas, ne l'étaient pas en effet, il s'ensuit nécessairement qu'il faut chercher ailleurs la sagesse. D'où vient que tant d'excellents esprits qui l'ont cherchée avec tant de soin, durant tant de siècles, ne l'ont put trouver, si ce n'est qu'ils l'ont cherchée hors des limites où elle se renferme? Ils ont fait divers voyages pour découvrir le pays où elle s'était retirée; elle est cependant quelque part, et il est évident que Dieu, par un ordre incompréhensible, a caché ce trésor sous l'apparence de la folie. Je me suis souvent étonné de ce que Pythagore et Platon, qui sont allés jusqu'en Egypte et en Perse pour apprendre les cérémonies et les mystères de la religion de ces pays-là, sous lesquels ils se doutaient que la sagesse était cachée, ne sont pas allés dans la Judée qui était plus proche d'eux et où ils pouvaient uniquement trouver la sagesse. Je me persuade qu'ils en furent détournés par la divine providence, de peur qu'ils ne connussent la vérité, parce que la justice de Dieu et la véritable religion devaient encore alors être cachées aux étrangers. Dieu avait résolu d'envoyer dans les derniers temps un grand maître, qui ôtât la vérité à la nation ingrate et perfide des Juifs pour la révéler aux autres. C'est ce que je me propose de faire voir dans ce livre-ci, après néanmoins que j'aurai montré la liaison directe qu'il y a entre la religion et la sagesse.