VI.
Avant que Dieu commençât à travailler au merveilleux ouvrage de l'univers, il engendra un esprit saint, incorruptible et irrépréhensible, qu'il appela son fils. Bien qu'il ait créé depuis quantité d'autres esprits, que nous appelons des anges, il n'a donné le nom de Dieu qu'à ce premier-né, qui lui est égal en grandeur et en puissance, non seulement les prophètes s'accordent à publier que Dieu a un fils qui possède un pouvoir infini, mais Trismégiste et les sibylles le témoignent. Voici comment Trismégiste en parle dans un livre qui a pour titre : Discours parfait.
« Le Seigneur et le Créateur de l'univers, que nous avons coutume d'appeler Dieu, a fait un Dieu visible et sensible. Quand je l'appelle visible et sensible, je n'ai pas l'intention de faire croire qu'il tombe sous les sens, je veux seulement marquer que c'est de lui que procède le sentiment et l'intelligence. Dieu l'a produit le premier comme son Fils unique; il l'a fait paraître comme le plus grand de tous les biens, et l'a aimé comme sa chère production. »
La sibylle Erythrée l'appelle le chef et le général des hommes, le conducteur et le gardien des fidèles.
Une autre sibylle enseigne qu'il n'y a rien de si nécessaire que de le connaître comme Dieu, et comme Fils naturel et légitime de Dieu. C'est le même Fils de Dieu qui, parlant par la bouche de Salomon, le plus sage de tous les rois, et rempli du Saint-Esprit, a rendu de lui-même ce témoignage : « Le Seigneur m'a possédé au commencement de ses voies; avant qu'il créât aucune chose, j'étais dès lors. J'ai été établi dès l'éternité et dès le commencement, avant que la terre fût créée; les abîmes n'étaient point encore, lorsque j'étais déjà conçu; les fontaines n'étaient point encore sorties de la terre; la pesante masse des montagnes n'était pas encore formée; j'étais enfanté avant les collines. Il n'avait pas encore créé la terre, ni affermi le monde sur ses pôles. Lorsqu'il préparait les deux, j'étais présent ; lorsqu'il environnait les abîmes de leurs bornes, et qu'il leur prescrivait une loi inviolable; lorsqu'il affermissait l'air au-dessus de la terre, et qu'il dispensait dans leur équilibre les eaux des fontaines; lorsqu'il renfermait la mer dans ses limites, qu'il imposait une loi aux eaux, afin qu'elles ne passassent point leurs bornes ; lorsqu'il posait les fondements de la terre, j'étais avec lui, et je réglais toutes choses. J'étais chaque jour dans les délices, me jouant sans cesse devant lui, me jouant dans le monde. » Trismégiste l'a appelé l'ouvrier, et la sibylle l'a appelé le conseiller de Dieu, parce qu'il a reçu une si grande sagesse et une si grande puissance de son père, qu'il s'est servi et de son conseil et de ses mains quand il a voulu faire le monde.