XIII.
Je pourrais remarquer ce qu'il y a de merveilleux dans les parties qui servent à la production de l'homme, si la pudeur ne m'empêchait d'en parler, et si la même modestie qui a tant de soin de les tenir cachées ne m'obligeait de les couvrir encore maintenant sous le voile du silence. Je me contenterai donc de détester le crime horrible que commettent les impies qui, pour faire un gain honteux, ou pour prendre un brutal divertissement, abusent de cet ouvrage admirable que les mains de Dieu n'ont formé que pour être l'instrument de la propagation du genre humain, et qui ne tirent d'une chose si sainte qu'un léger et stérile plaisir.
Il n'y a rien dans les autres parties du corps qui n'ait été fait avec raison et qui ne renferme sa beauté. Les chairs sur lesquelles on s'assied sont plus fermes que les autres, parée qu'elles soutiennent toute la pesanteur du corps. Les cuisses, qui les portent, s'amincissent peu à peu et se terminent aux jambes, dont les jointures sont si commodes et pour s'asseoir et pour marcher. Les pieds ressemblent en quelque chose aux mains, et en quelque chose en sont différentes. Ils ne sont pas ronds comme ceux des animaux, mais longs et plats, afin que l'homme fût ferme dessus, et qu'il se tint aisément debout. Ils ont des doigts en nombre égal à ceux des mains, mais c'est plutôt pour l'ornement que pour l'usage, et c'est pour cela qu'ils sont courts et serrés. Le premier n'est pas si fort distingué des autres que le pouce l'est dans la main. Il ne laisse pas de les surpasser en grosseur et en force. Leur union sert à rendre la démarche plus ferme et plus assurée, car on ne saurait courir sans presser la terre avec les doigts des pieds. Je crois avoir expliqué tout ce qu’il y a dans le corps dont on peut rendre quelque raison. J’ajouterai maintenant quelques conjectures touchant ce qui parait le plus obscur.