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Œuvres Lactance (250-325) De opificio Dei De l'ouvrage de Dieu, ou de la formation de l'homme

VI.

Je ne saurais m'empêcher de faire voir encore en cet endroit l'extravagance d'Epicure, car c'est de lui que Lucrèce a tiré toutes les rêveries dont il a rempli ses poésies. Pour montrer que les animaux ne sont point l'ouvrage de la Providence, mais que ce ne sont pas des effets du hasard, il s'est avisé d'avancer qu'au commencement du monde un nombre innombrable d'animaux avaient paru sur la terre, mais qu'ils n'avaient pu s'y conserver faute d’aliments, ni y perpétuer leur espèce faute d'organes destinés à cet effet. Pour donner lieu à ses atomes qui volent dans un espace infini, il a exclu la divine providence. Mais parce que, malgré lui-même, il en voyait des traces dans toutes les créatures qui respirent, il a eu recours à cette vaine et imaginaire fiction d’animaux monstrueux dont on ne pût rapporter l'origine à une cause sage et intelligente. Puisque toutes les créatures que nous voyons ont été produites par un principe agissant par raison, il en faut inférer qu'aucune n'a pu être produite par un principe qui agit au hasard. Aussi pour peu que l'on considère la structure des animaux, on y remarquera les soins que la Providence a pris pour faire en sorte que les parties qui les composent fussent propres à divers usages et pussent servir à leur conservation particulière et à la propagation de leur espèce. En effet, si un architecte ne commence point un édifice qu'il n'en ait fait auparavant le plan, qu'il n'en ait pris les dimensions, qu’il n'ait marqué les endroits qui doivent être pleins et ceux qui doivent être vides, qu’il n’ait réglé quel doit être l'intervalle des colonnes, la chute des eaux et le reste, peut-on croire que Dieu se soit résolu de faire des animaux et de leur donner la vie sans leur avoir aussi donné des organes par lesquels ils la pussent conserver? Épicure n'a que trop reconnu lui-même les traces de la raison et de la sagesse divine dans la production des animaux ; mais, pour parler conséquemment et pour soutenir le sentiment où il s'était engagé mal à propos, il en a ajouté un autre qui n'est ni moins faux, ni moins ridicule. Il a dit que les yeux n'avaient point été faits pour voir ni les oreilles pour entendre, ni les pieds pour marcher; que toutes ces parties-là avaient été formées sans qu'elles eussent la fonction qu'elles ont maintenant, et qu'elle ne leur a été attribuée que depuis. J'appréhende de ne pouvoir réfuter ces extravagances sans en commettre de semblables ; mais je veux bien paraître un peu imprudent en détruisant ces impertinences, de peur que celui qui les a inventées ne s'imagine être fort subtil. Que prétendez-vous donc, Épicure, quand vous dites que les yeux n'ont point été faits pour voir? Pourquoi donc est-ce qu'ils voient? « Ils ont, dites-vous, été employés depuis à cet usage. » Ils y étaient donc propres, et étaient faits pour cela, puisqu'ils ne peuvent faire autre chose. On doit porter le même jugement de la fonction des autres membres, qui visiblement ont été destinés à cela même à quoi nous les employons. Direz-vous que les oiseaux n'ont point été faits pour voler, les poissons pour nager, les bêtes farouches pour vivre de proie, les hommes pour se conduire par la raison, et n'est-il pas évident que chaque espèce fait ce a quoi elle a été destinée? Mais il faut que ceux qui se sont une fois éloignés de la vérité s'égarent toujours de plus en plus. Car si la naissance de chaque chose, au lien d'être attribuée à la Providence, le doit être au concours fortuit des atomes, pourquoi ce concours-là n'a-t-il jamais formé d'animaux qui entendissent par le nez, qui flairassent par les yeux et qui vissent par les oreilles? S'il est vrai qu'il n'y a aucune manière imaginable dont ces petits corps ne se rangent et ne se placent, il faut que, se plaçant contre l'ordre naturel, ils fussent des membres et des corps monstrueux. Que si ces corps ne manquent point de naître selon des lois réglées et constantes, c'est une preuve manifeste que c'est la raison et non le hasard qui préside à leur naissance. Nous réfuterons plus amplement Épicure dans un autre lieu. Maintenant continuons à parler de la Providence.

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De l'ouvrage de Dieu, ou de la formation de l'homme
Gottes Schöpfung (BKV) Comparer
On the Workmanship of God, or the Formation of Man Comparer
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