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De la colère de Dieu
X.
Ceux qui ne veulent pas avouer que le monde soit l'ouvrage de la divine providence, disent ou qu'il a été formé par le concours fortuit de certains corps, ou qu'il a été produit tout d'un coup par la seule force de la nature. Ils disent, comme Straton, que cette nature a d'elle-même la force de produire et de détruire toutes choses, bien qu'ils soutiennent d'ailleurs qu'elle n'a ni figure ni sentiment, ce qui est la même chose que s'ils disaient que le monde s'est fait tout seul et qu'il n'a point eu d'auteur. Ces deux propositions sont également fausses et éloignées de la vérité. Mais il arrive toujours que ceux qui l'ignorent disent toute autre chose que ce que la raison les obligerait à dire. Je demande premièrement où sont ces petits corps par la rencontre fortuite desquels le monde a été formé, et d'où ils viennent? qui les a jamais vus ? qui les a sentis? qui en a entendu parler ? N'y a-t-il eu que Leucippe qui ait eu des yeux et de l'esprit? Ou plutôt n'a-t-il pu été seul sans esprit et sans yeux, puisqu'il a avancé des choses plus ridicules et plus incroyables que les rêveries ni les songes ? Tous les anciens philosophes avaient cru que le monde était composé de quatre éléments. Leucippe n'a pas trouvé à propos de le croire, de peur qu'il ne semblât marcher sur les vestiges de ceux qui l'avaient précédé. Il a donc soutenu que les éléments ordinaires avaient des principes qui ne pouvaient être ni vus, ni touchés, ni être découverts par quelque sens que ce soit. Il les a figurés si menus que la pointe de l'aiguille la plus déliée ne les saurait diviser, et c'est pour cela qu'il leur a donné le nom d'atomes. Mais comme il prévoyait fort bien que, s'ils étaient tous faits de la même sorte, ils ne pourraient former une aussi merveilleuse diversité d'ouvrages que celle qui se remarque dans l'univers, il s'est avisé de dire qu'il y en avait quelques-uns qui éteint polis, d'autres qui étaient raboteux, qu'il y en avait de ronds et d'autres pointus, et qui ressemblaient à des crochets. Ne valait-il pas mieux se taire que de faire un si mauvais usage de la parole ? J'appréhende même que l'on ne juge qu'il n'y a pas moins d'extravagance à réfuter ces imaginations qu'il y en a à les avancer. Je ne laisserai pourtant pas de les réfuter de la même sorte que si elles avaient quelque chose de raisonnable. Si ces petits corps sont polis et ronds, ils ne se peuvent unir ensemble pour former un composé. Des grains de millet, étant polis comme ils le sont, ne peuvent se lier pour faire une masse. Mais il y en a, dit-on, qui sont raboteux et faits en forme de triangles et de crochets. S'ils sont en forme d'angles et de crochets, il y a des points et des parties qui avancent et qui se peuvent diviser, qui peuvent être vus et touchés. Ils volent, dit-on, et se remuent incessamment dans l'air comme la poussière qui paraît lorsqu'un rayon du soleil passe par l'ouverture d'une fenêtre. C’est de ces petits corps que naissent les arbres, les herbes et les plantes; c'est de là que naissent les animaux ; c'est de quoi le feu, l'eau et les autres êtres sont composés et en quoi ils se résolvent. Cela serait supportable si on ne faisait entrer ces faibles principes que dans la composition des petits corps ; mais prétendre que le monde entier en soit composé est l'effet de la dernière extravagante. Épicure a néanmoins trouvé moyen d'enchérir encore là-dessus en soutenant qu'il n'y a point de vide, mais qu'il y a des espaces infinis et une infinité de mondes. Quelle est donc la force de ces atomes pour pouvoir former toutes ces vastes et prodigieuses machines? Premièrement je demande quelle est la source de ces principes ; car, si c'est d'eux que toutes choses procèdent, d'où procèdent-ils eux-mêmes? et comment la nature a-t-elle pu en fournir une quantité suffisante pour faire des mondes innombrables ? Mais pardonnons-lui cette extravagance par laquelle il s'est vainement imaginé ces mondes sans nombre, et ne parlons que de celui que nous habitons. Il dit donc : que ce qui est dans le monde est composé de corps indivisibles. Si cela était, aucune espèce s'aurait besoin d'une semence particulière pour sa conservation; les œufs ne seraient point nécessaires pour faire éclore les oiseaux, ni les oiseaux pour pondre les œufs ; les animaux paraîtraient sans avoir été produits par la voie ordinaire de la génération ; et les plantes et les arbres croîtraient sans les semences que nous semons chaque jour. Pourquoi donc est-ce que les grains produisent des blés et que les blés portent d'autres grains? Enfin, si c'était le concours et l'assemblage des atomes qui composât tous les corps, il y aurait de ces corps-là qui se fermeraient dans l'air, puisqu'il est tout rempli d'atomes. Pourquoi ces atomes-là ne produisent-ils pas sans terre, sans humidité, sans racines, des arbres, des herbes et des plantes ? Il est clair que rien n'est composé d'atomes, puisque chaque chose a sa nature particulière, une semence qui lui est propre, et une manière singulière de prendre son commencement et sa naissance. C'est pourquoi Lucrèce voulant réfuter ceux qui disaient que toutes choses avaient été tirées du néant, oublia les ; atomes qu'il soutenait et dit que, s'il était possible de tirer quelque chose du néant, les semences seraient inutiles, et que chaque espèce pourrait naître de chaque chose. Il ajoute que, puisque les semences sont nécessaires pour la production des êtres, ils ne peuvent être tirés du néant. Il n'y a personne qui ne voie qu'il parlait contre le bon sens et qu'il se contredisait quand il parlait de la sorte. Car, puisque chaque chose naît d'une semence particulière, il est clair que rien n'est formé par la rencontre, ni par l'assemblage des atomes. Croirions-nous donc que ces atomes contribuent à former l'eau et le feu ? Ne voyons-nous pas sortir le feu lorsque des corps fort durs, comme le fer et les cailloux, se touchent avec violence? Y a-t-il des atomes dans ces corps-là ? Comment y ont-ils été enfermés ? S'ils y sont, pourquoi n'en sortent-ils pas d'eux-mêmes ? Comment les principes du feu se conservent-ils dans des corps aussi froids que les cailloux? Mais, pour ne plus parler ni des cailloux, ni de fer, en exposant au soleil un vase de verre plein d'eau, on fait du feu, même durant la plus grande rigueur de l'hiver ; croira-t-on qu'il y ait du feu dans l'eau, puisqu'il n'y en a pas même dans le soleil, et que les rayons de cet astre n'en font pas en été ? Quand l'haleine s'approche de la cire, qu'une vapeur touche un marbre poli ou une lame, il s'y amasse peu à peu une légère rosée. Les nuées se forment des exhalaisons de la mer et de la terre, et se dissipent aussitôt et mouillent les corps et elles se répandent, ou bien elles s'épaississent et fournissent ensuite la matière des pluies. Ou dirons-nous que ces vapeurs se soient formées? Dirons-nous qu'elles se soient formées dans une vapeur, dans l'haleine, dans le vent? Il est certain que rien ne peut demeurer dans ce que l'on ne peut ni voir ni toucher. Est-il besoin de parler des animaux, dont la structure est si merveilleuse, qu'il n'y a aucune partie qui n'ait sa place, son usage et sa beauté ? Pour peu d'attention que l'on apporte à les considérer, on reconnaîtra qu'ils ne peuvent être l'ouvrage du hasard. Mais quand nous demeurerions d'accord que les membres, les os, les nerfs, le sang et les humeurs sont faits d'atomes, de quoi dirions-nous que sont faits les sens, la mémoire, la pensée, le jugement et l'esprit. Pour les faire, il faut sans doute d'autres principes plus grands, et, si ces principes sont grands, ils ne sont pas indivisibles. De plus, si toutes les choses que nous voyons sont composées de choses que nous ne saurions voir, d'où vient que nous ne les saurions voir? Mais qui est-ce qui ne voit pas que tout ce qui est dans l'homme, soit qu'il puisse être aperçu par les yeux ou qu'il tombe sous les autres sens, est toujours fait des mêmes principes? D'ailleurs comment des atomes qui s'amassent et s'unissent par un effet du hasard peuvent-ils former un ouvrage rempli de raison. Nous voyons qu'il n'y a rien dans le monde qui n'ait été fait avec une raison admirable, et, par ce que cette raison est au-dessus de l'esprit de l'homme, à quoi la pouvons-nous attribuer plus sagement qu'à la divine providence? Dirons-nous que l'image de l'homme est un ouvrage de l'art, et que l'homme même n'est qu'un effet du hasard et qu'un assemblage formé par le concours fortuit de ses parties? Quel rapport y a-t-il entre un ouvrage de sculpture, qui représente un homme, et un homme véritable? L'art ne peut imiter que les dehors et les traits extérieurs.
La suffisance de l'ouvrier ne va pas jusqu'à donner le mouvement et le sentiment à son ouvrage. Il ne parle point de la vue, de l'ouïe, de l'odorat ni de l'usage merveilleux, soit des parties qui paraissent ou de celles qui sont cachées et internes ; mais je demande : qui est l'artisan qui a pu former le cœur de l'homme, qui a pu lui donner l'usage de la parole et lui inspirer la sagesse ? Y a-t-il donc quelqu'un qui, pour peu qu'il ait de sens, croie que l'assemblage des atomes puisse faire ce que l'homme ne saurait faire avec toute sa sagesse ? Voilà les rêveries où ces philosophes sont tombés en refusant de laisser à Dieu la gloire d'avoir fait le monde et le soin de le gouverner. Mais, quand nous leur accorderions que tous les corps terrestres sont composés d'atomes, s'ensuivrait-il pour cela que les êtres célestes le fussent aussi? Ils en exceptent les dieux, et avouent qu'ils sont incorruptibles, éternels et bienheureux. Ils ont raison de les excepter, car, s'ils les avaient soumis à cette loi comme le reste de la nature, ils les auraient assujettis à la mort, qui leur serait arrivée par la dissipation de ces parties indivisibles. Mais s'il y a quelque chose qui n'ait point été fait d'atomes, pourquoi ne dirons-nous pas que le reste n'en a point été fait non plus? De plus, je demande pourquoi, avant que le monde eût été fait de ces faibles principes, les dieux ne bâtissaient point un palais pour l'habiter. Si ces parties imperceptibles ne s'étaient assemblées pour former le ciel, les dieux n'auraient point encore de demeure et seraient comme suspendus dans un vaste vide. Par le moyen de quel conseil et de quelle sagesse est-ce donc que les atomes se sont assemblés pour affermir la terre, pour étendre le ciel au-dessus et pour y attacher les astres, dont la variété fait le plus agréable ornement de la nature. Y a-t-il quelqu'un qui, considérant ces merveilleux chefs-d’œuvre, puisse croire qu'ils ont été faits sans raison, sans sagesse et sans providence, et qu'ils ne sont rien autre chose qu'un amas de parties imperceptibles et indivisibles? N'est-ce pas une espèce de miracle, qu'il se soit trouvé un homme qui ait osé le dire, et d'autres qui aient bien voulu le croire, comme Démocrite, et depuis Épicure, qui a reçu toutes les vaines opinions de Leucippe? D'autres disent que le monde a été fait par la force de la nature, qui n'a ni figure ni sentiment. Cette opinion est encore plus insoutenable que celle de Leucippe, car si la nature a fait le monde, il faut que, pour le faire, elle ait usé de conseil et de raison ; car, pour faire quelque chose, il faut avoir de la science et la volonté de la faire. Si la nature n'a ni figure ni sentiment, comment a-t-elle pu former des êtres qui ont une figure si admirable et un sentiment à vif? Y a-t-il quelqu'un qui veuille dire que la nature a pu faire, sans connaissance, sans art, sans adresse, et par un pur effet du hasard, ou les corps des animaux, dont la structure est si subtile et si merveilleuse, ou le ciel, dont la disposition est si sagement tempérée pour les besoins des hommes? S'il y a quelque chose, dit Chrysippe, qui puisse faire ce que l’homme ne saurait faire avec toute sa raison, il faut que cette chose-là soit plus grande, plus forte et plus sage que l'homme. L'homme n'a pu faire le ciel ni les astres. Il faut donc que celui qui les a faits surpasse l'homme en adresse, en invention, en prudence et en pouvoir. Or celui-là ne peut être autre que Dieu. Si la nature que quelques philosophes prennent pour la mère de toutes choses, n'a ni connaissance ni sentiment, elle ne saurait jamais rien faire, car où il n'y a ni connaissance ni pensée, il n'y a non plus ni mouvement ni action. Mais si la nature apporte de la prudence pour commencer ses ouvrages, si elle se sert de la raison pour les ranger et les mettre en ordre, si elle fait voir son pouvoir en les achevant et en les conservant, pourquoi, au lieu de l'appeler nature, ne l'appelle-t-on point Dieu ? Si l'assemblage des atomes, ou la nature, qui est un principe qui agit sans connaissance, ont pu faire toutes les choses visibles, je demande pourquoi ils ont pu faire le ciel, et qu'ils n'ont pu faire une ville ou une maison? pourquoi ils ont pu faire des montagnes, des marbres, et n'ont pu faire ou les colonnes ou des statues? Les atomes ont sans doute pu faire ces ouvrages, puisqu'il n'y a point de manière en laquelle ils ne se placent; car pour la nature, il ne se faut pas étonner qu'elle n'en ait jamais fait, puisque ce n'est qu'une aveugle qui n'a ni lumière ni intelligence. Que dirons-nous donc ? Lorsque Dieu commença à travailler à la structure de l'univers, dont la beauté est égale à la grandeur, et qu'il mit chaque partie dans sa place et la destina à l'usage auquel elle était propre, il fit toutes les choses que l'homme n'avait pu faire, et parmi ces choses-là il fit l'homme même. En le créant, il lui communiqua une portion de sa sagesse, et loi inspira la raison autant qu'une nature aussi faible que la sienne en était capable, et il la lui inspira afin qu'il s'en servît pour se procurer les commodités qui lui seraient nécessaires. Si dans la république de ce monde (il est permis de parler ainsi) il n'y a point de Dieu dont la providence le gouverne, et si la nature est privée de connaissance et de sentiment, d'où croirons-nous que procède l'homme, cette nature si intelligente et si éclairée ? Si le corps vient de la terre, d'où il tire son nom aussi bien que son origine, par qui l'âme, qui le conduit et qui l'anime, qui ne peut être vue ni touchée, y aura-t-elle été envoyée, si ce n'est par une nature très intelligente et très sage? Il faut sans doute que Dieu gouverne le monde, de la même sorte que l'âme gouverne le corps. Car quelle apparence qu'une nature aussi petite et aussi basse que le corps de l'homme soit gouvernée par une intelligence, et qu'une machine aussi vaste et aussi excellente que l'univers ne le soit par aucune ? C'est pourquoi Cicéron dit dans les Questions Tusculanes et dans le livre de la Consolation, que l'on ne saurait trouver sur la terre le principe d'où l'âme procède. « Il n'y a point, dit-il, dans elle de mélange ni de composition; il n'y a rien qui puisse être formé de la terre ni de l'humidité de l'eau, ni qui tienne de la nature de l'air on du feu. Car on ne trouve rien dans tous ces corps qui contienne la mémoire, la pensée, et l'esprit qui rappelle le passé, qui connaît le présent et qui prévoit l'avenir, ce qu'il ne pourrait faire s'il n'avait quelque chose de divin. D'où lui viendrait cette intelligence, si elle ne lui venait de Dieu même? » Puisque, à la réserve de deux ou de trois philosophes, qui se sont en vain éloignés de la vérité, tous les autres conviennent que le monde est gouverné par la providence du seul Dieu par la puissance de qui il a été tiré du néant, puisqu'il n'y a plus personne qui préfère ou les imaginations de Diagoras et de Théodore, ou les songes de Leucippe, ou la témérité de Démocrite et d'Épicure, à l'autorité des sept anciens qui ont mérité le nom de sages, ni a celle ou de Pythagore, ou de Socrate, ou de Platon, ou des autres grands personnages qui ont reconnu une providence, il n'y a rien de si faux que la pensée de ceux qui croient que la religion n'a été inventée que par les politiques, à dessein d'imprimer de la terreur au peuple, et d'empêcher par ce moyen que les ignorants ne s'abandonnassent à toutes sortes de crimes. Si cela était, les anciens sages nous auraient trompés. Que s'ils avaient eu intention de nous tromper et qu'ils n'eussent inventé la religion que pour engager le genre humain dans l'erreur, ils n'auraient pas été sages, parce que la sagesse ne saurait s'accorder avec l'imposture. Mais supposons qu'ils aient été sages, comment ont-ils pu débiter leurs mensonges avec assez d'adresse et avec assez de succès, pour surprendre non seulement les ignorants, mais Platon, Pythagore, Zénon, Aristote, et pour imposer à des hommes aussi éclairés qu'ont été ces chefs célèbres des sectes principales? Il faut donc demeurer d'accord avec ces grands hommes : qu'il y a une providence qui a tiré du néant tout ce que nous voyons, et qui le gouverne. Des corps si vastes dans leur grandeur, rangés dans un si bel ordre, si justes dans leurs mouvements et si stables dans leur durée, n'auraient pu être faits sans l'industrie d'un ouvrier très habile, ne pourraient être conservés sans le soin d'un gardien très vigilant, ni gouvernés sans la sagesse d'un souverain très éclairé. Cette vérité est évidente ; car tout ce qui a de la raison ne peut procéder que d'un principe qui en ait aussi. Or la raison ne peut convenir qu'à une nature qui a du sentiment et de la sagesse, et cette nature-là ne peut être autre que Dieu. Que si le monde a été créé avec raison, et si c'est encore par la raison qu'il est gouverné, c'est une preuve certaine qu'il n'y a que Dieu qui en puisse avoir été l'auteur. Que si Dieu est l'auteur et le gouverneur du monde, il n'y a rien de si justement établi que la religion, puisqu'il n'y a rien qui soit tant dû que l'honneur et le respect que l'on rend au Créateur et au père commun de tous les êtres.
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A Treatise on the Anger of God
Chap. X.--Of the Origin of the World, and the Nature of Affairs, and the Providence of God.
They who do not admit that the world was made by divine providence, either say that it is composed of first principles coming together at random, or that it suddenly came into existence by nature, but hold, as Straton 1 does, that nature has in itself the power of production and of diminution, but that it has neither sensibility nor figure, so that we may understand that all things were produced spontaneously, without any artificer or author. Each opinion is vain and impossible. But this happens to those who are ignorant of the truth, that they devise anything, rather than perceive that which the nature of the subject 2 requires. First of all, with respect to those minute seeds, by the meeting together of which they say that the whole world came into existence, 3 I ask where or whence they are. Who has seen them at any time? Who has perceived them? Who has heard them? Had none but Leucippus 4 eyes? Had he alone a mind, who assuredly alone of all men was blind and senseless, since he spoke those things which no sick man could have uttered in his ravings, 5 or one asleep in his dreams?
The ancient philosophers argued that all things were made up of four elements. 6 He would not admit this, lest he should appear to tread in the footsteps of others; but he held that there were other first principles of the elements themselves, which can neither be seen, nor touched, nor be perceived by any part of the body. They are so minute, he says, that there is no edge of a sword so fine that they can be cut and divided by it. From which circumstance he gave them the name of atoms. But it occurred to him, that if they all had one and the same nature, they could not make up different objects of so great a variety as we see to be present in the world. He said, therefore, that there were smooth and rough ones, and round, and angular, and hooked. How much better had it been to be silent, than to have a tongue for such miserable and empty uses! And, indeed, I fear lest he who thinks these things worthy of refutation, should appear no less to rave. Let us, however, reply as to one who says something. 7 If they are soft 8 and round, it is plain that they cannot lay hold of one another, so as to make some body; as, though any one should wish to bind together millet into one combination, 9 the very softness of the grains would not permit them to come together into a mass. If they are rough, and angular, and hooked, so that they may be able to cohere, then they are divisible, and capable of being cut; for hooks and angles must project, 10 so that they may possibly be cut off.
Therefore that which is able to be cut off and torn away, will be able both to be seen and held. "These," he says, "flutter about with restless motions through empty space, and are carried hither and thither, just as we see little particles of dust in the sun when it has introduced its rays and light through a window. From these there arise trees and herbs, and all fruits of the earth; from these, animals, and water, and fire, and all things are produced, and are again resolved into the same elements." This can be borne as long as the inquiry is respecting small matters. Even the world itself was made up of these. He has reached to the full extent of perfect madness: it seems impossible that anything further should be said, and yet he found something to add. "Since everything," he says, "is infinite, and nothing can be empty, it follows of necessity that there are innumerable worlds." What force of atoms had been so great, that masses so incalculable should be collected from such minute elements? And first of all I ask, What is the nature or origin of those seeds? For if all things are from them, whence shall we say that they themselves are? What nature supplied such an abundance of matter for the making of innumerable worlds? But let us grant that he raved with impunity concerning worlds; let us speak respecting this in which we are, and which we see. He says that all things are made from minute bodies which are incapable of division.
If this were so, no object would ever need the seed of its own kind. Birds would be born without eggs, or eggs without bringing forth; likewise the rest of the living creatures without coition: trees and the productions of the earth would not have their own seeds, which we daily handle and sow. Why does a corn-field arise from grain, and again grain from a corn-field? In short, if the meeting together and collecting of atoms would effect all things, all things would grow together in the air, since atoms flutter about through empty space. Why cannot the herb, why cannot the tree or grain, arise or be increased without earth, without roots, without moisture, without seed? From which it is evident that nothing is made up from atoms, since everything has its own peculiar and fixed nature, its own seed, its own law given from the beginning. Finally, Lucretius, as though forgetful of atoms, 11 which he was maintaining, in order that he might refute those who say that all things are produced from nothing, employed these arguments, which might have weighed against himself. For he thus spoke:--
"If things came from nothing, any kind might be born of anything; nothing would require seed." 12
Likewise afterwards:--
"We must admit, therefore, that nothing can come from nothing, since things require seed before they can severally be born, and be brought out into the buxom fields of air." 13
Who would imagine that he had brain when he said these things, and did not see that they were contrary to one another? For that nothing is made by means of atoms, is apparent from this, that everything has a definite 14 seed, unless by chance we shall believe that the nature both of fire and water is derived from atoms. Why should I say, that if materials of the greatest hardness are struck together with a violent blow, fire is struck out? Are atoms concealed in the steel, or in the flint? Who shut them in? Or why do they not leap forth spontaneously? Or how could the seeds of fire remain in a material of the greatest coldness?
I leave the subject of the flint and steel. If you hold in the sun an orb of crystal filled with water, fire is kindled from the light which is reflected from the water, even in the most severe cold. Must we then believe that fire is contained in the water? And yet fire cannot be kindled from the sun even in summer. If you shall breathe upon wax, or if a light vapour shall touch anything--either the hard surface 15 of marble or a plate of metal--water is gradually condensed by means of the most minute drops. Also from the exhalation of the earth or sea mist is formed, which either, being dispersed, moistens whatever it has covered, or being collected, is carried aloft by the wind to high mountains, and compressed into cloud, and sends down great rains. Where, then, do we say that fluids are produced? Is it in the vapour? Or in the exhalation? Or in the wind? But nothing can be formed in that which is neither touched nor seen. Why should I speak of animals, in whose bodies we see nothing formed without plan, without arrangement, without utility, without beauty, so that the most skilful and careful marking out 16 of all the parts and members repels the idea of accident and chance? But let us suppose it possible that the limbs, and bones, and nerves, and blood should be made up of atoms. What of the senses, the reflection, the memory, the mind, the natural capacity: from what seeds can they be compacted? 17 He says, From the most minute. There are therefore others of greater size. How, then, are they indivisible?
In the next place, if the things which are not seen are formed from invisible seeds, it follows that those which are seen are from visible seeds. Why, then, does no one see them? But whether any one regards the invisible parts which are in man, or the parts which can be touched, and which are visible, who does not see that both parts exist in accordance with design? 18 How, then, can bodies which meet together without design effect anything reasonable? 19 For we see that there is nothing in the whole world which has not in itself very great and wonderful design. And since this is above the sense and capacity of man, to what can it be more rightly attributed than to the divine providence? If a statue, the resemblance of man, is made by the exercise of design and art, shall we suppose that man himself is made up of fragments which come together at random? And what resemblance to the truth is there in the thing produced, 20 when the greatest and most surpassing skill 21 can imitate nothing more than the mere outline and extreme lineaments 22 of the body? Was the skill of man able to give to his production any motion or sensibility? I say nothing of the exercise of the sight, of hearing, and of smelling, and the wonderful uses of the other members, either those which are in sight or those which are hidden from view. What artificer could have fabricated either the heart of man, or the voice, or his very wisdom? Does any man of sound mind, therefore, think that that which man cannot do by reason and judgment, may be accomplished by a meeting together of atoms everywhere adhering to each other? You see into what foolish ravings they have fallen, while they are unwilling to assign to God the making and the care of all things
Let us, however, concede to them that the things which are earthly are made from atoms: are the things also which are heavenly? They say that the gods are without contamination, eternal, and blessed; and they grant to them alone an exemption, so that they do not appear to be made up of a meeting together of atoms. For if the gods also had been made up of these, they would be liable to be dispersed, the seeds at length being resolved, and returning to their own nature. Therefore, if there is something which the atoms could not produce, why may we not judge in the same way of the others? But I ask why the gods did not build for themselves a dwelling-place before those first elements produced the world? It is manifest that, unless the atoms had come together and made the heaven, the gods would still be suspended through the midst of empty space. By what counsel, then, by what plan, did the atoms from a confused mass collect themselves, so that from some the earth below was formed into a globe, and the heaven stretched out above, adorned with so great a variety of constellations that nothing can be conceived more embellished? Can he, therefore, who sees such and so great objects, imagine that they were made without any design, without any providence, without any divine intelligence, but that such great and wonderful things arose out of fine and minute atoms? Does it not resemble a prodigy, that there should be any human being who might say these things, or that there should be those who might believe them--as Democritus, who was his hearer, or Epicurus, to whom all folly flowed forth from the fountain of Leucippus? But, as others say, the world was made by Nature, which is without perception and figure. 23 But this is much more absurd. If Nature made the world, it must have made it by judgment and intelligence; for it is he that makes something who has either the inclination to make it, or knowledge. If nature is without perception and figure, how can that be made by it which has both perception and figure, unless by chance any one thinks that the fabric of animals, which is so delicate, could have been formed and animated by that which is without perception, or that that figure of heaven, which is prepared with such foresight for the uses of living beings, suddenly came into existence by some accident or other, without a builder, without an artificer? 24
"If there is anything," says Chrysippus, "which effects those things which man, though he is endowed with reason, cannot do, that assuredly is greater, and stronger, and wiser than man." But man cannot make heavenly things; therefore that which shall produce or has produced these things surpasses man in art, in design, in skill, and in power. Who, therefore, can it be but God? But Nature, which they suppose to be, as it were, the mother of all things, if it has not a mind, will effect nothing, will contrive nothing; for where there is no reflection there is neither motion nor efficacy. But if it uses counsel for the commencement of anything, reason for its arrangement, art for its accomplishment, energy for its consummation, and power to govern and control, why should it be called Nature rather than God? Or if a concourse of atoms, or Nature without mind, made those things which we see, I ask why it was able to make the heaven, but unable to make a city or a house? 25 Why it made mountains of marble, but did not make columns and statues? But ought not atoms to have come together to effect these things, since they leave no position untried? For concerning Nature, which has no mind, it is no wonder that it forgot to do these things. What, then, is the case? It is plain that God, when He commenced this work of the world,--than which nothing can be better arranged with respect to order, nor more befitting as to utility, nor more adorned as to beauty, nor greater as to bulk,--Himself made the things which could not be made by man; and among these also man himself, to whom He gave a portion of His own wisdom, and furnished him with reason, as much as earthly frailty was capable of receiving, that he might make for himself the things which were necessary for his own uses.
But if in the commonwealth of this world, so to speak, there is no providence which rules, no God who administers, no sense at all prevails in this nature of things. From what source therefore will it be believed that the human mind, with its skill and its intelligence, had its origin? For if the body of man was made from the ground, from which circumstance man received his name; 26 it follows that the soul, which has intelligence, and is the ruler of the body, which the limbs obey as a king and commander, which can neither be looked upon nor comprehended, could not have come to man except from a wise nature. But as mind and soul govern everybody, so also does God govern the world. For it is not probable that lesser and humble things bear rule, but that greater and highest things do not bear rule. In short, Marcus Cicero, in his Tusculan Disputations, 27 and in his Consolation, says: "No origin of souls can be found on earth. For there is nothing, he says, mixed and compound 28 in souls, or which may appear to be produced and made up from the earth; nothing moist or airy, 29 or of the nature of fire. For in these natures there is nothing which has the force of memory, of mind and reflection, which both retains the past and foresees the future, and is able to comprise the present; which things alone are divine. For no source will ever be found from which they are able to come to man, unless it be from God." Since, therefore, with the exception of two or three vain calumniators, it is agreed upon that the world is governed by providence, as also it was made, and there is no one who ventures to prefer the opinion of Diagoras and Theodorus, or the empty fiction of Leucippus, or the levity of Democritus and Epicurus, either to the authority of those seven ancient men who were called wise, 30 or to that of Pythagoras or of Socrates or Plato, and the other philosophers who judged that there is a providence; therefore that opinion also is false, by which they think that religion was instituted by wise men for the sake of terror and fear, in order that ignorant men might abstain from sins.
But if this is true, it follows that we are derided by the wise men of old. But if they invented religion for the sake of deceiving us, and moreover of deceiving the whole human race, therefore they were not wise, because falsehood is not consistent with the character of the wise man. But grant that they were wise; what great success in falsehood was it, that they were able to deceive not only the unlearned, but Plato also, and Socrates, and so easily to delude Pythagoras, Zeno, and Aristotle, the chiefs of the greatest sects? There is therefore a divine providence, as those men whom I have named perceived, by the energy and power of which all things which we see were both made and are governed. For so vast a system of things 31 such arrangement and such regularity in preserving the settled orders and times, could neither at first have arisen without a provident artificer, or have existed so many ages without a powerful inhabitant, or have been perpetually governed without a skilful and intelligent 32 ruler; and reason itself declares this. For whatever exists which has reason, must have arisen from reason. Now reason is the part of an intelligent and wise nature; but a wise and intelligent nature can be nothing else than God. Now the world, since it has reason, by which it is both governed and kept together, was therefore made by God. But if God is the maker and ruler of the world, then religion is rightly and truly established; for honour and worship are due to the author and common parent of all things.
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[Peripatetic; succeeded Theophrastus B.C. 238.] ↩
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Ratio. ↩
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Coiisse. ↩
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[Leucippus, anterior to B.C. 470, author of the atomic theory.] ↩
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Delirare posset. ↩
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[See Tayler Lewis, Plato contra Atheos, p. 119.] ↩
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i.e., something to the purpose. ↩
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Lenia; others read "laevia," smooth. ↩
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Coagmentationem. ↩
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Eminere, "to stand out prominently." ↩
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[Vol. vi. p. 445, [171]note 18.] ↩
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Lucret., i. 160. ↩
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Ibid., i. 206. ↩
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Certum. ↩
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Crustam marmoris. ↩
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Descriptio. ↩
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Coagmentari. ↩
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Ratio. ↩
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Rationale. ↩
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Ficto. ↩
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Artificium. ↩
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Umbram et extrema lineamenta. ↩
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[See p. 97, note 4, supra.] ↩
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[See Cicero's judgment, p. 99, note 6, supra.] ↩
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[See Dionysius, cap, ii. [172]p. 85, vol. vi., this series.] ↩
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Homo ab humo. ↩
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[Book i. cap. 27.] ↩
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Concretum. ↩
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Flabile. ↩
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[[173]P. 101, supra; also vol. v. p. 11, [174]note 2.] ↩
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Tanta rerum magnitudo. ↩
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Sentiente; others read "sciente." ↩