XXVII.
Le vieux Maximien, qui connaissait la fureur de Galérius, ne douta pas qu'ayant appris la mort de Sévère, il n'accourût avec son armée pour le venger et ne se joignit à Maximin. Et comme Maximien n'avait pas assez de forces pour résister à ces deux puissances unies, il munit Rome de toutes les choses nécessaires, et va dans les Gaules pour engager Constantin dans ses intérêts par le mariage de sa fille Fausta. Cependant Galérius attaque l'Italie, approche de Rome avec ses troupes, ne respire que la ruine du sénat, que le carnage du peuple, mais il trouve tout en bon état. Emporter cette puissante ville de force était une entreprise impossible. Ses troupes aussi n'étaient pas assez nombreuses pour l'assiéger. Comme il n'avait jamais vu Rome, il s'imaginait qu'elle n'était pas d'une plus grande étendue que les autres villes qu'il connaissait. Quelques légions ayant horreur de voir un beau-père attaquer son gendre, et les soldats romains assaillir Rome, se révoltèrent contre Galérius. Le reste de l'armée allait suivre cet exemple quand Galérius, craignant qu'il ne lui arrivât comme à Sévère, se jette honteusement aux pieds des soldats, et, malgré son orgueil, les supplie de ne point le livrer à ses ennemis. Enfin, la grandeur de ses promesses en toucha quelques-uns, avec qui il se retira, on plutôt il se mit en fuite. Il était facile de le défaire, si on eût envoyé de la cavalerie après lui. La peur qu'il en eut fit qu'il commanda à ses soldats de se séparer, et de faire du dégât partout, pour ôter le moyen de subsister à ceux qui le voudraient suivre. Les provinces de l’Italie qui se trouvèrent sur le chemin de ces pillards furent entièrement saccagées. Ils n'avaient aucun respect pour les femmes ; on faisait des traitements indignes aux pères et aux maris pour déclarer où étaient leurs filles, leurs femmes, leurs richesses. On enlevait les bestiaux comme dans un pays de conquête. C'est ainsi que Galérius, peu auparavant empereur romain, et maintenant le fléau de l'Italie, regagna les terres de son obéissance. Aussi s'était-il déjà déclaré ennemi du nom romain. Car dès qu'il se vit revêtu de la pourpre impériale, il fut sur le point d'ordonner qu'à l'avenir on appellerait l'empire romain, l'empire dacique.