XXXIX.
Enfin, ne connaissant plus d'autre loi que sa volonté, il n'épargna pas même la femme de son prédécesseur et bienfaiteur, qu'il venait d'appeler sa mère. Après la mort de Galérius, Valéria, sa veuve, se retira auprès de Maximin, comme en un lieu de sûreté pour elle, puisque ce prince était marié. Il ne laissa pourtant pas de l'aimer, et quoique la princesse n'eût pas encore quitté le deuil, il lui fit faire des propositions de mariage, résolu de chasser sa femme si Valéria les écoutait favorablement. Elle répondit avec la liberté que sa qualité lui permettait: qu'il n'y avait guère d'apparence de songer au mariage avec ses lugubres habillements, les cendres de son mari, père de Maximin par adoption, n'étant pas encore éteintes. D'ailleurs, ajoutait-elle, il ne pouvait répudier une femme dont la conduite était sans reproche, et dont l'exemple lui donnait lieu d'appréhender un traitement tout pareil. On avertit l'empereur de cette audace. Aussitôt son amour se tourne en furie. Il proscrit cette dame, lui ôte son bien, ses officiers, fait mourir ses esclaves dans les tourments, l'envoie en exil avec sa mère sans lui assigner de lieu certain ; mais il les promène deçà et delà à sa fantaisie. Il suppose de feints adultères à leurs amies, et les condamne à la mort sous ce prétexte.