3.
Les apôtres donc n'avaient point encore le Saint-Esprit et les grâces spirituelles ne coulaient point de leur coeur, parce que le Seigneur n'était pas encore glorifié, Mais quelle est cette gloire qu'il attendait? Il nous l'explique lui-même dans l'Evangile lorsqu'il dit « Mon père, glorifiez-moi de cette gloire que j'ai eue en vous avant que le monde fût. » La gloire du Sauveur est la croix où il triomphe il y est attaché comme homme, et il y est glorifié comme Dieu. Voulez-vous des preuves de sa gloire? alors on vit le soleil disparaître, la lune se changer en sang, la terre s'ébranler par des secousses extraordinaires, l'enfer s'ouvrir, les morts marcher, les pierres se fendre. C'est de cette gloire que Jésus-Christ parie par la bouche du prophète-roi lorsqu'il dit. « Levez-vous, ma gloire; excitez-vous, mon luth et ma harpe;» et cette gloire,c'est-à-dire: son humanité sainte, lui répond: « Je me lèverai du grand matin,» afin de vérifier par là le titre du psaume vingt et unième qui porte : Pour le secours du matin. Quand je parle de la sorte, je ne prétends pas distinguer en Jésus-Christ le Dieu d'avec l'homme, et faire du fils de Dieu deux personnes différentes, comme les nouveaux hérétiques nous en accusent faussement. Il n'y a en Jésus-Christ qu'une seule et même personne , qui est tout à la fois et fils de Dieu et fils de l'homme; mais dans tout ce que nous a dit ce divin Sauveur il y a des choses qui n'ont rapport qu'à la gloire de sa divinité, et d'autres qui ne regardent que notre propre salut. Car c'est pour nous que, « ne croyant pas que ce fût pour lui une usurpation d'être égal à Dieu, il s'est néanmoins anéanti lui-même en prenant la forme et la nature de serviteur, et se rendant obéissant jusqu'à la mort et jusqu'à la mort de la croix; » c'est pour nous que « le Verbe a été fait chair et qu'il a habité parmi nous. »
Le Seigneur ayant donc dit à ses disciples «Je m'en vais, et je vous enverrai un autre consolateur; » et saint Luc ensuite nous assurant que les apôtres ont reçu ce que Jésus-Christ leur avait promis, je m'étonne que Montan et les deux femmes insensées' qui suivent son parti et ses erreurs, eux qui ne sont que des avortons de prophètes, prétendent que cette promesse du Sauveur n'a été accomplie que longtemps après en leurs personnes; car c'est aux apôtres que le Sauveur a dit: «Je vais envoyer sur vous le don de mon père qui vous a été promis. Cependant demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en-haut. » C'est sur les apôtres, et non pas sur Montan, Prisca et Maxilla, que Jésus-Christ a soufflé en leur donnant le Saint -Esprit; c'est aux apôtres qu'il a dit
« Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez;» c'est aux apôtres qu'il a commandé de ne point partir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse de son père, promesse dont saint Luc nous fait voir ensuite l'accomplissement lorsqu'il dit: « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que le Saint-Esprit leur mettait les paroles à la bouche ; car le Saint-Esprit souffle où il veut. » Lorsque Jésus-Christ promet à ses apôtres de leur envoyer« un autre consolateur, » il donne assez à connaître qu'il était lui-même le consolateur de ses apôtres; et c'est l'idée que l’apôtre saint Paul nous donne aussi de Dieu le Père quand il l'appelle le « Dieu des miséricordes et de toute consolation. » Or si le Père est « consolateur,» si le Fils est « consolateur, » si le Saint-Esprit est « consolateur, » et si l'on baptise les fidèles au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qui ne sont qu'un seul Dieu, il s'ensuit que, n'ayant qu'un même nom de Dieu et de consolateur, ils n'ont aussi qu'une même nature.