3.
«Il n'achèvera point d'éteindre la mèche qui fume encore. » Le peuple gentil, que Dieu a uni à son Eglise, ayant éteint la lumière de la loi naturelle, vivait dans l’erreur, enveloppé d'épaisses ténèbres, et d'une fumée noire qui ne manque jamais d'être funeste à la vue; mais Jésus-Christ, bien loin d'éteindre entièrement et de réduire en cendre cette mèche » qui fumait encore, de cette petite étincelle prête à expirer il a excité un très grand embrasement; de manière qu'on a vu tout le monde brûler de ce feu qu'il est venu apporter sur la terre, et dont il souhaite que tous les coeurs soient embrasés. J'ai expliqué en peu de mots le sens moral de ces paroles dans mes commentaires sur saint Mathieu.
Ce divin Sauveur, qui n'a point brisé le roseau cassé ni éteint la mèche qui fumait encore, «a fait» aussi « triompher la justice, » parce que ses «jugements sont véritables et pleins de justice en eux-mêmes ; » qu'il « est reconnu juste et sincère dans ses paroles, et qu'il demeure victorieux lorsqu'on veut juger de sa conduite.» La lumière de son Evangile brillera aussi toujours dans le monde, et quelque artifice qu'on emploie contre lui, il ne, succombera jamais, «jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre» et qu'on voie l'accomplissement de cette parole de l'Evangile : «Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » «Les nations espéreront en son nom, »ou bien: «Les îles espéreront en sa loi. » Comme les îles sont très souvent battues des vents et des tempêtes sans néanmoins en être renversées, semblables en cela à cette maison dont parle l'Evangile, qui est solidement établie sur la pierre, de même les Eglises qui espèrent en la loi ou au nom du Sauveur disent par la bouche du prophète Isaïe : « Je suis une ville forte, une ville qu'on ne saurait prendre d'assaut.»