Übersetzung
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De la résurrection de la chair
XI.
J'en ai dit assez pour glorifier la chair contre ses |450 ennemis, ses meilleurs amis néanmoins. Car personne qui vive plus selon les lois de la chair que ceux qui nient la résurrection de la chair. En niant que des châtiments l'attendent, ils méprisent aussi la discipline. Le Paraclet a dit d'eux avec beaucoup de sagesse par la prophétesse Prisca: « Ils sont chair et ils haïssent la chair. »
Que si la dignité de la chair est une garantie suffisante qu'elle a des droits à l'espérance du salut, ne convient-il pas d'interroger la puissance, la vertu et la volonté de Dieu, afin de savoir s'il est assez grand pour réédifier et rendre à sa forme première le tabernacle de la chair, tombé de lui-même en ruines, dévoré ou disparu par quelque accident que ce soit? N'a-t-il pas donné dans le domaine de la nature des témoignages assez publics de ce droit qui lui appartient, pour qu'il soit impossible de ne pas connaître ce Dieu, en qui l'on ne croit pas, à moins de croire qu'il peut tout? Sans doute, il s'en trouve chez les philosophes qui soutiennent que le monde n'a pas eu de commencement ni d'auteur. Mais ce qui vaut, mieux pour nous, c'est que la plupart des hérésies, accordant que ce monde avait eu un commencement et un auteur, en attribuent la création à notre Dieu. Tiens donc pour certain que Dieu a tiré du néant tout cet univers, et, avec celle ferme confiance que Dieu est assez puissant pour cela, tu connais Dieu. Quelques esprits, trop faibles pour s'élever d'abord jusqu'à cette foi, se persuadent, d'après les philosophes, que Dieu a créé l'universalité des êtres avec une matière préexistante, Or, quand même on admettrait la vérité de cette assertion, du moment que Dieu a produit avec cette matière des substances et des formes toutes différentes de cette matière primitive, je n'en puis pas moins établir qu'il les a produites de rien, s'il a produit des êtres qui n'existaient point auparavant. Qu'une créature soit faite de rien ou de quelque chose, qu'importé? pourvu que ce qui n'a jamais existé, existe, puisque n'avoir pas existé, c'est n'avoir rien été, tandis qu'au |451 contraire avoir subsisté, c'est avoir été quelque chose. Il y a mieux. Si la différence importe, néant ou matière préexistante vont également à ma cause. En effet, soit que Dieu ait créé de rien toutes choses, il pourra encore retirer du néant cette même chair réduite au néant. Soit qu'il les ait formées d'une autre matière, il pourra bien rappeler la chair de l'abîme, quelque abîme qui l'ait engloutie. Qui a fait une chose peut la refaire; il y a plus de puissance à produire qu'à réparer, à donner l'être qu'à le rendre. Crois donc que le rétablissement de la chair est plus facile que sa création.
Edition
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De resurrectione carnis
XI.
[1] Hucusque de praeconio carnis adversus inimicos et nihilominus amicissimos eius. Nemo enim tam carnaliter vivit quam qui negant carnis resurrectionem: negantes enim et poenam despiciunt et disciplinam. [2] De quibus luculenter et paracletus per prophetidem Priscam 'Carnes sunt et carnem oderunt'. [3] Quam si tanta auctoritas munit quanta illi ad meritum salutis patrocinari possit, numquid etiam dei ipsius potentiam et potestatem et licentiam recensere debemus, an tantus sit qui valeat dilapsum et devoratum et quibuscumque modis ereptum tabernaculum carnis reaedificare atque restituere? [4] An et aliqua nobis exempla huiusmodi sui iuris in publico naturae promulgavit, ne qui forte adhuc sitiant deum nosse, qui non alia lege credendus est quam ut omnia posse credatur? [5] Plane apud philosophos habes qui mundum hunc innatum infectumque defendant. Sed multo melius quod omnes fere haereses natum et factum mundum adnuentes conditionem deo nostro adscribunt. [6] Igitur confide illum totum hoc ex nihilo protulisse, et deum nosti fidendo quod tantum deus valeat. Nam et quidam, infirmiores hoc prius credere, de materia potius subiacenti volunt ab illo universitatem dedicatam secundum philosophos. [7] Porro et si ita in vero haberetur, cum tamen longe alias substantias longeque alias species ex reformatione materiae diceretur protulisse quam fuisset ipsa materia, non minus defenderem ex nihilo eum protulisse si ea protulerat quae omnino non fuerant. [8] Quo enim interest ex nihilo quid proferri an ex aliquo dum quod non fuit fiat, quando etiam non fuisse nihil sit fuisse? sic et fuisse e contrario nonnihil est fuisse. [9] Nunc etsi interest tamen utrumque mihi adplaudit. Sive enim ex nihilo deus molitus est cuncta, poterit et carnem in nihilum prodactam exprimere de nihilo: sive de materia modulatus est alia, poterit et carnem quocumque dehaustam evocare de alio. [10] Et utique idoneus est reficere qui fecit, quanto plus est fecisse quam refecisse, initium dedisse quam reddidisse. Ita restitutionem carnis faciliorem credas institutione.