Edition
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De resurrectione carnis
XVI.
[1] Sed cum imperium animae obsequium carni distribuimus, prospiciendum est ne et hoc alia argumentatione subvertant, ut velint carnem sic in officio animae conlocare, non quasi ministram ne et sociam cogantur agnoscere. [2] Dicent enim ministros et socios habere arbitrium ministrandi atque sociandi, et potestatem suae voluntatis in utrumque, homines scilicet et ipsos: idcirco cum auctoribus merita communicare quibus operam sponte accommodarint: [3] carnem autem nihil sapientem nihil sentientem per semetipsam, non velle non nolle de suo habentem, vice potius vasculi adparere animae, ut instrumentum non ut ministerium: [4] itaque animae solius iudicium praesidere, qualiter usa sit vasculo carnis, vasculum vero ipsum non esse sententiae obnoxium: quia nec calicem damnari si quis eum veneno temperarit, nec gladium ad bestias pronuntiari si quis eo latrocinium fuerit operatus. [5] Iam ergo innocens caro ex ea parte qua non reputabuntur illi operae malae, et nihil prohibet innocentiae nomine salvam eam fieri. Licet enim nec bona opera deputentur illi sicut nec mala, divinae tamen benignitati magis competit innocentes liberare: beneficos enim debet: optimi est autem etiam quod non debetur offerre. [6] Et tamen calicem, non dico venenarium in quem mors aliqua ructuarit, sed frictricis vel archigalli vel gladiatoris aut carnificis spiritu infectum, quaero an minus damnes quam oscula ipsorum. Nostris quoque sordibus nubilum vel non pro animo temperatum elidere solemus quo magis puero irascamur: [7] gladium vero latrociniis ebrium quis non a domo tota, nedum a cubiculo, nedum a capitis sui officio relegabit, praesumens scilicet nihil aliud se quam invidiam animarum somniaturum urguentium et inquietantium sanguinis sui concubinum? [8] At enim et calix bene sibi conscius et de diligentia ministri commendatus de coronis quoque potatoris sui inornabitur aut aspergine florum honorabitur, et gladius bene de bello cruentus et melior homicida laudem suam consecratione pensabit. [9] 'Estne ergo et in vascula et in instrumenta sententiam figere, ut dominorum et auctorum meritis et ipsa communicent?' [10] Et huic quoque argumentationi satisfecerim, licet ab exemplo vacet diversitas rerum. Omne enim vas vel instrumentum aliunde in usus venit, extranea omnino materia a substantia hominis: caro autem, ab exordio uteri consata conformata congenita animae, etiam in omni operatione miscetur illi. [11] Nam etsi vas vocatur apud apostolum, quod iubet in honore tractari, eadem tamen ab eodem homo exterior appellatur, ille scilicet limus qui prior titulo hominis incisus est, non calicis aut gladii aut vasculi ullius. [12] Vas enim capacitatis nomine dicta est qua animam capit et continet, homo vero de communione naturae quae eam non instrumentum in operationibus praestat sed ministerium. Ita et ministerium tenebitur iudicio, etsi de suo nihil sapiat, quia portio est eius quae sapit, non supellex. [13] Hoc et apostolus sciens, nihil carnem agere per semetipsam quod non animae deputetur, nihilominus peccatricem iudicat carnem, ne eo quod ab anima videatur impelli, iudicio liberata credatur. [14] Sic et cum aliquas laudis operas carni indicit---- Glorificate, tollite deum in corpore vestro----certus et hos conatus ab anima agi, idcirco tamen et carni eos mandat quia et illi fructum repromittit. [15] Alioquin nec exprobratio competisset in alienam culpae nec adhortatio in extraneam gloriae: et exprobratio enim et exhortatio vacarent erga carnem si vacaret et merces quae in resurrectione captatur.
Übersetzung
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De la résurrection de la chair
XVI.
Mais quand nous assignons à l'âme le commandement, à la chair l'obéissance, il faut prendre garde que nos adversaires n'ébranlent ce principe par une autre objection, en voulant que la chair soit au service de l'âme, mais non à titre de ministre, de peur que par cet aveu ils ne soient contraints de la reconnaître pour compagne. « Des ministres, des compagnons, diront-ils, sont maîtres de leur volonté; ils acceptent ou rejettent le ministère et l'association: en un mot, ce sont eux-mêmes des hommes, par conséquent ils partagent les mérites avec les auteurs auxquels ils prêtent volontairement leur service. Mais la chair, sans discernement par elle-même, dépourvue de sentiment, n'ayant ni la faculté de vouloir, ni celle de ne vouloir pas, n'est après tout, dans les services qu'elle rend à l'ame, qu'un vase, un instrument, mais non un ministre. L'âme seule reparaîtra donc au jugement pour répondre sur la manière dont elle aura usé du vase de la chair: quant au vase lui-même, il n'a rien à faire, avec la sentence. On ne condamne pas la coupe dans |457 laquelle a été mêlé le poison. On n'envoie pas aux bêtes le glaive parce qu'il a versé le sang dans la main d'un brigand.»
---- Eh bien! la chair est donc innocente, puisque les mauvaises actions ne lui seront pas imputées: rien n'empêche alors que son innocence ne devienne la cause de son salut. Je veux bien qu'on ne lui attribue ni les bonnes ni les mauvaises actions; toutefois, il est plus conforme à la bonté de délivrer l'innocence. Car à ceux qui font le bien, elle doit le salut. La bonté souveraine fait plus, elle donne sans devoir. Vous parlez de coupe! Laissons de côté celle qui a donné la mort; prenons seulement celle que la magicienne, le prêtre de Cybèle, le gladiateur ou le bourreau a infectée de son souffle; je vous le demande, l'avez-vous moins en horreur que les embrassements de pareils hommes? Qu'on nous présente une coupe ternie par notre propre haleine, ou dont le vin n'a pas été trempé à notre fantaisie, nous la brisons pour nous emporter ensuite contre l'esclave. Mais un glaive souillé de brigandages, qui ne l'éloignerait non-seulement de sa maison, à plus forte raison de sa chambre, à plus forte raison du chevet de son lit, dans la crainte que, s'il y demeurait un moment, son sommeil ne fût troublé par des visions d'ames poursuivant de leurs sanglots l'homme qui dort avec leur sang? Mais la coupe qui n'a rien à se reprocher, et que recommande l'exactitude de son ministère, est couronnée par son maître, ou ornée d'une guirlande de fleurs. Le glaive, aussi, noblement ensanglanté dans les combats, glorieux homicide, recevra par la consécration la louange (lui lui est due. On peut donc attacher la condamnation à des vases et à des instruments, afin qu'ils aient leur part dans les mérites de leurs maîtres et de leurs auteurs.
Je crois donc avoir répondu à cet argument, quoique d'ailleurs l'exemple manque de justesse par la diversité des choses. Car tout vase, tout instrument, vient du dehors pour être employé, matière absolument étrangère à la |458 substance de l'homme. Mais la chair, conçue, formée, engendrée avec l'âme dès le sein maternel, est aussi mêlée à l'ame dans chacune de ses opérations. Je veux bien que l'Apôtre l'appelle « un vase qu'il faut traiter avec respect; » mais ailleurs, il ne laisse pas de l'appeler « l'homme extérieur, » c'est-à-dire ce limon qui le premier a été honoré du titre d'homme, et non de coupe, de glaive, ou de vase quel qu'il soit. La chair a été nommée vase, à cause de sa capacité, parce qu'elle contient l'ame; homme, à cause de la communauté de nature qui l'ait d'elle non pas un instrument dans ces opérations, mais un véritable ministre. Le ministre répondra donc au jugement, quoique de son propre fonds il soit dépourvu de connaissance, parce qu'il est une portion de celle qui pense, au lieu d'être un instrument passif. L'Apôtre, sachant bien que la chair n'exécute rien par elle-même qui ne soit attribué à l'âme, l'appelle néanmoins « une chair pécheresse, » afin que nous ne la croyons pas délivrée du jugement, parce qu'elle agit sous l'impulsion de l'ame. De même, lorsqu'il impose à la chair des œuvres louables: « Glorifiez et portez Dieu dans votre corps, » dit-il, tout certain qu'il est que ce sont là des opérations de l'âme, il ne, laisse pas de les imposer à la, chair, puisqu'il lui en promet la récompense. D'ailleurs, les reproches n'auraient pas convenu à la chair si elle n'avait aucune part à la faute, pas plus que les exhortations, si elle n'avait aucune part à la gloire. Les reproches et les exhortations deviendraient inutiles par rapport à la chair, si elle n'avait point à attendre la récompense qui suit la résurrection.