Chapitre XIII
Ceux de ses amis qui venaient le visiter, étant contraints — puisqu’ils ne les recevait point dans le lieu où il était — de passer souvent au dehors les jours et les nuits, ils entendaient au-dedans, comme des troupes de gens qui murmuraient, qui faisaient un très grand bruit, et qui criaient d’une voix lamentable : « Quitte ce lieu qui nous appartient ! Qu’as-tu à faire dans le désert ? Penses-tu pouvoir résister à nos embûches ? » Entendant cela, ils croyaient d’abord que c’étaient des hommes qui, étant descendus avec des échelles, se battaient avec lui. Mais, ayant regardé par une fente et ne voyant personne, et étant saisis de frayeur, ils appelaient Antoine qui ne témoignait pas moins de charité pour les rassurer que de mépris pour ceux qui leur avaient occasionné de la crainte. Ses amis venant souvent ainsi pour le voir, et croyant le trouver mort, l’entendaient chanter ces psaumes :
Que Dieu étende seulement son bras, et ses ennemis seront dispersés,
ceux qui le haïssent s’enfuiront loin de sa face ;
Ils s’évanouiront comme la fumée,
et les pécheurs seront exterminés par la présence de Dieu,
comme le feu fait fondre la cire.
Je me suis trouvé environné de toutes parts ;
mais en implorant l’assistance du Seigneur,
j’ai triomphé de tous mes ennemis (Ps 117, 12).