Chapitre LII
Le démon, ainsi que chante David, observait Antoine et grinçait des dents de rage en le voyant vivre de la sorte. Mais lui avait recours à notre Sauveur, afin qu’il le préservât de la malice et des diverses embûches de cet ennemi mortel de tous hommes.
Une nuit, comme il veillait, il lui envoya un si grand nombre de bêtes féroces, qu’il y avait sujet de croire qu’il n’en restait plus une seule dans le désert. Etant ainsi sorties de leurs forts et de leurs cavernes, elles l’environnèrent de toutes parts, et ouvrant la gueule, le menaçaient de le mordre. Antoine connaissant l’artifice de l’esprit malin, leur dit : Si Dieu vous a donné pouvoir de me nuire, je suis tout prêt à être dévoré par vous ; mais si ce sont les démons qui vous envoient ici, ne demeurez pas davantage et retirez-vous, car je suis serviteur de Jésus-Christ. Il n’eut pas plutôt dit cela, qu’elles s’enfuirent comme si ces paroles eussent été autant de fouets qui les eussent chassées.