2.
[5] Examinons donc, en premier lieu, ce qui s'oppose exactement à la vertu : question à laquelle nous avons déjà consacré plus haut un certain développement. Comme l'obscurité s'oppose à la lumière, et la mort à la vie, le vice s'oppose manifestement à la vertu, et le vice seulement. De la foule d'objets que l'on considère daris la création, rien ne se distingue par un contraste absolu de la lumière ou de la vie, rien : ni pierre, ni bois, ni eau, ni homme, absolument rien de ce qui existe, en dehors des notions proprement opposées, comme l'obscurité et la mort. Il en est de même pour la vertu ; on ne saurait dire que rien dans la création soit conçu comme s'opposant à elle, si ce n'est la notion du vice.
[6] Si notre enseignement prétendait que la divinité a pris naissance dans le vice, notre adversaire aurait lieu d'attaquer notre foi, et de traiter de disproportionnée et de discordante notre doctrine sur la nature divine ; car il serait sacrilège de dire que la sagesse personnifiée, lu bonté, l'incorruptibilité, toutes les notions et les appellations sublimes se sont transformées au point d'aboutir à leurs contraires. [7] Si donc la véritable vertu, c'est Dieu; si rien ne s'oppose par nature à la vertu en dehors du vice ; si Dieu prend naissance, non pas dans le vice, mais dans la nature humaine, et s'il n'y a d'indigne de Dieu et d'avilissant que l'infirmité attachée au mal, — étant donné que Dieu n'y est pas né, et ne pouvait y naître en vertu de sa nature, pourquoi rougit-on de convenir que Dieu est entré en contact avec la nature humaine, puisqu'on n'observe dans la condition de l'homme aucune opposition avec la conception de la vertu? Ni la faculté de raisonner, en effet, ni celle de comprendre, ni celle de connaître, ni aucune autre du même genre, propre à l'être humain, ne se trouvent opposées à la conception de la vertu.