CHAPITRE II : COMMENT TIBÈRE FUT VIVEMENT FRAPPÉ DE CE QU'lL APPRIT PAR PILATE CONCERNANT LE CHRIST
La merveilleuse résurrection du Sauveur et son ascension étaient déjà connues d'un grand nombre. En vertu d'une ancienne coutume, les gouverneurs des provinces devaient informer l'empereur régnant des événements survenus dans leur ressort, de façon à ; ce que rien n'échappât au prince. Pilate fit donc part à Tibère de ce qu'on racontait dans toute la Palestine au sujet de la résurrection de notre Sauveur Jésus-Christ, [2] l'informant des autres merveilles de sa vie, et qu'à cause de sa résurrection le plus grand nombre croyait 127 déjà en la divinité de Jésus. I,'empereur en référa au Sénat. Celte assemblée écarta la proposition, en apparence parce qu'elle n'avait pas été soumise à son examen préalable (c'était une loi antique qu'un dieu ne pouvait être reconnu chez les Romains que par un vote et un décret du Sénat) ; mais, en vérité, parce que l'enseignement divin et la prédication du salut n'avaient besoin ni de l'assentiment ni de la garantie d'une assemblée humaine. [3] Le Sénat romain ayant ainsi repoussé le projet qui lui était adressé au sujet de notre Sauveur, Tibère garda sa manière de voir antérieure et n'entreprit rien de mal contre la doctrine du Christ.
[4] C'est ce que Tertullien, homme très versé dans les lois romaines, illustre du reste et des plus célèbres à Rome nous raconte dans son Apologie. Cet ouvrage écrit en langue latine, a été traduit en grec et voici textuellement ce qu'il nous apprend de celle affaire1 :
« [5] Pour traiter de l'origine de telles lois, il faut remarquer que, d'après un ancien décret, aucune divinité ne pouvait être consacrée par l'empereur à moins d'avoir été examinée par le Sénat. C'est ainsi qu'en usa Marc-Émile au sujet d'un certain dieu Alburnus. Mais que chez vous la décision des hommes donne la divinité, voilà certes qui est favorable ù notre cause. Si Dieu ne plait pas à l'homme, il ne sera pas Dieu; de cette manière, il convint donc que l'homme fût favorable à Dieu. [6] Tibère, sous le règne duquel le nom 129 chrétien fit son apparition dans le monde, reçut de Palestine, où elle débuta, des informations relatives à leur doctrine; il les transmit au sénat, laissant voir que cette croyance lui plaisait. Cette assemblée refusa d'y ajouter sa sanction, parce qu'elle n'avait pas été consultée tout d'abord. Tibère persévéra dans son sentiment et menaça de mort ceux qui accusaient les chrétiens. »
Cette disposition d'esprit était chez l'empereur, le fait d'une direction de la Providence céleste, afin que la parole de l'évangile, encore à ses débuts, pût être, sans obstacle, répandue dans tout l'univers.
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La traduction grecque de l'Apologeticus de Tertullien a été faite en Orient, peut-être par Jules Africain; voy. HARHNACK, Die griechische Ueberlieferung des Apologeticus Tertullians (Leipzig, 1892; Texte u. Untersuchungen, 1er sér., t. VIII, fasc. 4). ↩