CHAPITRE XXXIII : COMMENT TRAJAN DÉFENDIT DE RECHERCHER LES CHRÉTIENS
[1] La persécution sévissait cependant en beaucoup d'endroits contre nous et avec une si grande vigueur que Pli ne le Jeune, très illustre parmi les gouverneurs, étonné 335 de la multitude des martyrs, écrivit à l'empereur. Il lui dit le nombre de ceux qui étaient mis à mort pour la foi ; il l'informa en même temps qu'il n'avait rien surpris en eux qui fût criminel ou contraire aux lois. Ils se levaient avec l'aurore pour chanter des hymnes au Christ, comme à un Dieu ; mais l'adultère, le meurtre et autres crimes de ce genre étaient repoussés par eux ; leur conduite était entièrement conforme aux lois. [2] Comme réponse, Trajan établit un décret portant qu'il ne fallait pas rechercher la tribu des chrétiens, mais la punir quand on la trouvait. C'est ainsi, en quelque sorte, que la menace de la persécution, qui était si forte, s'éteignit. Il restait cependant encore bien des prétextes et non des moindres à ceux qui nous voulaient du mal. Soit qu'elles fussent causées par les populations, soit qu'elles fussent l'œuvre des fonctionnaires locaux qui nous dressaient des embûches, les persécutions partielles se rallumèrent dans les provinces, malgré l'absence de poursuites officielles ; et beaucoup de fidèles endurèrent des martyres variés. [3] Ceci est emprunté à l'Apologie latine de Tertullien, dont nous avons parlé plus haut. Voici la traduction du passage en question :
« Cependant nous avons trouvé qu'on a défendu de nous rechercher. Pline le Jeune, gouverneur d'une province, après avoir condamné quelques chrétiens et leur avoir retiré leurs dignités, troublé à la vue de leur nombre, ne sut plus que faire. Il écrivit à l'empereur Trajan qu'en dehors du refus d'adorer les idoles, il 337 ne voyait rien de Criminel en eux. Il ajoutait que les chrétiens se levaient dès l'aurore, célébraient dans leurs chants le Christ comme un Dieu, que leur enseignement leur défendait de tuer, de commettre l'adultère, de se permettre l'injustice, le vol et autres choses semblables. Trajan répondit qu'il ne fallait pas rechercher la tribu des chrétiens, mais la punir si on la rencontrait, " Et telle était de fait la ligne de conduite.1
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πρὸς τὸ τὴν ἐπιστήμην αὐτῶν διαφυλάσσειν est à peu près inintelligible ; TERTULLIEN : coetus antelucanos ad canendum Christo ut Deo et ad confoederandum disciplinam, homicidium, etc.. prohibentes. — ἐμπεσόν δὲ κολάζεσθαι : oblatos uero puniri, TERTULLIEN. ↩