7.
Comment confondit-il les Juifs de Damas, (Act. IX, 22), avant qu’il eût commencé à faire des miracles? Commuent terrassa-i-il les Juifs Hellénistes? pourquoi fut-il envoyé à Tarse? (Act. IX, 29, 30), sinon parce qu’avec la force irrésistible de sa parole il vainquait tous ses adversaires, et les pressait si vivement que, ne pouvant supporter leur défaite, ils s’exaspérèrent jusqu’à jurer sa mort? Car, je le répète, à ce moment il n’avait pas encore fait de (604) miracles. On ne peut doue pas dire que, la multitude l’admirant déjà comme un thaumaturge, ses antagonistes étaient écrasés sous l’ascendant de sa renommée. Il n’était puissant jusque-là que par la force de sa parole. De quelle arme se servait-il à Antioche pour combattre les Judaïsants? (Galat. II, 11.) N’est-ce pas par son éloquence seule que dans Athènes, la ville la plus superstitieuse du monde, il gagna l’Aréopagite avec sa femme? (Act. XVII, 34.) Quel charme merveilleux ne possédait-il pas en parlant, puisqu’on passait des nuits à l’entendre? témoin Eutyque tombé du haut d’une fenêtre (Act. XX, 9.) A Thessalonique, à Corinthe, à Ephèse, à Rome que fait-il? il prêche des jours entiers et même des nuits entières expliquant les Ecritures, disputant contre les Epicuriens et les Stoïciens. (Act. XVII, 18.) Je ne finirais pas, si je relevais toutes les occasions dans lesquelles il a montré son talent pour la parole.
Avant qu’il eût fait des miracles, comme pendant le cours de ses prodiges, on le voit user fréquemment de la parole. Qui donc osera nommer ignorant celui qui, soit qu’il fût aux prises avec un adversaire, soit qu’il haranguât la multitude se faisait admirer de tout le monde? Les Lycaoniens crurent voir en lui leur Mercure; ses miracles et ceux de Barnabé les firent passer pour des dieux; mais il n’y eut que l’éloquence qui fit prendre Paul pour le dieu de l’éloquence. (Act. XIV, 11.) N’est-ce pas par là qu’il a surpassé les autres Apôtres? D’où vient que par toute la terre son nom se trouve si fréquemment dans la bouche des hommes? D’où vient qu’il est plus admiré que tous les autres, non-seulement parmi nous, mais même parmi les Juifs et les Grecs? N’est-ce pas à cause du prodigieux mérite de ses épîtres, qui ont fait tant de bien aux fidèles de son temps et à ceux qui sont venus depuis, et qui en feront encore tant à ceux qui viendront, jusqu’au dernier avènement du Christ; car il ne cessera pas d’être utile aux hommes tant que durera le genre humain. Ses admirables écrits sont comme une muraille de diamant qui entoure et protége les Eglises dans toutes les parties du monde. Champion immortel du Christ, il est encore aujourd’hui debout au milieu de l’Eglise, enchaînant toute pensée sous l’obéissance du Christ, renversant tous les conseils, abattant toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu. (II Cor. X, 5.)
Or, tout cela, il le fait par les admirables épîtres qu’il nous a laissées, épîtres toutes pleines de la sagesse divine.
Ses précieux écrits servent non-seulement au renversement des fausses doctrines et au solide établissement de la vraie foi, mais ils sont encore d’une très-grande utilité pour instituer la règle des bonnes moeurs. C’est par leur moyen qu’aujourd’hui encore les évêques parent et ornent la chaste Vierge qu’il a nommée l’épouse de Jésus-Christ (II. Cor. XI, 2), et qu’ils travaillent à former en elle tous les traits du type de la beauté spirituelle; c’est par eux qu’ils repoussent les maux qui fondent sur l’Eglise, et qu’ils lui conservent la santé dont ellejouit. Tels sont les remèdes que cet ignorant nous a laissés, et telle est leur vertu, comme l’expérience l’apprend à ceux qui en font continuellement usage. De tout ceci, concluons que saint Paul attachait une grande importance au talent de la parole.