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Et afin que vous sachiez que les Livres saints ne sanctifient pas les lieux où ils sont gardés, mais que l'intention de ceux qui s'y réunissent les profane et les souille, je vous raconterai un fait déjà ancien. Ptolémée Philadelphe, ayant fait une collection des livres de tous les pays, apprit qu'il y avait aussi chez les Juifs des écrits traitant de Dieu, et contenant les meilleurs préceptes de morale et de politique, il fit donc venir des hommes de la Judée, et les chargea de traduire ces livres qu'il déposa dans le sanctuaire de Sérapis, car cet homme était un païen, et la traduction des livres des Prophètes y est restée jusqu'à présent1. Quoi donc? Le temple de Sérapis est-il saint parce qu'il renferme les saints Livres ? Evidemment non ! Les Ecritures ont leur sainteté propre qu'elles ne communiquent pas au lieu où elles sont, à cause de la méchanceté de ceux qui s'y rassemblent. Il en est de même de la synagogue. S'il n'y a point là d'idoles, les démons eux-mêmes y habitent. Je le dis de la synagogue qui est ici, je le dis aussi de celle qui est à Daphné : c'est là que se trouve le plus affreux soupirail de l'enfer, qu'on appelle la Matrone. J'ai entendu dire que beaucoup de fidèles montent à ce lieu et dorment auprès. Mais à Dieu ne plaise que je leur donne jamais le nom de fidèles ! A mes yeux, le sanctuaire de la Matrone et celui d'Apollon sont également impurs. Et si quelqu'un me reproche ma témérité, à mon tour, je lui reprocherai son extrême folie. Un lieu où les démons habitent, n'est-ce pas un lieu d'impiété, quand même aucune statue n'y serait érigée? Un lieu où les assassins de Jésus-Christ se rassemblent, où la croix est renversée, où Dieu est blasphémé, où le Père est méconnu, où le Fils est outragé, où la grâce du Saint-Esprit est rejetée; plus encore. un lieu fréquenté par des hommes pires que des démons, un tel lieu n'est-il pas excessivement dangereux à visiter? Dans les temples des idoles, au moins l'impiété est à découvert et visible, et elle ne pourrait aisément attirer ni tromper un homme, pour peu qu'il soit doué d'intelligence, et qu'il soit sain d'esprit ; mais les Juifs, en disant qu'ils adorent Dieu et haïssent les idoles, qu'ils ont les prophètes et les honorent, les Juifs offrent à la crédulité une amorce plus décevante, et jettent dans leurs filets les simples et les sots qui n'y prennent pas garde. Leur impiété est égale à celle des païens, mais leurs artifices les rendent plus pernicieux. Chez eux aussi s'élève l'autel caché de la fraude , sur lequel ils immolent, non des brebis et des veaux, mais les âmes des hommes. Enfin, si vous avez un respect superstitieux pour leur culte, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous? Car, si le judaïsme est vénérable et saint, le christianisme est faux ; si le christianisme est vrai, comme il l'est en effet, le judaïsme n'est qu'une indigne supercherie. Je ne dis pas les Ecritures, à Dieu ne plaise ! Car, ce sont elles qui me conduisent à Jésus-Christ comme par la main, mais je parle de l'impiété des Juifs et de leur folie présente. Au reste, l'heure est venue de vous prouver que les démons habitent dans la synagogue, non pas seulement dans la synagogue, mais dans les âmes mêmes des Juifs. Car, est-il dit, quand l'esprit immonde est sorti d'un homme, il erre par des lieux arides, cherchant du repos, et il n'en trouve pas, et il dit : Je retournerai dans ma maison, et revenant il la trouve vide, nettoyée et ornée; et il s'en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, et il rentre chez cet homme, dont le dernier état sera pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette génération. (Matth. XII, 43-45; Luc, XI, 24-26.)
Vous voyez que les démons habitent dans les âmes des Juifs, et que ceux d'aujourd'hui sont pires que les premiers; et il ne faut pas s'en étonner. Autrefois, en effet, ils ne commettaient leur impiété que contre les prophètes ; mais aujourd'hui , c'est contre le Maître même des prophètes qu'ils lancent leurs outrages. Et c'est avec ces démoniaques, dites-moi, avec ces hommes , possédés par tant d'esprits impurs, nourris dans les tueries et les massacres, que,vous vous réunissez, et vous n'en avez pas horreur? Est-il permis même d'échanger le salut et de converser simplement avec eux ? ou ne doit-on pas plutôt s'en détourner comme d'un peuple de lépreux, comme du fléau du genre humain? A quelle sorte de crimes ne se sont-ils pas livrés? Les accusations lancées contre eux ne remplissent-elles pas les écrits des prophètes? Quelle sanglante tragédie, quel genre d'iniquité n'ont-ils pas éclipsés parleurs homicides? Ils ont immolé leurs fils et leurs filles aux démons (Ps. CV, 37) ; ils ont méconnu la nature; ils ont oublié les douleurs de l'enfantement; ils ont foulé aux pieds les soins qu'on doit aux enfants; ils ont renversé jusque dans leurs fondements les lois de la parenté; ils sont devenus plus inhumains que tous les animaux; car, souvent les animaux donnent jusqu'à leur vie, et méprisent leur propre conservation, pour défendre leurs petits. Mais les Juifs, sans aucune nécessité, immolent, de leurs propres mains, ceux à qui ils ont donné le jour, pour honorer les ennemis de notre vie, les démons malfaisants. De quoi s'étonnera-t-on le plus : de leur impiété ou de leur cruauté et de leur inhumanité; de ce qu'ils immolent leurs fils, ou de ce qu'ils les immolent aux démons? Mais, par leur libertinage, n'ont-ils pas dépassé jusqu'à la lubricité des brutes? Entendez ce que dit le Prophète de leur dérèglement : Ils sont devenus des chevaux qui courent et qui hennissent après les cavales; chacun a henni après la femme de son. prochain. (Jérém. V, 8.) Il ne dit pas: Chacun a convoité la femme de son prochain; mais il exprime très-énergiquement, par un cri de bête, la folie où le libertinage les a conduits.
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Ce qu'affirme id le saint Docteur est tout à fait invraisemblable. ↩