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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu

3.

« Alors il dit à ses disciples : Il est vrai que la moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers (37). Priez donc le maître de la moisson qu’il fasse aller les ouvriers à sa moisson (38). » Qui sont « ces ouvriers » dont Jésus-Christ parle en ce lieu, sinon ses douze disciples? il dit « qu’ils sont peu, et néanmoins il n’y en ajoute point d’autres, et il les envoie sans en accroître le nombre. Pourquoi dit-il donc : « Priez le maître de la moisson qu’il fasse aller les ouvriers dans sa moisson, » puisqu’il n’y en ajoute pas un seul lui-même? C’est parce que, bien qu’ils ne fussent que douze, il sut les multiplier, non pas en augmentant leur nombre, mais en leur communiquant sa puissance et sa grâce. « Priez, » dit-il, «le maître de la moisson. » Il leur apprend par ces paroles quelle est la grandeur du don qu’il leur doit faire, et il marque aussi obscurément qu’il est lui-même « le maître de cette moisson. » Puisqu’aussitôt qu’il leur a donné cet avis, sans qu’ils eussent prié personne, il les fait apôtres et les envoie prêcher, les faisant souvenir en même temps de ces paroles de saint Jean, de «l’aire», du « van », de « la paille », et du « bon grain. » Ce qui montre clairement que c’est lui qui est le véritable laboureur, et qu’il est le maître de la moisson et des prophètes qui l’ont semée. Car en voyant ses apôtres recueillir la moisson, il est hors de doute qu’il ne les envoie pas recueillir la moisson d’un autre, mais celle qui était à lui, comme l’ayant lui-même semée par la prédication des prophètes. Mais il n’encourage pas seulement ses disciples, en leur représentant que leur travail est une moisson, mais en leur rendant encore ce travail facile.

« Jésus ayant appelé ses douze disciples, leur donna puissance sur les esprits impurs pour les chasser et pour guérir toutes sortes de maladies et de langueurs (X, 1.) » Cependant le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné; saint Jean le dit clairement : « Le Saint-Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié. » (Jean, VII, 39.) Comment donc les apôtres pouvaient-ils chasser les démons, sinon par la puissance de Jésus-Christ, et par la vertu de la mission qu’il leur avait donnée? Considérez aussi, mes frères, comme il ne les envoie que lorsqu’il est temps. Il ne les envoie point d’abord lorsqu’ils ne commençaient que de le suivre, mais après qu’ils ont été longtemps en sa compagnie, après, qu’ils l’ont vu ressusciter les morts, chasser les démons, commander à la mer, guérir les paralytiques et les lépreux, remettre les péchés; enfin après les avoir suffisamment convaincus de sa toute-puissance par ses actions et par ses paroles, il leur dit alors: « Allez, je vous envoie. » Il ne les expose pas d’abord à de grands périls, puisqu’il n’y avait encore rien à craindre pour eux dans la Palestine, et qu’ils n’avaient qu’à se fortifier contre les injures et les médisances. Cependant il leur prédit de grands maux pour l’avenir, et il leur en parle sans cesse, afin qu’ils s’y préparent de bonne heure, et qu’ils soient plus fermes et plus courageux dans le péril.

Mais comme l’évangéliste ,n’avait encore parlé que de quatre apôtres, saint Pierre, saint André, saint Jacques, et saint Jean, et de saint Matthieu ensuite, sans avoir rien dit ni de la vocation, ni du nom même des autres, il rapporte ici leurs noms et leurs nombres.

« Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon, qui est appelé Pierre, et André son frère (2). » Il marque avec soin les noms et le pays des apôtres, parce qu’il y en avait deux qui s’appelaient Simon; l’un Simon Pierre, et l’autre Simon le Chananéen; comme il y en avait deux appelés Judas, dont l’un était le traître, et l’autre le frère de Jacques; comme il y en avait aussi deux nommés Jacques, l’un qui était fils d’Alphée, et l’autre, de Zébédée. Saint Marc en les nommant observe le rang et la dignité. Car après avoir nommé les deux chefs, il nomme en troisième lieu saint André. Mais notre évangéliste nomine saint Thomas avant de se nommer lui-même, quoique saint Thomas lui fût de beaucoup inférieur.

Mais voyons cette liste jusqu’au bout. « Le premier est Simon, qui est appelé Pierre, et André, son frère. » Ce n’est pas là un petit éloge de saint Pierre, de le placer le premier à cause de sa vertu, et de lui joindre André, (262) son frère, à cause du rapport de vertu et de moeurs qui était entre eux. « Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère; Philippe et Barthelemi; Thomas et Matthieu le Publicain; Jacques , fils d’Alphée; et Lebbée, surnommé Thaddée (3). » Il est visible que l’évangéliste ne prend pas garde au rang et à la dignité, puisqu’il me semble que saint Jean était plus grand non-seulement que les autres, mais encore que son frère même. De même, après avoir nommé « Philippe et Barthelemi, » il parle de « Thomas et de Matthieu le Publicain. » Mais au lieu que saint Matthieu met saint Thomas avant lui, saint Luc met saint Matthieu avant saint Thomas. Il appelle « Jacques, fils d’Alphée, » parce qu’il y avait, comme j’ai déjà marqué, un autre Jacques, fils de Zébédée, après lequel il émet «Lebbée, surnommé Thaddée; Simon le Chananéen, et Judas Iscariote, celui qui le trahit. »

Il met Judas le dernier de tous, et il en parle non comme un ennemi et avec passion, mais comme un historien fidèle qui dit les choses dans leur ordre. Il ne dit point, le méchant, le détestable Judas, mais il l’appelle seulement comme les autres, du nom de la ville d’où il était, « Judas Iscariote, » parce qu’il y avait un autre Judas, Judas Lebbée, surnommé Thaddée, que saint Luc dit être fils de Jacques. « Judas Iscariote, celui qui le trahit. » Il ne rougit point de rapporter cette parole : « Qui fut celui qui le trahit, » parce qu’il a soin de ne rien cacher de ce qui paraît mêlé de honte. Ainsi on voit assez, par son Evangile, que saint Pierre, le premier de tous, était un homme du peuple sans lettres et sans science. Mais voyons où Jésus-Christ envoie ses disciples, et vers qui il les envoie.

« Jésus envoya ces douze après leur avoir s donné ces instructions et leur avoir dit (5) : Quels sont ces douze? » Ce sont des pêcheurs et des publicains, puisqu’il y en avait parmi eux quatre qui étaient pêcheurs et deux qui étaient publicains, saint Matthieu et saint Jacques. Et l’un de ces douze encore devait être le traître de Celui qui l’envoyait. Mais voyons quels sont les ordres et les instructions que Jésus-Christ leur donne.

« N’allez point vers les Gentils, et n’entrez point dans les villes des samaritains (6). Mais allez plutôt aux tribus de la maison d’Israël qui sont perdues (6). » Ne croyez pas, leur dit-il, que j’aie quelque aversion pour les Juifs qui m’outragent et m’appellent démoniaque. Ce sont au contraire les premiers que je tâche de convertir, et je vous défends d’aller prêcher à d’autres qu’à eux, parce que je veux que vous soyez leurs maîtres et leurs médecins. Non-seulement je vous défends de prêcher aux autres avant eux, mais je ne vous permets pas de faire un pas dans la voie qui conduit aux autres peuples, ni d’entrer dans une seule de leurs villes, pas même dans celles des samaritains qui étaient toujours opposés aux Juifs.

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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)

3.

Um jenen sodann zu zeigen, wie wertvoll das Geschenk sei, sagte er ihnen: „Bittet den Herrn der Ernte“, und gibt in direkter Weise zu verstehen, dass er selbst es ist, der diese Herrschaft besitzt. Denn kaum hatte er gesagt: „Bittet den Herrn der Ernte“, da gibt er ihnen auch schon sogleich selbst den Auftrag, noch bevor sie um irgend etwas gebeten oder gebetet haben, und ruft ihnen die Ausdrücke, die Johannes gebraucht hatte, ins Gedächtnis zurück, nämlich die Scheune, die Wurfschaufel, die Spreu und den Weizen. Daraus geht klar hervor, dass er selbst der Landmann ist, er, der Herr der Ernte, er, der Herr der Propheten. Denn wenn er Leute in die Ernte sendet, so schickt er sie natürlich nicht in ein Feld, das andere bebaut, sondern in das, auf dem er selbst durch die Propheten die Saat gepflanzt. Doch nicht nur dadurch ermutigt er sie, dass er ihre Dienste eine Erntearbeit nennt, sondern auch dadurch, dass er sie für ihren Dienst ausrüstet.

Kapitel X. V.1: „Und er rief seine zwölf Jünger zu sich und gab ihnen die Macht über die unreinen Geister, so dass sie dieselben austreiben, und jede Krankheit und jedes Gebrechen heilen konnten.“

Und doch war damals der Geist noch nicht gesendet worden. „Dennoch“ heißt es, „war der Geist nicht gekommen, da Jesus noch nicht verherrlicht worden war“¹ . Wie haben sie also dann die Teufel ausgetrieben? Durch den Befehl und die Macht des Herrn. Beachte aber auch, zu welch günstiger Zeit der Herr die S. d457 Sendung gab. Er sandte sie nicht gleich von Anfang an, sondern erst, nachdem sie lange genug in seiner Nachfolge gestanden waren, nachdem sie gesehen hatten, wie er einen Toten auferweckt, wie er dem Meere geboten, Dämonen ausgetrieben, Gichtbrüchige geheilt, Sünden nachgelassen, einen Aussätzigen gereinigt. Erst als sie durch Taten und Worte hinlängliche Beweise seiner Macht erhalten, erst dann sendet er sie aus; und zwar nicht zu gefahrvollen Taten² ; nur das sollten sie vorläufig lernen, Schmähreden standhaft zu ertragen. Indes sagte er ihnen auch das vorher, dass Gefahren ihrer harren, bereitet sie so schon vor der Zeit darauf vor, und macht sie dadurch kampfbereit, dass er ihnen fortwährend diese Dinge vorhersagt. Weil nun aber der Evangelist zwei Paare von Aposteln genannt, mit Petrus und Johannes an der Spitze und darnach von der Berufung des Matthäus gesprochen, während er über die Berufung und die Namen der anderen Apostel geschwiegen hatte, so musste er notwendigerweise hier die Liste und die Zahl derselben mitteilen, sowie ihre Namen bekannt geben. Deshalb fährt er fort:

V.2: „Die Namen der zwölf Apostel sind die: der erste ist Simon, der Petrus genannt wird.“

Es gab nämlich noch einen anderen Simon, der aus Kananäa stammte; und Judas der Iskariote, mit Judas dem Sohne des Jakobus; und Jakobus, der Sohn des Zebedäus. Markus zählt die Apostel ihrer Würde nach auf und nennt nach den beiden obersten den Andreas. Matthäus macht es nicht so. Er zählt sie auf ohne geordnete Reihenfolge, ja er stellt sogar den Thomas, der ihm doch weit nachstand, vor seinen eigenen Namen. Doch gehen wir dieselben von Anfang an durch. „Der erste ist Simon, der Petrus genannt wird, und Andreas, sein Bruder.“ Auch das ist kein geringes Lob. Den einen benannte er nach seinem Starkmut, den anderen nach seiner hervorragenden Tugend.

S. d458

V.3: „Sodann Jakobus, Sohn des Zebedäus, und Johannes, sein Bruder.“

Siehst du, wie er sie nicht ihrer Würde nach aufzählt? Mir scheint nämlich Johannes nicht nur höher zu stehen als die anderen nachfolgenden, sondern auch höher als sein Bruder. Sodann fügt er zu den Namen: „Philippus und Bartholomäus“ hinzu: Thomas und Matthäus der Zöllner." Lukas dagegen schreibt nicht so; er hält eine andere Reihenfolge ein und stellt Matthäus vor Thomas³ . Dann folgen Jakob, der Sohn des Alphäus. Es gab nämlich, wie schon gesagt, auch einen Jakob, den Sohn des Zebedäus. Dann nennt er Lebbäus mit dem Zunamen Thaddäus, und den Simon Zelotes, den er auch den Kananiter nennt; erst jetzt kommt er zu dem Verräter. Er machte aber diese Aufzählung nicht als dessen Feind und Gegner, sondern als Geschichtsschreiber. Er sagt nicht: der elende, verworfene Mensch, sondern benennt ihn nach seiner Geburtsstadt: "Judas der Iskariote.“ Es gab nämlich noch einen zweiten Judas, den Labbäus, von dem Lukas sagt, er sei der Sohn des Jakob gewesen: „Judas, Sohn des Jakob“⁴ . Um ihn aber von diesem zu unterscheiden, sagt er:

V.4: „Judas, der Iskariote, der ihn auch verraten hat.“

Er scheut sich nicht, zu sagen: „der ihn auch verraten hat“. So haben die Evangelisten niemals irgend etwas ausgelassen, auch wenn es sehr beschämend zu sein schien. Schon der erste von allen, deren Haupt, ist einer, der nicht lesen und schreiben kann und keine Bildung besitzt. Sehen wir aber zu, wohin und zu wem er die Apostel aussandte?

V.5: „Diese Zwölf“, heißt es, „sandte Christus aus.“

Was für „diese“? Die Fischer und Zöllner. Vier von ihnen waren Fischer, zwei waren Zöllner: Matthäus und Jakobus; einer sogar der Verräter. Und welchen Auftrag gibt er ihnen? Er kündet es ihnen also an mit S. d459 den Worten: „Gehet nicht den Heiden nach, und betretet keine Stadt, die von Samaritern bewohnt ist.

V.6: Gehet vielmehr zu den verlorenen Schafen aus dem Hause Israel.“

Er will damit sagen: Glaubet nicht, dass ich sie hasse und verabscheue, wenn die Juden mich beschimpfen und sagen, ich hätte einen Dämon. Sie waren ja die ersten, die ich zu retten suchte. Von allen anderen halte ich euch ferne, und schicke euch nur zu diesen als Lehrer und Ärzte. Ja, ich verbiete euch nicht bloß, die frohe Botschaft anderen früher als ihnen zu bringen, ich befehle euch sogar, nicht einmal die Wege zu betreten, die dorthin führen und in keine solche Stadt hineinzugehen.