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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
4.
Où sont donc ceux qui demandent des prodiges et des miracles? Qu’ils reconnaissent enfin que tout ce que nous devons désirer, c’est d’avoir un esprit sage et une volonté reconnaissante envers Dieu; et que lorsque cela nous manque tous les miracles sont inutiles. Les Ninivites ont cru sans avoir vu de miracles, et les Juifs, après tant de prodiges, sont devenus pires qu’auparavant. Ils ont été possédés de nouveau par des démons encore plus furieux, et ils se sont attiré un déluge de maux. Et certes c’est avec justice, puisque celui qui une fois délivré d’une affliction temporelle, n’en devient pas plus sage et plus retenu, mérite d’en souffrir une encore plus grande.
C’est pourquoi Jésus-Christ dit que ce démon , après qu’il est sorti, «ne trouve plus de repos,» c’est-à-dire, qu’il attaquera de nouveau l’homme où il était avec tarit d’adresse qu’il y rentrera une seconde fois. Ces deux choses les devaient faire rentrer en eux-mêmes: les maux qu’ils avaient soufferts et la délivrance qu’ils en avaient obtenue. Une troisième devait même encore leur faire plus d’impression, savoir, la crainte de tomber dans un état encore plus funeste que le premier.
Mais ce qui se passe aujourd’hui nous fait bien voir que ces paroles n’ont pas été seulement dites pour les Juifs. Elles nous regardent comme eux, puisqu’après avoir été éclairés de la lumière de Dieu, et avoir renoncé à nos anciens égarements, nous y retombons encore. Faut-il douter après cela que les péchés que nous commettons maintenant ne soient un jour plus sévèrement punis ? C’est l’avis que Jésus-Christ donnait au paralytique : « Vous voilà maintenant guéri, ne péchez plus, de peur qu’il ne vous arrive pis. » (Jean, V, 14.)
Vous me demanderez peut-être ce qui pouvait arriver de pis à un homme qui était paralytique depuis trente-huit ans. Mais hélas! (344) qu’il était facile à Dieu de le faire souffrir davantage. Dieu nous garde d’éprouver tout ce qu’un homme est capable d’endurer de maux. Dieu a des trésors de supplices et de peines. Sa colère est aussi infinie que sa miséricorde. C’est le reproche qu’il fait par Ezéchiel à Jérusalem: « Je vous ai trouvée toute souillée de sang, je vous ai lavée, j’ai répandu sur vous mes parfums, on a admiré voire beauté. Et après cela vous vous êtes honteusement abandonnée à tous les peuples voisins de votre pays. C’est pourquoi je me prépare, dit le Seigneur, à me venger de votre crime avec plus de sévérité que jamais. » (Ezéch. XVII, 7.) Ne considérez pas seulement dans ces paroles quelle est la vengeance de Dieu, mais encore combien sa patience est infinie. Combien de fois l’avons-nous irrité par nos crimes, sans qu’il cesse pour cela de nous traiter avec douceur?
Cependant n’ayons pas trop confiance, mais craignons plutôt. Si Pharaon était rentré dans lui-même à la première plaie dont Dieu le frappa, il n’aurait point senti les suivantes, et il n’aurait point péri enfin dans lamer avec toute son armée. Je rapporte à dessein cet exemple, parce qu’il y a bien des personnes aujourd’hui qui disent comme Pharaon: « Je ne sais pas qui est Dieu, je ne le connais point (Exod. III. 7), » et qui tiennent comme lui leurs sujets attachés à la boue et à l’argile. Combien, lorsque Dieu nous défend d’être durs même en paroles envers nos serviteurs, combien se montrent impitoyables dans. les travaux qu’ils leur imposent. Ces imitateurs e Pharaon ne seront point abîmés dans la mer Rouge,. mais ils seront précipités dans une mer dont les flots sont de feu, d’un feu étrange et horrible. Car c’est un abîme qui n’a point de fond, dont la flamme vive et subtile court de toutes parts, et cause une douleur si cuisante, qu’elle surpasse sans comparaison toutes les morsures des bêtes les plus cruelles. Que si le feu de la fournaise de Babylone, quoique sensible et matériel, se lança avec tant d’impétuosité sur ceux qui environnaient les trois jeunes hommes, que fera ce feu infernal sur ceux qui y seront précipités ?
Considérez comment les prophètes parlent de ce jour terrible : « Le jour du Seigneur est un jour inévitable et sans remède, un jour plein de colère et de fureur. » (Isaïe, XIII, 7.) Il n’y aura personne alors pour nous secourir. Il n’y aura personne qui nous puisse tirer d’un si grand malheur, et ce visage si doux du Sauveur nous sera caché pour jamais. Tels que ceux qui sont condamnés aux mines sont livrés à des hommes sévères et impitoyables, et que sans pouvoir être vus d’aucun de leurs amis ou de leurs proches, ils ne voient que ceux qui sont établis pour les accabler de travail; tels ces malheureux. ne verront que les démons qui ne se lasseront jamais de les tourmenter. Mais je dis trop peu. Tout ce que nous voyons en ce monde n’a point de rapport avec cet état. Nous pouvons ici nous adresser à l’empereur. Nous pouvons lui demander et obtenir grâce pour les criminels; mais la condamnation de ceux qui vont en enfer est entièrement irrévocable. Ils ne sortent jamais de ces abîmes, de feu. Ils y demeureront accablés de douleurs et plongés, dans des maux qui sont au-dessus et de nos paroles et de nos pensées. Si nous ne pouvons concevoir ni exprimer la peine de ceux qui passent par ce feu sensible et matériel qui est sur la terre combien moins pourrait-on représenter les tourments de ceux qui brûlent dans ces flammes qui ne s’éteindront jamais? Un homme qu’on jette ici dans le feu y est consumé en un moment.; mais ce feu-là brûle toujours, et il ne consume jamais.
Que ferons-nous donc, mes frères, dans ces lieux horribles? Car je me dis cela à moi-même aussi bien qu’à vous.
Vous me direz peut-être : Si vous, qui nous apprenez à connaître et à servir Dieu, vous dites ces choses pour vous-même, à quoi bon me donner une peine:inutile? Car quelle merveille que je tombe dans ce malheur, si ceux qui me conduisent y peuvent tomber aussi.? Ah! mes frères, ne vous consolez point d’une manière si malheureuse. Ce n’est point, là une consolation, c’est un désespoir. Car, dites-moi, je vous prie, le, démon n’est-il pas une, puissance incorporelle? N’est-il pas par sa nature élevé au-dessus des hommes? Cependant il est tombé dans ces abîmes de feu. Qui pourrait donc se consoler un jour de. se trouver avec lui dans les enfers, et d’y souffrir les mêmes tourments que lui?
Lorsque Dieu frappait l’Egypte de tant de plaies, le peuple se consolait-il de ce qu’il voyait les plus grands et le roi même frappés aussi de la main de Dieu, et de ce que chaque maison pleurait son mort? Nullement, et les Egyptiens le montrèrent bien par ce (345) qu’ils firent, puisque, se sentant comme frappés par une verge de feu, ils coururent en foule à Pharaon et le contraignirent de faire sortir le peuple hébreu.
C’est une pensée bien dépourvue de toute raison, de croire que ce soit une grande consolation d’être puni avec beaucoup d’autres, et de dire: Il ne m’arrivera que ce qui arrive à tout le monde. Un tel raisonnement est si loin d’adoucir les maux de l’enfer, qu’il ne rend pas même plus supportables ceux de cette vie. Considérez, je vous prie, ceux qui sont tourmentés de la goutte. Je vous demande si, lorsqu’ils souffrent les douleurs les plus aiguës, ils seraient fort disposés à se consoler, lorsque vous leur représenteriez qu’il y en a mille qui souffrent autant ou même plus qu’eux? Il leur est impossible de tirer de là le moindre soulagement. Leur esprit est tout occupé par la violence de leur mal. Il est comme absorbé dans cette pensée, et il ne lui en reste plus pour faire aucune réflexion sur les maux des autres.
Ainsi ne nous flattons point d’une espérance si fausse et si malheureuse. La vue de ce que souffrent les autres peut nous consoler dans les petits maux; mais quand la douleur est vive et perçante, l’âme en est tellement possédée, que, bien loin de penser aux autres, elle ne se connaît plus elle-même. Loin donc ces consolations imaginaires! Loin ces raisonnements frivoles, ou plutôt ces contes fabuleux, qui ne sont bons à dire qu’aux petits enfants. Ce moyen de consolation, qui consiste à se dire que tel et tel sont dans le même cas que soi, produit tout au plus quelque effet dans les médiocres chagrins; que, s’il ne diminue pas toujours même les petits chagrins, comment adoucirait-il l’effroyable tourment que l’Evangile exprime par le grincement de dents?
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
4.
Wo sind da jetzt diejenigen, die immer nach Wundern verlangen? Sie mögen wissen, dass es die gute Gesinnung ist, die nottut. Wo diese nicht ist, da helfen auch Wunder nichts. Sieh nur! Die Niniviten haben auch ohne Wunder geglaubt; die Juden dagegen sind auf so zahlreiche Wundertaten hin nur noch schlechter geworden, haben sich selbst zu einer Wohnstätte unzähliger Dämonen gemacht und sich ein namenloses Unheil zugezogen; und es geschah ihnen recht. Denn wer einmal von seinen Übeln befreit, aber doch nicht klüger geworden ist, der wird eben noch viel Schlimmeres erfahren als zuvor. Deshalb sagt auch der Herr: "Der Dämon findet keine Ruhe." Er will damit zeigen, dass der Teufel mit seinen Nachstellungen einen solchen Menschen vollständig und notwendigerweise in Besitz nehmen wird. Diese beiden Dinge hätten ihn ja weise machen sollen: die früheren Leiden und die nachherige Befreiung davon; ja noch ein Drittes kommt dazu: die Drohung, noch Schlimmeres erfahren zu müssen. Gleichwohl vermochte nichts von all dem, sie zu bessern. Das alles dürfen aber mit Recht nicht bloß sie, sondern auch wir selbst uns gesagt sein lassen, wenn wir nach der Taufe und nach der Befreiung von all dem früheren Bösen wieder in denselben sündhaften Zustand zurückfallen. Denn fortan werden wir für die Sünden, die wir nach der Taufe begehen, viel empfindlicher gestraft werden. Deshalb sagte auch Christus zu dem Gichtbrüchigen: "Siehe, du bist gesund geworden; sündige nun nicht mehr, S. d623 damit dir nicht noch etwas Schlimmeres widerfahre"1 ; ebenso sprach er zu jenem Manne, der achtunddreißig Jahre in seiner Krankheit zugebracht hatte. Aber, fragst du, was konnte ihm noch Schlimmeres zustoßen als dieses? Etwas viel Schlimmeres und Schwereres. Möchten wir nur nie in die Lage kommen, soviel dulden zu müssen, als wir nur überhaupt zu leiden imstande sind. Wenn Gott strafen will, so weiß er schon Mittel und Wege zu finden; denn der Größe seines Erbarmens entspricht die Größe seines Zornes. Diesen Vorwurf erhebt er auch durch Ezechiel gegen Jerusalem. "Denn ich sah dich", heißt es, "mit Blut besudelt; ich habe dich gewaschen und gesalbt und man hat dich gerühmt ob deiner Schönheit; du aber hast Unzucht getrieben mit deinen Nachbarn"2 ; deshalb droht dir auch viel Schlimmeres für deine Sünden.
Doch solltest du deswegen nicht bloß an die Strafen denken, sondern auch an die grenzenlose Langmut Gottes. Wie oft haben wir denn nicht schon dieselben Sünden begangen und doch übt er noch Geduld! Seien wir aber deshalb nicht voll Zuversicht, sondern vielmehr in Furcht. Denn hätte sich Pharao durch die erste Plage belehren lassen, so hätte er nicht auch die anderen über sich ergehen lassen müssen, und er wäre nicht zuletzt mitsamt seinem Heere in den Fluten umgekommen. Das sage ich aber, weil ich viele kenne, die auch jetzt noch mit Pharao sprechen: "Ich kenne diesen Gott nicht", und die ihre Untergebenen ebenfalls mit Lehm und Ziegelmachen quälen. Wie viele, denen Gott befohlen, von ihren Drohungen abzustehen, nehmen sich nicht einmal die Mühe, die schwere Arbeit etwas zu mildern? Aber man braucht ja jetzt das Rote Meer nicht mehr zu durchschreiten. Dafür harrt deiner ein Meer von Feuer, ein Meer, das nicht dem Roten Meer gleicht und nur so groß ist, wie dieses, nein, eines, das viel größer und schrecklicher ist, in dem die Wogen aus Feuer bestehen und zwar aus einem ganz eigenartigen, furchtbaren Feuer. Da ist eine gewaltige S. d624 Untiefe voll schrecklicher Glut. Da kann man die Flammen gleich wilden Tieren all überall umherzischen sehen. Wenn schon hienieden dieses sinnliche und materielle Feuer gleich einem wilden Tiere aus dem Ofen hervorbrach und sich auf diejenigen stürzte, die draußen standen3 , was wird erst denen geschehen, die in dieses Feuer hineinfallen? Höre nur, was über jenen Tag die Propheten sagen: "Der Tag des Herrn, der rettungslose, der überfließt von Grimm und Zorn"4 . Da wird keiner und beistehen, keiner uns retten; da wird nirgends das milde, leuchtende Antlitz Christi zu schauen sein. Diejenigen, die in den Bergwerken arbeiten müssen, die werden harten Menschen übergeben und können niemand von ihren Angehörigen sehen, sondern nur ihre Aufseher; geradeso wird es auch da gehen; oder vielmehr nicht bloß so, sondern noch viel schlimmer. Im ersten Fall ist ja noch die Möglichkeit vorhanden, zum Herrscher zu gehen, ihm eine Bittschrift zu unterbreiten, und so den Verurteilten die Befreiung zu erwirken; dort ist dies nicht mehr möglich.5 , kommt nicht mehr los. Die bleiben in solchen Schmerzen und solchen Qualen, wie es mit Worten nicht auszudrücken ist. Denn wenn schon die heftigen Schmerzen derer, die von irdischem Feuer verbrannt werden, niemand zu beschreiben vermag, dann noch viel weniger die Schmerzen derer, die in der anderen Welt zu leiden haben. Hier ist ja das Ganze in kurzer Zeit vorüber; dort aber wird man zwar gebrannt, aber das Brennen nimmt kein Ende.
Was werden wir also dort tun? Ich stelle diese Frage mir selbst. Ja, sagst du, wenn du, der Lehrmeister, so von dir sprichst, dann mach ich mir keine weiteren Sorgen darum. Aber, was wäre es denn zu verwundern, wenn ich gestraft würde? Ich bitte euch, niemand möge darin einen Trost suchen. Darin liegt für euch keine Beruhigung. Sage mir doch: War nicht der Teufel ein mächtiger Geist? War er nicht besser als die Menschen? Und doch ist er gefallen. Wird jedoch S. d625 irgend jemand darin einen Trost finden, zugleich mit ihm gestraft zu werden? Keinesfalls. Und wie ging es all den Bewohnern von Ägypten? Haben nicht auch sie gesehen, wie die Höchsten im Lande gestraft wurden und jedes Haus in Trauer versetzt ward? Haben sie aber deshalb aufgeatmet und sich getröstet gefühlt? Ganz gewiss nicht! Das sehen wir klar an dem, was sie nachher taten; als ob sie mit Feuerflammen gegeißelt worden wären, so drängten sie den König und zwangen ihn, das Volk der Hebräer ziehen zu lassen. Das ist wohl ein gar abgeschmackter Gedanke, zu glauben, etwas bereite einem Trost, wenn man mit vielen zu gleich gestraft wird; zu sagen: es geht mir eben, wie allen anderen auch! Aber was brauche ich denn die Hölle als Beispiel zu nehmen? Denke nur an diejenigen, die an Podagra leiden. Wenn die sich vor heftigen Schmerzen winden, da magst du ihnen tausend andere zeigen, die noch mehr zu leiden haben, sie achten gar nicht darauf. Weil sie eben vom Schmerze gefoltert sind, so vermögen sie dem Verstande nicht die Ruhe zu geben , an andere zu denken und darin Trost zu schöpfen. Nähren wir uns also nicht mit so eitlen Hoffnungen. Denn aus den Leiden der anderen Trost zu schöpfen, vermag man vielleicht noch, solange die Leiden nicht groß sind; wenn es aber einmal über ein gewisses Maß hinausgeht, wenn das Innere ganz von Stürmen durchtobt ist, und die Seele nicht einmal mehr sich selbst kennt, wo wird man da den Trost hernehmen?