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Werke Johannes Chrysostomus (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE X.

4.

« Or Jean avait un habillement de poils de chameau, une ceinture de cuir autour de ses reins, et pour son manger des sauterelles et du miel sauvage. » Vous voyez comme les prophètes ont dit certaines choses et qu’ils ont laissé aux évangélistes à dire les autres. Saint Matthieu commence donc par les paroles du Prophète et parle ensuite lui-même, et il n’a pas cru inutile de décrire le vêtement du saint Précurseur. C’était en effet une chose admirable, étonnante, de voir que le corps d’un homme fût capable de supporter une vie si (77) dure. Aussi était-ce ce qui attirait le plus les Juifs; ils voyaient revivre en saint Jean le grand prophète Elie, et dans le spectacle qu’ils avaient sous les yeux la mémoire vénérée de ce bienheureux des anciens âges.

La vie même de Jean leur paraissait encore plus admirable. Car Elie allait dans les villes et dans les maisons, et il y trouvait de quoi se nourrir, au lieu que celui-ci avait vécu dans le désert depuis le berceau. Il fallait que le précurseur de Celui qui devait détruire tout l’ancien état de l’homme, la peine, la malédiction, les travaux et la douleur, portât par avance sur lui-même quelques marques de cette grâce nouvelle, et qu’il parût déjà élevé au-dessus des choses auxquelles les hommes avaient été premièrement condamnés. C’est pourquoi. il ne travaille point à la terre; il ne l’ouvre point avec la charrue, il ne mange point son pain à la sueur de son visage, mais il trouve une nourriture sans préparation, un habillement moins recherché que la nourriture et une demeure encore plus aisée que l’un et l’autre. Il n’avait besoin ni de maison, ni de lit, ni de table, ni d’aucune chose semblable. Il faisait éclater dans un corps mortel une vie tout angélique.

Il avait un habit de poil de chameau, pour apprendre aux hommes par son vêtement même à mépriser tout ce qui est humain, à n’avoir rien de commun avec la terre, mais à retourner à cette première noblesse dont le premier homme a joui durant son état d’innocence, avant qu’il fût obligé d’avoir le soin de la nourriture et du vêtement. Ainsi son vêtement était un symbole et de royauté et de pénitence tout ensemble.

Après cela, ne me demandez point où il pouvait avoir pris dans le fond d’un désert cet habit de poil et cette ceinture. Si vous vous arrêtez à ces sortes de questions, vous en ferez encore une infinité d’autres; comment il a pu dans ce désert supporter les rigueurs de l’hiver et les ardeurs de l’été, surtout avec un corps et dans un âge encore tendres; comment une complexion si délicate a pu résister aux incommodités de toutes les saisons, s’accommoder d’une nourriture si nouvelle et souffrir mille autres difficultés qui se rencontrent dans le désert?

Où sont maintenant ces philosophes grecs qui, par une imagination si fausse et si vaine, considèrent comme quelque chose de grand l’impudence d’un cynique? Quelle est cette belle vertu de s’enfermer pour un temps dans un tonneau et de se répandre ensuite dans toute sorte de luxe? de s’orner de bagues de prix, de se faire servir par de jeunes garçons et de jeunes filles, de se faire environner d’une pompe magnifique et de s’abandonner, sous prétexte qu’on est philosophe, dans deux excès si contraires? Saint Jean-Baptiste ne s’est point conduit de cette sorte. Il est demeuré dans le désert comme dans un ciel. Il y a excellé en toutes sortes de vertus, et il a passé du désert dans les villes comme un ange qui viendrait du ciel sur la terre. Ila paru comme un athlète de piété, comme un homme qui méritait d’être couronné aux yeux de toute la terre, comme, un véritable philosophe qui faisait profession d’une philosophie digne du ciel. Et il a été si excellent et si. admirable en un temps où le péché n’était pas encore détruit, ni la loi abolie, ni la mort vaincue; lorsque les portes de l’enfer n’avaient pas encore été brisées et que le démon régnait encore dans le monde. Tant il est Vrai qu’il n’y a rien d’impossible à une âme forte et généreuse, qui entreprend tout avec ardeur et qui s’élève au-dessus de tous les obstacles qu’elle rencontre. Enfin, il s’est conduit dans l’Ancien Testament, comme saint Paul s’est conduit dans le Nouveau.

L’Evangile marque que ce saint portait une ceinture, parce que c’était alors la coutume de nos pères, avant que la mollesse de nos temps eût dégénéré en ces sortes d’habits d’aujourd’hui qui nous font rougir de leur luxe et de, leur délicatesse. On voit par les Actes que saint Pierre et saint Paul usaient de ceintures, selon qu’il est dit du dernier : « Les Juifs lieront celui à qui est cette ceinture. » (Acte XII, 8; XXI, 41.) Elie même en a porté une, comme aussi tous les autres saints, parce qu’ils travaillaient sans cesse, ou qu’ils faisaient des voyages, ou qu’ils s’appliquaient à quelque autre travail utile ou nécessaire à la vie. Ils affectaient de porter une ceinture, pour retrancher de leurs habits toute la vanité et l’orgueil, et pour témoigner à tout le monde qu’ils faisaient profession d’une vie dure et austère. Aussi Jésus-Christ loue particulièrement saint Jean de l’austérité de son habit: « Qu’êtes-vous allés voir dans le désert, » dit-il aux Juifs? « un homme vêtu avec mollesse? Ceux qui sont vêtus magnifiquement et qui vivent (78) dans les délices demeurent dans les palais des rois. » (Luc, VII, 25.)

Si donc, mes frères, un homme dont toute la vie a été si sainte, qui était plus pur que le ciel même, le plus excellent des prophètes, le plus grand de tous les hommes, et qui s’approchait do Dieu avec tant de liberté et de confiance, ne laisse pas néanmoins de souffrir tant de travaux, de mépriser si hautement les délices et de passer toute sa vie dans les rigueurs et dans les austérités, comment pourrons-nous, nous autres, excuser notre délicatesse, puisqu’après tant de grâces que nous avons reçues, après tant de péchés qui nous accablent, nous n’imitons pas la moindre partie de sa pénitence? Nous nous plongeons dans les festins et dans les excès de table; nous recherchons les plus excellents parfums; nous nous habillons comme ces femmes perdues qui montent sur le théâtre; et, dans Cette mollesse générale à laquelle nous nous abandonnons, nous ouvrons cent portes au démon afin qu’il entre dans notre âme et s’en rende maître.

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