PRÉFACE DE S. J. CHRYSOSTOME.
Timothée était un des disciples de l'apôtre. Saint Luc témoigne que c'était un jeune homme digne d'admiration, selon le témoignage des frères de Lystre et d'Iconium. (Act. XVI,1, 2.) Il devint à la fois disciple et maître (Ibid.4); il était d'une prudence rare, et savait si bien discerner l'à-propos, qu'après avoir entendu saint Paul prêcher l'Évangile sans tenir compte de la circoncision, et avoir appris que ce même saint Paul avait résisté à saint Pierre à ce sujet, il eut assez de ménagement non-seulement pour ne pas attaquer ce rite dans ses prédications, ruais encore pour le subir lui-même. Saint Paul le circoncit en effet, dit le texte (3), malgré son âge, et lui confia toute l'administration. L'affection de Paul suffisait pour montrer ce qu'était Timothée. Il rend, en effet, à diverses reprises, témoignage de lui dans ses écrits, lorsqu'il dit: « Sachez quelle épreuve il a soutenue, lui qui a servi avec moi pour l'Évangile, comme un fils auprès de son père ». (Phil. II, 22.) Et ailleurs, écrivant aux Corinthiens : « Je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant chéri et fidèle dans le Seigneur » (I Cor. IV, 17) ; et plus loin : « Prenez garde que personne ne le méprise, car il accomplit l'oeuvre du Seigneur, comme je le fais moi-même ». (XVI, 11, 10.) Et il dit encore en écrivant aux Hébreux : « Sachez que notre frère Timothée est en liberté ». (XIII, 23.) Partout on trouvera l'expression de sa grande tendresse pour lui. Les miracles qui se produisent maintenant montrent la sincérité de sa foi.
Et si l'on demande pourquoi Paul n'écrit qu'à Tite et à Timothée, puisque Silas et Luc étaient aussi au nombre de ses plus illustres disciples, lui-même l'explique dans une épître, en disant : « Luc est seul avec moi ». (II Tim. IV, 11.) Clément fut aussi un de ses compagnons, car il dit de lui : « Avec Clément et mes autres coopérateurs ». Ainsi, pourquoi écrit-il seulement à Tite et à Timothée ? C'est que déjà il leur avait confié des églises, tandis qu'il conduisait ceux-là avec lui. Il avait mis à part Tite et Timothée pour des postes éclatants. Et telle était la vertu éminente de celui-ci, que sa jeunesse n'y fut pas un empêchement. C'est pour cela qu'il lui écrit : « Que personne ne vous dédaigne à cause de votre jeunesse » (I Tim. IV, 12) ; et plus loin : « Exhorte comme des soeurs celles qui sont jeunes (2) ». Car là où se trouve la vertu, tout le reste est accessoire, et rien ne doit être un empêchement. Discourant en effet des évêques et touchant à beaucoup d'objets, il ne se préoccupe nulle part de leur âge. Et s'il écrit : « Qu'il se fasse obéir de ses enfants », et « qu'il n'ait eu qu'une seule femme », il ne veut pas dire par là qu'il doive être nécessairement époux et père de famille ; mais que, s'il a participé à la condition mondaine, il soit tel qu'il sache gouverner ses enfants et toute sa maison. Car si, dans le monde, il n'a pas su user de sa condition, comment lui confierait-on le soin d'une église ? Et pourquoi donc adressait-il ces épîtres à un disciple désormais chargé d'enseigner? Ne fallait-il pas l'instruire pleinement avant de lui donner son mandai? Oui, mais il avait maintenant besoin d'une instruction différente de celle des disciples et propre à celui qui enseigne. Voyez en effet comment, dans toute cette épître, Paul donne l'enseignement qui convient à un maître. Aussitôt après la suscription, il dit à Timothée, non pas de négliger ceux qui enseignent de nouvelles doctrines, mais de les avertir eux-mêmes de n'en point enseigner.