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Après avoir parlé de la bonté de Dieu et de l'ineffable Providence avec laquelle il prend soin de nous, après avoir dit quels nous étions et quels il nous a faits, l'apôtre continue et dit: « Et je veux que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui ont cru en Dieu aient soin les premiers de s'appliquer aux bonnes oeuvres » ; c'est-à-dire, il faut affirmer ces choses et par elles exciter les fidèles à l'aumône. En effet, ces paroles ne nous exhortent pas seulement à l'humilité, elles ne nous enseignent pas seulement que personne ne doit se glorifier, ni injurier autrui ; elles conviennent encore à toutes les autres vertus. Ainsi dons une épître (432) aux Corinthiens, saint Paul dit: « Vous connaissez la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, étant riche, s'est rendu pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches ». (II Cor. VIII, 9.) Ainsi donc par la pensée de la providence de Dieu et de son infinie bonté, il les exhorte à la pratique de l'aumône, mais non pas à l'aventure et négligemment, car que dit-il? « Afin que ceux qui ont cru en Dieu aient soin les premiers de s'appliquer aux bonnes oeuvres » c'est-à-dire qu'ils doivent porter secours à ceux qui sont lésés injustement, non-seulement en leur donnant de l'argent, mais encore en prenant leur défense, protéger les veuves et les orphelins, et remettre en sûreté tous ceux qui souffrent ; c'est là en effet « s'appliquer aux bonnes oeuvres ». — « Voilà », dit-il, « les choses qui sont bonnes et utiles aux hommes. Mais réprime les folles questions, les généalogies, les contestations et les disputes de la loi, car elles sont inutiles et vaines ».
Qu'entend-il par ces « généalogies? » Dans une épître à Timothée il en fait mention également en ces termes: « Les fables et les généalogies qui sont sans fin ». (I Tim. I, 4:) Peut-être ici et là fait-il allusion aux juifs qui étaient très-orgueilleux d'avoir pour ancêtre Abraham, et qui étaient négligents dans les choses qui les concernaient eux-mêmes. C'est pourquoi il appelle ces généalogies insensées et inutiles, car c'est de la démence que de mettre sa confiance en des choses inutiles.
Quant aux contestations avec les hérétiques, l'apôtre nous recommande de les éviter, pour ne pas nous fatiguer en vain; car en fin de compte nous n'y gagnerons rien. Lorsqu'il y a un homme assez pervers pour décider que, quoi qu'il arrive, il ne changera pas de sentiment, vous épuiserez-vous en vain à répandre la semence sur la pierre, au lieu d'orner les âmes des fidèles en leur parlant- de la charité et des autres vertus? Pourquoi donc l'apôtre dit-il dans un autre endroit: « Afin d'essayer si quelque jour Dieu leur donnera la repentance » (II Tim. II, 25), tandis qu'ici : « Rejette l'homme hérétique »,dit-il,« après le premier et le second avertissement, sachant qu'un tel homme est perverti et qu'il pèche, étant condamné par soi-même ? » Dans le premier passage il parle de ceux qu'on pouvait espérer devoir se corriger et qui résistaient seulement: mais dès qu'il s'agit d'un ennemi manifeste et connu publiquement pour tel, pourquoi combattre en vain, pourquoi porter vos coups dans le vide? Qu'entend-il par ces mots: « Etant condamné par soi-même ? » C'est que l'hérétique ne peut pas dire: Personne ne m'a enseigné, .personne ne m'a averti. Lors donc que malgré les avertissements il reste le même, il est condamné par son propre jugement.
« Quand j'aurai envoyé vers toi Artémas ou Tychique, hâte-toi de venir vers moi à Nicopolis ». — Que dis-tu, saint apôtre? Tu viens de placer la Crète sous son autorité, et de nouveau tu l'appelles vers toi. — Oui, mais ce n'est pas pour le détourner de ses devoirs, c'est pour lui donner plus de force. —En effet il ne l'appelle pas à lui pour qu'il l'accompagne et lé suive partout, écoutez en effet ce qu'il dit : « Car j'ai résolu d'y passer l'hiver ». Quant à Nicopolis, c'est une ville de Thrace. « Envoie devant Zénas ; homme de loi, et Apollon, et prends soin que rien ne leur manque ». On ne leur avait pas encore confié d'églises à gouverner; mais c'étaient des compagnons de saint Paul ; Apollon était véhément, il était savant dans les Ecritures et ha. bile à manier la parole. Pour Zénas, puisque c'était un homme de loi, il ne devait pas, diras-tu, être instruit par les autres. Mais ici par « homme de loi » il faut entendre qu'il était versé dans le droit judaïque, et ce que dit l'apôtre équivaut à ceci : Procure-leur tout en abondance, afin que rien ne leur manque. « Que les nôtres aussi apprennent à être les premiers à s'appliquer aux bonnes oeuvres pour les usages nécessaires, afin qu'ils ne soient pas sans fruit. Tous ceux qui sont avec moi te saluent. Salue ceux qui nous aiment en la foi (par là il faut entendre ou bien ceux qui aiment Paul, ou bien les fidèles). Grâce soit avec vous tous. Ainsi soit-il ».