XXXIII - LE MONASTÈRE DES FEMMES
[1] Il y a, à eux aussi, un monastère de femmes, environ quatre cents, ayant la même constitution, la même observance, excepté la mélote. Et les femmes sont au-delà du fleuve, les hommes en deçà. Par conséquent, lorsqu'une vierge meurt, les vierges ayant fait sa toilette funèbre, l'emportent et la posent sur la rive du fleuve. Puis les frères ayant traversé avec un bac, avec des palmes et des rameaux d'oliviers, l'emportent au chant des psaumes de l'autre côté, l'enterrant dans leurs propres tombeaux. [2] Cependant, hormis le prêtre et le diacre, personne ne fait la traversée pour le monastère des femmes, et cela chaque dimanche.
En ce monastère des femmes, il arriva l'affaire que voici : Un tailleur séculier, ayant fait la traversée par ignorance, cherchait de l'ouvrage. Et une novice étant sortie, car l'endroit est désert, se rencontra avec lui involontairement et lui donna pour réponse ceci : « Nous avons des tailleurs à nous. » [3] Une autre ayant vu la rencontre, du temps s'étant passé et une dispute s'étant produite, sous une inspiration diabolique, par suite d’une grande perversité et d'un bouillonnement de colère, la dénonça en la communauté. Avec elle aussi se joignirent avec empressement quelques autres par malice. Donc celle-là, affligée comme ayant subi une calomnie d'une nature qui n'était pas même venue à sa pensée, et ne l'ayant pas supporté, se jeta secrètement dans le fleuve et mourut. [4] Pareillement la délatrice, ayant reconnu qu'elle avait calomnié par perversité et commis cette abomination, se saisit et s'étrangla, elle non plus n'ayant pas surmonté la chose. Or au prêtre qui vint, le reste des sœurs annonça l'affaire. Et il ordonna, d'abord, que pas même pour une de celles-là l'oblation ne fût célébrée; d'autre part, quant à celles qui ne les avaient pas mises en paix, comme complices de la dénonciatrice et ayant cru à ses dires, il les mit à pari pour sept ans, les ayant exclues de la communion.