XXXIX - PIOR
[1] Pior, un jeune Egyptien, ayant renoncé au monde sortit de la maison paternelle et donna à Dieu sa parole, dans un transport de zèle, de ne plus voir quelqu'un de ses proches. Quoi qu'il en soit, cinquante ans après., sa sœur ayant vieilli et ayant entendu dire qu'il était vivant, tournait au dérangement d'esprit, dans le cas où elle ne le verrait pas. Mais ne pouvant aller dans le grand désert, elle Supplia l'évêque de l'endroit d'écrire aux pères du désert, afin qu'ils l'envoyassent et qu'elle le vît. Une violence considérable l'ayant donc circonvenu, il lui parut bon de s'adjoindre un autre et de partir. [2] Et, dans la maison de sa sœur, il signifia ceci : « Ton frère Pior est arrivé. » Alors s'étant tenu dehors et s'étant aperçu au bruit de la porte que la vieille femme sortait à sa rencontre, il ferma les yeux et lui cria : « La une telle, la une telle, je suis Pior ton frère, je le suis; regarde-moi tant que tu veux. » Donc elle convaincue, ayant glorifié Dieu et ne l'ayant pas décidé à entrer dans sa maison, retourna dans sa propre habitation. Quanta lui, ayant lait une prière sur le seuil, il s'expatria de nouveau dans le désert.
[3] Puis on rapporte de lui ce miracle, c'est qu'ayant creusé à l'endroit qu'il habitait il trouva une eau très amère. Et jusqu'à ce qu'il mourut, il demeura là, s'étant réglé sur l'amertume de l'eau pour montrer sa patience. Or plusieurs moines, après sa mort, ayant rivalisé pour rester dans sa cellule ne purent y achever une année. Car l'endroit est affreux et sans consolation.
[4] Moïse le Libyen, homme très doux tout à fait et très charitable, fut jugé digne du don des guérisons. Il m'a raconté ceci : « Dans le monastère, quand j'étais jeune, nous creusâmes un très grand puits de vingt pieds de large. Dedans, pendant trois jours, quatre-vingts hommes ayant déblayé et ayant dépassé d'une coudée la veine ordinaire et soupçonnée, nous ne trouvâmes pas d'eau. Alors étant tout à fait navrés nous méditions de renoncer à l'ouvrage. Et il survint Pior du grand désert, à la sixième heure même de la chaleur, vieillard enveloppé de la mélote; il nous salua et dit après la salutation : « Gens de peu de foi, pour ce quoi avez-vous perdu courage? je vous ai vus, en effet. « depuis hier perdre courage. » [5] Et étant descendu sur l'échelle dans le creux du puits, il fait une prière avec eux. Et ayant pris le pic, il dit après avoir porté le troisième coup : « Dieu des saints patriarches, ne laisse pas inutile le travail de tes serviteurs ; mais envoie-leur le nécessaire des eaux. » Et sur-le-champ l'eau jaillit au point qu'ils furent entièrement arroses. Cela étant, ayant de nouveau fait une prière, il s'en alla. Or comme ils le pressaient de manger, il ne le souffrit pas en disant : « Ce pour quoi j'ai été envoyé a été achevé; mais pour cela je n'ai pas été envoyé. »