LVII – CANDIDE ET GÉLASIE
[1] Sur la considération de celle-là et comme dans un miroir, la bienheureuse Candide, fille de Trajan, le commandant d'armée, vécut dignement et étant parvenue au plus haut point de la sainteté, ayant honoré églises et évêques. catéchisé sa propre fille pour la condition de la virginité, elle l'adressa, don de ses flancs, en prémices au Christ ; plus tard, elle se mit à la suite de sa fille par sa tempérance, sa chasteté et les distributions de ses biens. [2] Je sais que. durant chaque nuit, elle se fatiguait à moudre de ses mains pour la mortification de son corps, racontant ceci : « Le jeu ne suffisant pas, je lui donne encore pour alliée la veille pénible, afin que je réduise à néant la fierté hennissante d'Esaü. » Dune part, elle s'abstint au plus haut point de ce qui a sang et vie; mais d'autre part, elle prenait, en fête, du poisson et des légumes avec de l'huile. Elle persista ainsi à se contenter d'un mélange vinaigré et de pain sec.
[3] En émulation avec elle marcha pieusement, ayant tiré le joug de la virginité, la très vénérable Gélasie qui était fille d'un tribun. Et voici ce qu'on rapporte de sa vertu, c'est que le soleil ne se coucha jamais sur un sentiment pénible d'elle ni contre un serviteur, ni contre une servante, ni contre quelque autre.