CHAPITRE VII.
Ordination d'Ambroise.
L'Empereur ayant parlé de la sorte, le Concile le supplia de nommer lui-même un Evêque, et lui témoigna qu'il se rapportait de cette nomination à sa sagesse, et à sa piété. Mais il leur répondit :
Cette entreprise est au dessus de mes forces, vous autres qui êtes remplis de la grâce de Dieu, et éclairés de ses lumières, vous ferez un meilleur choix que je ne pourrais jamais faire.
Dès que les Évêques furent sortis du Palais de l'Empereur, ils commencèrent à conférer. Les habitants s'assemblèrent de leur côté, et excitèrent du bruit, chacun prétendant avoir un Evêque de son sentiment. Ceux qui étaient infectés des erreurs d'Auxence, cabalaient pour avoir un Prélat infecté des mêmes erreurs, et ceux qui avaient conservé la pureté de la doctrine de l'Eglise, souhaitaient un Pasteur qui tînt la même doctrine. Ambroise qui était Gouverneur de la Province, appréhendant que ce différend n'excitât une sédition, se rendit à l'assemblée pour y maintenir l'ordre, et la paix. Il n'y fut pas sitôt arrivé, que les deux partis s'accordèrent, et crièrent tout d'une voix, qu'ils demandaient Ambroise pour Evêque, bien qu'il n'eut pas 218 encore reçu le baptême. L'Empereur ayant été averti de cette demande du peuple, commanda à l'heure-même qu'il fût baptisé, et sacré. Comme il connaissait parfaitement l'équité de son esprit, et la pureté de ses sentiments, il jugea que le consentement que le parti d'Auxence avait donné à son élection était une preuve manifeste que Dieu l'avait agréable. On dit que quand Ambroise eut reçu la grâce du Baptême, et la dignité de l'Episcopat, l'Empereur qui était présent, en remercia Dieu en ces termes :
Je vous rends grâces, Seigneur, dont la puissance est infinie, d'avoir confié la conduite des âmes, à celui que j'avais chargé du soin des personnes, et des biens de mes sujets, et d'avoir déclaré par ce moyen-là, que j'avais fait un très-bon choix.
Ambroise lui ayant représenté très-fortement quelques jours après, l'énormité des désordres, que les Juges commettaient dans l'exercice de leurs charges, Valentinien lui fit cette réponse:
Il y a longtemps que je sais que vous êtes en possession de parler fort librement ; mais bien loin de m'opposer pour cela à votre ordination, j'y ai consenti, je l'ai confirmée par mon suffrage : Apportez aux maladies de nos âmes des remèdes tels que la loi de Dieu ordonne.
Voila ce que l'Empereur fit alors à Milan.
Quand il eut appris qu'il y avait encore en Asie, et en Phrygie des contestations touchant la doctrine, il ordonna qu'un Concile fût tenu en Illyrie, et après qu'il eut été tenu, il écrivit à ceux qui contestaient encore pour les insormer de ce qui y avait été défini, et il n'y avait rien été défini sinon que la profession de foi qui 219 avait été arrêtée au Concile de Nicée, serait tenue pour tout le monde. La lettre qu'il leur écrivit pour les exhorter à se soumettre à la décision, était conçue au nom de Valens son frère, aussi bien qu'au sien. Je l'insérerai ici toute entière, non feulement parce qu'elle est une preuve de la piété de Valentinien, mais aussi parce qu'elle fait voir que Valens était alors dans des sentiments orthodoxes.