§ 9.
Par la commémoraison des saintes tablettes qui suit le baiser de paix, on proclame le nom de ceux qui ont vécu saintement et à qui leur constant effort a mérité la perfection d'une vie vertueuse. Ainsi sommes-nous exhortés et entraînés à leur exemple vers des modes de vie qui nous assureront un plus grand bonheur, vers ce repos que procure la conformité avec Dieu, car les tablettes proclament comme s'ils étaient vivants les noms de ceux-là dont la théologie nous enseigne, en effet, qu'ils ne sont point morts, mais plutôt passés de la mort à une vie parfaitement divine. Remarque pourtant que si ces noms sont consignés sur de saints mémoriaux, ce n'est point que la mémoire divine ait besoin, comme la nôtre, de faire appel à des images commémoratives, mais bien pour signifier, en quelque sorte et d'une façon digne de lui, que Dieu honore et connaît à tout jamais ceux qui sont devenus parfaits pour se conformer entièrement à lui. « Car, dit l'Ecriture, il connaît ceux qui lui appartiennent (II Tim. II, 19) » et « La mort de ses saints a du prix devant le Seigneur (Psaume CXV, 15) » (La mort des saints signifie ici la perfection de leur sainteté) Remarque aussi pieusement que c'est au moment même où l'on dépose sur l'autel des saints sacrifices les symboles sacrés par quoi le Christ se signifie et se communique, que tout aussitôt on lit les noms des saints pour manifester ainsi qu'ils sont inséparablement unis à lui, dans une sainte union qui n'est pas de ce monde.