Edition
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De Anima
LV.
[1] Nobis inferi non nuda cauositas nec subdiualis aliqua mundi sentina creduntur, sed in fossa terrae et in alto uastitas et in ipsis uisceribus eius abstrusa profunditas, siquidem Christo in corde terrae triduum mortis legimus expunctum, id est in recessu intimo et interno et in ipsa terra operto et intra ipsam clauso et inferioribus adhuc abyssis superstructo. [2] Quodsi Christus deus, quia et homo, mortuus secundum scripturas et sepultus secundum easdem, huic quoque legi satisfecit forma humanae mortis apud inferos functus, nec ante ascendit in sublimiora caelorum quam descendit in inferiora terrarum, ut illic patriarchas et prophetas compotes sui faceret, habes et regionem inferum subterraneam credere et illos cubito pellere qui satis superbe non putent animas fidelium inferis dignas, serui super dominum et discipuli super magistrum, aspernati, si forte, in Abrahae sinu expectandae resurrectionis solacium capere. [3] 'Sed in hoc', inquiunt, 'Christus inferos adiit, ne nos adiremus. Ceterum quod discrimen ethnicorum et Christianorum, si carcer mortuis idem?' Quo ergo animam exhalabis in caelum Christo illic adhuc sedente ad dexteram patris, nondum dei iussu per tubam archangeli audito, nondum illis quos domini aduentus in saeculo inuenerit, obuiam ei ereptis in aerem, cum his qui mortui in Christo primi resurgent? Nulli patet caelum terra adhuc salua, ne dixerim clausa. Cum transactione enim mundi reserabuntur regna caelorum. [4] Sed in aethere dormitio nostra cum puerariis Platonis aut in aere cum Ario aut circa lunam cum Endymionibus Stoicorum? Immo, inquis, in paradiso, quo iam tunc et patriarchae et prophetae appendices dominicae resurrectionis ab inferis migrauerint. Et quomodo Iohanni in spiritu paradisi regio reuelata, quae subicitur altari, nullas alias animas apud se praeter martyrum ostendit? Quomodo Perpetua, fortissima martyr, sub die passionis in reuelatione paradisi solos illic martyras uidit, nisi quia nullis romphaea paradisi ianitrix cedit nisi qui in Christo decesserint, non in Adam? [5] Noua mors pro deo et extraordinaria pro Christo alio et priuato excipitur hospitio. Agnosce itaque differentiam ethnici et fidelis in morte, si pro deo occumbas, ut paracletus monet, non in mollibus febribus et in lectulis, sed in martyriis, si crucem tuam tollas et sequaris dominum, ut ipse praecepit. Tota paradisi clauis tuus sanguis est. Habes etiam de paradiso a nobis libellum, quo constituimus omnem animam apud inferos sequestrari in diem domini.
Übersetzung
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De l'âme
LV.
Pour nous, nous ne croyons pas que les enfers soient un souterrain tout nu, ni une sentine recouverte d'un toit dans quelque partie du monde; c'est une vaste étendue dans l'intérieur de la terre, profonde et cachée jusque dans ses entrailles elles-mêmes. Nous lisons, en effet, que Jésus-Christ passa les trois jours de sa mort dans le cœur de la terre, c'est-à-dire dans sa cavité secrète, intérieure, cachée sous la terre, enfermée dans la terre, et placée sur les abîmes inférieurs eux-mêmes. Que si, tout Dieu qu'il était, le Christ, en sa qualité d'homme néanmoins, mort selon les Ecritures, et enseveli selon les mêmes, se conforma dans les enfers aux lois de la mort humaine; « que s'il ne monta point au plus haut des deux avant d'être descendu dans les parties les plus basses de la terre, » pour se manifester aux patriarches et aux prophètes, tu as lieu de croire que la région des enfers est placée sous terre, et de heurter du coude ceux qui, avec un peu trop d'orgueil, s'imaginent que les enfers ne sont pas dignes de recevoir les âmes des fidèles, « serviteurs au-dessus du Seigneur, disciples au-dessus du maître, » |106 dédaignant en quelque manière la consolation d'attendre la résurrection dans le sein d'Abraham.
---- Mais, répondra-t-on, Jésus-Christ est descendu aux enfers, pour nous en dispenser; d'ailleurs, quelle différence entre les païens et les Chrétiens, si les morts sont enfermés dans le même cachot? ---- Comment l'âme monterait-elle au ciel, « lorsque le Christ y siège encore à la droite du Père; lorsque l'ordre de Dieu n'a pas été encore entendu par la trompette de l'archange; lorsque ceux que l'avènement du Seigneur aura trouvés vivants, n'ont pas encore pris leur vol pour aller à sa rencontre dans les airs, avec ceux qui, étant morts dans le Christ, ressusciteront les premiers? » Le ciel ne s'ouvre pour personne tant que la terre est sauve, pour ne pas dire fermée. Ce n'est qu'à la consommation du monde que les royaumes des cieux élargiront leurs portes.
---- Mais nous dormirons donc dans l'éther avec les beaux garçons de Platon; ou dans l'air avec Arius; ou dans les environs de la lune, avec les Endymions des stoïciens?
---- Non, répondrai-je, mais dans le paradis, où déjà les patriarches et les prophètes, appendices de la résurrection du Seigneur, habiteront après avoir quitté les enfers. Et comment la région du paradis, placée sous l'autel, et révélée à Jean dans le ravissement de l'esprit, ne lui montra-t-elle d'autres aines dans son sein que les âmes des martyrs? Comment l'héroïque martyre Perpétue, dans la révélation du paradis au jour de sa passion, n'y aperçut-elle que les compagnons de son martyre, sinon parce que l'épée flamboyante, qui garde le paradis, n'en ouvre la porte qu'à ceux qui sont morts dans le Christ et non dans Adam? La mort nouvelle pour Dieu, la mort extraordinaire pour le Christ, est reçue dans un autre domicile particulier. Reconnais donc la différence qui caractérise la mort d'un fidèle et celle d'un païen! Si tu succombes pour Dieu, comme le Paraclet nous en avertit, non pas dans les langueurs de la fièvre, ni sur ta couche funèbre, mais dans |107 la constance du martyre; si tu portes ta croix et que tu suives le Seigneur, ainsi qu'il l'a prescrit, la clef du paradis est aussitôt le prix de ton sang. Tu as d'ailleurs un de nos traités, intitulé Paradis, où nous établissons que toutes les âmes sont tenues en réserve dans les lieux bas de la terre jusqu'au jour du Seigneur.