VIII.
Le Christ lui-même a fui plus d'une fois la violence, mais par la même raison qu'il prescrivit aux Apôtres de fuir, jusqu'à ce qu'il eût rempli sa mission. Ce grand œuvre une fois achevé, non-seulement il demeura ferme; non-seulement il ne demanda point à son Père le secours de ses anges et de ses légions, mais il blâma Pierre d'avoir tiré le glaive. Sans doute il avoua «que son âme était triste jusqu'à la mort» et «que sa chair était faible,» pour apprendre d'abord par la tristesse de son âme et la faiblesse de sa chair, qu'il réunissait dans sa personne les deux substances humaines, afin que l'on, ne supposât pas, comme l'ont fait quelques-uns de notre temps, que sa chair ou que son âme était différente de la nôtre; ensuite pour nous montrer, après avoir déclaré la nature de ces substances, que sans l'Esprit elles sont impuissantes par elles-mêmes. Voilà pourquoi il ajoute: ce L'Esprit est prompt,» afin qu'au souvenir de ces deux substances, tu reconnaisses que tu portes en toi-même la force de l'esprit aussi bien que l'infirmité de la chair, et que tu saches par là en vertu de quel principe tu dois agir, et qui doit commander, c'est-à-dire le plus fort au plus faible, au lieu de prétexter, comme lu le fais dans ce moment, l'infirmité de la chair, en dissimulant à dessein la force de l'esprit.
Le Christ lui-même demanda à son Père «d'éloigner de lui, si cela était possible, le calice de sa passion.» Eh bien! demande-le toi aussi, mais en demeurant comme lui, mais en te bornant à demander, mais en ajoutant avec lui: «Que votre volonté soit faite, et non la mienne!» Or, si tu fuis, comment le demanderas-tu, puisque tu prends sur toi d'éloigner le calice d'amertume, faisant ta propre volonté, mais non celle de ton Père?