1.
En ce temps, Rome fut envahie par les Goths, sous le commandement du roi Alaric; et elle fut presque détruite par le désastre de cette mémorable défaite. Ce désastre, les adorateurs de la multitude des faux dieux que nous nommons en langage ordinaire les Païens, s’efforcèrent de l’attribuer à la religion chrétienne, et commencèrent à blasphémer avec plus d’amertume et plus d’ardeur que jamais contre le vrai Dieu. Enflammé du zèle de la maison du Seigneur, j’entrepris d’écrire, contre leurs erreurs ou leurs blasphèmes, les livres de la Cité de Dieu. Cet ouvrage m’occupa plusieurs années, parce que j’étais interrompu par beaucoup d’affaires qui ne pouvaient se différer et dont la solution passait auparavant. Ce grand ouvrage de la Cité de Dieu fut enfin achevé en vingt-deux livres. Les cinq premiers réfutent ceux qui veulent que les destinées des choses humaines tiennent au maintien du culte que les païens ont voué aux faux dieux et qui prétendent que tous les maux arrivent et abondent, parce que ce culte est prohibé. Les cinq suivants sont dirigés contre ceux qui avouent que ces maux n’ont (355) jamais été et ne seront jamais épargnés aux mortels, et que grands ou moindres, ils varient selon les lieux, les temps et les personnes; mais qui soutiennent en même temps que le culte des faux dieux avec ses sacrifices, est utile à la vie qui doit suivre la mort. Ces dix livres mettent à néant ces deux Opinions erronées et opposées à la religion chrétienne.