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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Confessiones

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Les confessions de Saint Augustin

CHAPITRE XVI. LA MÉMOIRE SE SOUVIENT DE L’OUBLI.

24. Mais quoi! lorsque je nomme l’oubli, je reconnais ce que je nomme; et comment le reconnaîtrais-je, si je ne m’en souvenais? Et je ne parle pas du son de ce mot, je parle de l’objet dont il est le signe, qu’il me serait impossible de reconnaître si la signification du son m’était échappée. Ainsi, quand il me souvient de la mémoire, c’est par elle-même qu’elle se représente à elle-même; quand il me souvient de l’oubli, oubliance et mémoire viennent aussitôt à moi; mémoire, qui me fait souvenir; oubliance, dont je me souviens.

Mais qu’est-ce que l’oubli, sinon une absence de mémoire? Comment donc est-il présent, pour que je me souvienne de lui, lui dont la présence m’interdit le souvenir? Or, s’il est vrai que, pour se rappeler, la mémoire doive retenir, et que faute de se rappeler l’oubli, il soit impossible de reconnaître la signification de ce mot, il suit que la mémoire retient l’oubli. La cause de l’oubli comparaît donc en nous pour le prévenir? N’en faut-il pas inférer que ce n’est point par elle-même, mais par image, qu’elle revient à la mémoire? Que, si elle était présente elle-même, elle ne nous ferait pas souvenir, mais oublier, Qui pourra pénétrer, qui pourra comprendre ces phénomènes?

25. J’y succombe, Seigneur, et c’est sous moi que je succombe. Et me voilà pour moi-même un sol ingrat, qui rit de ma peine et boit mes sueurs. Et je ne sonde pas maintenant la profondeur des voûtes célestes, je ne mesure pas les distances des astres, je ne recherche pas la loi de l’équilibre terrestre; non, c’est dans ma mémoire qui n’est que moi, c’est dans mon esprit qui n’est que moi, que je me perds. Que tout ce que je ne suis pas soit loin de moi, rien d’étonnant; mais quoi de plus près de moi que moi-même? Et voilà que je ne puis comprendre la puissance de ma mémoire, moi qui, sans elle, ne pourrais pas même me nommer!

Je me souviens donc de l’oubli j’en suis certain; et comment l’expliquer? Dirai-je que dans ma mémoire ne réside pas ce dont je me souviens? Dirai-je que l’oubli n’y réside que pour m’empêcher d’oublier? Egale absurdité. Dirai-je encore que ma mémoire ne conserve que l’image de l’oubli, et non l’oubli même? Le puis-je, s’il est nécessaire que l’impression de l’image dans la mémoire soit devancée par la présence de l’objet même dont se détache l’image? C’est ainsi que je me souviens de Carthage, et des lieux que j’ai parcourus, et des visages que j ‘ai vus, et de tous les rapports que m’ont transmis les sens: ainsi de la douleur, ainsi de la santé. Ces réalités étaient là quand ma mémoire s’empara de leur image, et me la réfléchit en leur présence, pour les reproduire, absentes, à mon souvenir.

Que si l’oubli demeure dans ma mémoire, non par lui-même, mais en image, il a donc fallu sa présence pour que son image lui fût dérobée? Et s’il était présent, comment a-t-il pu graver son image, là où sa présence efface toute empreinte? Et pourtant, si incompréhensible et inexplicable que soit ce mystère, je suis certain de me souvenir de l’oubli, ce meurtrier du souvenir.

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Confessiones (CSEL)

Caput 16

Quid, cum oblivionem nomino atque itidem agnosco quod nomino, unde agnosco rem, nisi meminissem? non eundem sonum nominis dico, sed rem, quam significat; quam si oblitus essem, quid ille valeret sonus, agnoscere utique non valerem. cum memoriam memini, per se ipsam sibi praesto est ipsa memoria; cum vero memini oblivionem, et memoria praesto est et oblivio, memoria, ex qua meminerim, oblivio, quam meminerim. sed quid est oblivio nisi privatio memoriae? quomodo ergo adest, ut eam meminerim, quando cum adest meminisse non possum? at si quod meminimus memoria retinemus, oblivionem autem nisi meminissemus, nequaquam possemus audito isto nomine rem, quae illo significatur, agnoscere, memoria retinetur oblivio. adest ergo, ne obliviscamur, quae cum adest, obliviscimur. an ex hoc intellegitur non se per ipsam inesse memoriae, cum eam meminimus, sed per imaginem suam, quia, si per se ipsam praesto esset oblivio, non ut meminissemus, sed ut oblivisceremur, efficeret? et hoc quis tandem indagabit? quis comprehendet, quomodo sit? Ego certe, domine, laboro hic et laboro in me ipso: factus sum mihi terra difficultatis et sudoris nimii. neque enim nunc scrutamur plagas caeli, aut siderum intervalla demetimur, vel terrae liberamenta quaerimus: ego sum, qui memini, ego animus. non ita mirum, si a me longe est quidquid ego non sum: quid autem propinquius me ipso mihi? et ecce memoriae meae vis non conprehenditur a me, cum ipsum me non dicam praeter illam. quid enim dicturus sum, quando mihi certum est meminisse me oblivionem? an dicturus sum non esse in memoria mea quod memini? an dicturus sum ad hoc inesse oblivionem in memoria mea, ut non obliviscar? utrumque absurdissimum est. quid illud tertium? quo pacto dicam imaginem oblivionis teneri memoria mea, non ipsam oblivionem, cum eam memini? quo pacto et hoc dicam, quandoquidem cum imprimitur rei cuiusque imago in memoria, prius necesse est, ut adsit res ipsa, unde illa imago possit imprimi? sic enim Carthaginis memini, sic omnium locorum, quibus interfui; sic facies hominum, quas vidi, et ceterorum sensum nuntiata; sic ipsius corporis salutem sive dolorem: cum praesto essent ista, cepit ab eis imagines memoria, quas intuerer praesentes et retractarem animo, cum illa et absentia reminiscerer. si ergo per imaginem suam, non per se ipsam in memoria tenetur oblivio, ipsa utique aderat, ut eius imago caperetur. cum autem adesset, quomodo imaginem suam in memoria conscribebat, quando id etiam, quod iam notatum invenit, praesentia sua delet oblivio? et tamen quocumque modo, licet sit modus iste incomprehensibilis et inexplicabilis, ipsam oblivionem meminisse me certus sum, qua id quod meminerimus obruitur.

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Prolegomena
The Opinion of St. Augustin Concerning His Confessions, as Embodied in His Retractations, II. 6
Translator's Preface - Confessions

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