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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Confessiones

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Les confessions de Saint Augustin

CHAPITRE III. VICES DE SON ÉDUCATION.

5. Et, cette même année, ramené de Madaure, ville voisine de notre séjour et mon premier pèlerinage littéraire et oratoire, j’avais interrompu mes études. On préparait la dépense d’un plus lointain exil à Carthage, mon père, humble citoyen du municipe de Thagaste, consultant moins sa fortune que son ambition. Eh! pour qui ce récit? Pas pour vous, mon Dieu; mais en m’adressant à vous, je parle à tous les hommes mes frères, si peu qu’ils soient ceux à qui ces pages tomberont entre les mains. Et pourquoi ? Pour que tout lecteur considère avec moi de quel profond abîme il nous faut crier vers vous. Et néanmoins se confesser de coeur, vivre de foi, quoi de plus près de votre oreille? Quelles louanges alors ne prodiguait-on pas à mon père pour fournir, au delà de ses ressources, au studieux et lointain voyage de son fils? Combien de citoyens beaucoup plus opulents que lui étaient loin d’avoir tel souci de leurs enfants? Et ce même père ne s’inquiétait pas si je croissais pour vous, si j’étais chaste, pourvu que je fusse disert, ou plutôt désert sans votre culture, ô Dieu, bon, vrai, seul maître du champ de mon coeur ?

6. Or, à cet âge de seize ans, des affaires domestiques ayant mis entre mes études un intervalle de vacances oisives, je vécus chez mes pare et mère, et c’est alors que les ronces des désirs impurs s’élevèrent au-dessus de ma tête, et nulle main n’était là pour les arracher. Loin de là; mon père s’aperçoit un jour, au bain, de ma pubescence qui, déjà, me couvrait d’un manteau de frémissantes inquiétudes, et, tressaillant comme à l’aspect de ses petits-fils, dans sa joie, il en fait part à ma mère. Joie de l’ivresse où ce monde vous oublie, vous, son Créateur, pour aimer vos créatures au lieu de vous, enivré qu’il est du vin invisible d’une volonté pervertie et livrée aux vils penchants. Mais déjà dans le coeur de ma mère vous aviez commencé votre temple et jeté les assises de votre sainte habitation. Mon père n’était encore, lui, que simple catéchumène, et tout récemment. Elle frémit donc de pieuse épouvante, et trembla; quoique je ne fusse pas encore fidèle, elle craignit pour moi ces voies tortueuses où s’engagent ceux qui vous présentent le dos et non la face.

7. Hélas! osé-je encore dire que vous gardiez le silence, ô mon Dieu, quand je m’éloignais de vous? Etait-ce ainsi que vous vous taisiez pour moi? Et de qui étaient donc ces suaves paroles, que, par la bouche de ma mère, votre servante fidèle, vous me disiez à l’oreille? Et rien n’en descendait dans mon coeur pour l’incliner à l’obéissance. Elle me recommandait instamment, et m’avertit un jour en secret, avec quelle sollicitude! je m’en souviens, de me dérober à tout amour impudique et surtout adultère. Je prenais cela pour des avis de femme, que j’eusse rougi d’écouter. Et c’étaient les vôtres, et je l’ignorais; et je pensais que vous vous taisiez, et que seule elle parlait, elle par qui vous me parliez; et c’est vous que je méprisais en elle, moi son fils, fils de votre servante, et votre serviteur. Mais je ne savais pas, et je me précipitais avec tant d’aveuglement, qu’entre ceux de mon âge j’étais honteux de mon infériorité de honte; car je les entendais se vanter de leurs excès, et se glorifier d’autant plus qu’ils étaient plus infâmes ; et j’avais à coeur de pécher; soif de plaisir et soif de gloire. Qu’y a-t-il de blâmable que le vice? Moi, crainte du blâme, je devenais plus vicieux. Et à défaut de crime réel pour m’égaler aux plus corrompus, je feignais ce que je n’avais point fait; j’avais peur de paraître d’autant plus méprisable que j’étais plus innocent, d’autant plus vil que j’étais plus chaste.

8. Voilà avec quels compagnons je courais les places de Babylone, et me roulais dans sa fange (374) comme dans des eaux de senteur et de parfums de cinnamome. Et pour m’attacher plus victorieusement au principe du péché, l’ennemi invisible me foulait aux pieds, et me séduisait, si facile que j’étais à séduire! Sortie du coeur de la cité abominable, mais culminant, lente encore, dans les voies du retour, la mère de ma chair m’avertit bien de garder la pudeur, et pourtant cette confidence de son mari n’éveilla pas en elle la pensée de resserrer dans les limites de l’amour conjugal, sinon de couper au vif ces instincts passionnés dont les germes, déjà si funestes, offraient à ses alarmes le présage des plus grands dangers. Elle négligea le remède, dans la crainte que toute mon espérance ne fût entravée par la chaîne du mariage; non pas cette espérance de la vie future qu’elle plaçait en vous, ma pieuse mère, mais l’espérance d’un avenir littéraire dont ils étaient l’un et l’autre trop jaloux pour moi; lui, parce qu’il ne songeait guère à vous, et rêvait des vanités pour moi; elle, parce que loin de croire que ces études me fussent nuisibles, elle les regardait comme des échelons qui devaient m’élever jusqu’à votre possession.

Telles sont les conjectures que hasardent mes souvenirs sur les dispositions de mes parents. Et puis au lieu d’user d’une sage sévérité, on lâchait la bride en mes divertissements à la multitude de mes passions déréglées, et un épais brouillard interceptait sans cesse à ma vue, ô mon Dieu, la lumière de votre vérité ! « Et mon iniquité naissait comme de mon embonpoint (Ps. LXXII, 7). »

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Confessiones (PL)

CAPUT III. De peregrinatione studiorum causa, et de parentum proposito.

5. Et anno quidem illo intermissa erant studia mea, dum mihi reducto a Madauris, in qua vicina urbe jam coeperam litteraturae atque oratoriae percipiendae gratia peregrinari, longinquioris apud Carthaginem peregrinationis sumptus praeparabantur, animositate magis quam opibus patris, municipis Thagastensis admodum tenuis. Cui narro haec? Neque enim tibi, Deus meus: sed apud te narro haec generi meo, generi humano, quantulacumque ex particula incidere potest in istas meas litteras. Et utquid hoc? Ut videlicet ego et quisquis haec legit, cogitemus de quam profundo clamandum sit ad te. Et quid propius auribus tuis, si cor confitens et vita ex fide est? Quis enim non extollebat laudibus tunc hominem patrem meum, quod ultra vires rei familiaris suae impenderet filio quidquid etiam longe peregrinanti studiorum causa opus esset? Multorum enim civium longe opulentiorum nullum tale negotium pro liberis erat: cum interea non satageret idem pater qualis crescerem tibi, aut quam castus essem; dummodo essem disertus, vel desertus potius a cultura tua, Deus, qui es unus verus et bonus Dominus agri tui cordis mei.

6. Sed ubi sexto illo et decimo anno, interposito otio ex necessitate domestica feriatus ab omni schola, cum parentibus esse coepi, excesserunt caput meum vepres libidinum; et nulla erat eradicans manus. Quinimo ubi me ille pater in balneis vidit pubescentem, et inquieta indutum adolescentia, quasi jam ex hoc in nepotes gestiret, gaudens matri indicavit; gaudens vinolentia in qua te iste mundus oblitus est creatorem suum, et creaturam tuam pro te amavit, de vino invisibili perversae atque inclinatae in ima voluntatis suae. Sed matris in pectore jam inchoaveras templum tuum, et exordium sanctae habitationis tuae: nam ille adhuc catechumenus, et hoc recens erat. Itaque illa exsilivit pia trepidatione ac tremore; et quamvis mihi nondum fideli, timuit tamen vias distortas, in quibus ambulant qui ponunt ad te tergum, et non faciem.

7. Hei mihi! et audeo dicere tacuisse te, Deus meus, [Col. 0678] cum irem abs te longius. Itane tu tacebas tunc mihi? Et cujus erant, nisi tua, verba illa per matrem meam, fidelem tuam, quae cantasti in aures meas? Nec inde quidquam descendit in cor, ut facerem illud. Volebat enim illa, et secreto memini ut monuerit cum sollicitudine ingenti ne fornicarer, maximeque ne adulterarem cujusquam uxorem. Qui mihi monitus muliebres videbantur, quibus obtemperare erubescerem. Illi autem tui erant, et nesciebam; et te tacere putabam, atque illam loqui, per quam mihi tu non tacebas, et in illa contemnebaris a me filio ejus, filio ancillae tuae, servo tuo. Sed nesciebam, et praeceps ibam tanta caecitate, ut inter coaetaneos meos puderet me minoris dedecoris, quoniam audiebam eos jactantes flagitia sua, et tanto gloriantes magis, quanto magis turpes essent: et libebat facere non solum libidine facti, verum etiam laudis. Quid dignum est vituperatione nisi vitium? Ego ne vituperarer, vitiosior fiebam; et ubi non suberat quo admisso aequarer perditis, fingebam me fecisse quod non feceram, ne viderer abjectior quo eram innocentior, et ne vilior haberer quo eram castior.

8. Ecce cum quibus comitibus iter agebam platearum Babyloniae, et volutabar in coeno ejus, tanquam in cinnamis et unguentis pretiosis. Et in umbilico ejus, quo tenacius haererem, calcabat me inimicus invisibilis, et seducebat me, quia ego seductilis eram. Non enim et illa, quae jam de medio Babylonis fugerat, sed ibat in caeteris ejus tardior mater carnis meae, sicut monuit me pudicitiam, ita curavit quod de me a viro suo audierat, jamque pestilentiosum et in posterum periculosum sentiebat, coercere termino conjugalis affectus, si resecari ad vivum non poterat. Non curavit hoc, quia metus erat ne impediretur spes mea compede uxoria; non spes illa quam in te futuri saeculi habebat mater, sed spes litterarum, quas ut nossem nimis volebat parens uterque: ille, quia de te prope nihil cogitabat, de me autem inania; illa autem, quia non solum nullo detrimento, sed etiam nonnullo adjumento ad te adipiscendum futura existimabat usitata illa studia doctrinae. Ita enim conjicio, recolens, ut possum, mores parentum meorum. Relaxabantur etiam mihi ad ludendum habenae, ultra temperamentum severitatis, in dissolutionem affectionum variarum, et in omnibus erat caligo intercludens mihi, Deus meus, serenitatem veritatis tuae; et prodibat tanquam ex adipe iniquitas mea 1.


  1. Psal. LXXII, 7 ↩

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Einleitung in die Confessiones
Prolegomena
The Opinion of St. Augustin Concerning His Confessions, as Embodied in His Retractations, II. 6
Translator's Preface - Confessions

Inhaltsangabe

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