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The Confessions of St. Augustin In Thirteen Books
Chapter III.--That God and the Angels Rejoice More on the Return of One Sinner Than of Many Just Persons.
6. Good God, what passed in man to make him rejoice more at the salvation of a soul despaired of, and delivered from greater danger, than if there had always been hope of him, or the danger had been less? For so Thou also, O merciful Father, dost "joy over one sinner that repenteth, more than over ninety and nine just persons that need no repentance." And with much joyfulness do we hear, whenever we hear, how the lost sheep is brought home again on the Shepherd's shoulders, while the angels rejoice, and the drachma is restored to Thy treasury, the neighhours rejoicing with the woman who found it; 1 and the joy of the solemn service of Thy house constraineth to tears, when in Thy house it is read of Thy younger son that he "was dead, and is alive again, and was lost, and is found." 2 For Thou rejoicest both in us and in Thy angels, holy through holy charity. For Thou art ever the same; for all things which abide neither the same nor for ever, Thou ever knowest after the same manner.
7. What, then, passes in the soul when it more delights at finding or having restored to it the thing it loves than if it had always possessed them? Yea, and other things bear witness hereunto; and all things are full of witnesses, crying out, "So it is." The victorious commander triumpheth; yet he would not have conquered had he not fought, and the greater the peril of the battle, the more the rejoicing of the triumph. The storm tosses the voyagers, threatens shipwreck, and every one waxes pale at the approach of death; but sky and sea grow calm, and they rejoice much, as they feared much. A loved one is sick, and his pulse indicates danger; all who desire his safety are at once sick at heart: he recovers, though not able as yet to walk with his former strength, and there is such joy as was not before when he walked sound and strong. Yea, the very pleasures of human life--not those only which rush upon us unexpectedly, and against our wills, but those that are voluntary and designed--do men obtain by difficulties. There is no pleasure at all in eating and drinking unless the pains of hunger and thirst go before. And drunkards eat certain salt meats with the view of creating a troublesome heat, which the drink allaying causes pleasure. It is also the custom that the affianced bride should not immediately be given up, that the husband may not less esteem her whom, as betrothed, he longed not for. 3
8. This law obtains in base and accursed joy; in that joy also which is permitted and lawful; in the sincerity of honest friendship; and in Him who was dead, and lived again, had been lost, and was found. 4 The greater joy is everywhere preceded by the greater pain. What meaneth this, O Lord my God, when Thou art, an everlasting joy unto Thine own self, and some things about Thee are ever rejoicing in Thee? 5 What meaneth this, that this portion of things thus ebbs and flows, alternately offended and reconciled? Is this the fashion of them, and is this all Thou hast allotted to them, whereas from the highest heaven to the lowest earth, from the beginning of the world to its end, from the angel to the worm, from the first movement unto the last, Thou settedst each in its right place, and appointedst each its proper seasons, everything good after its kind? Woe is me! How high art Thou in the highest, and how deep in the deepest! Thou withdrawest no whither, and scarcely do we return to Thee.
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Les confessions de Saint Augustin
CHAPITRE III. D’OU VIENT QUE - L’ON RESSENT TANT DE JOIE DE LA CONVERSION DES PÉCHEURS.
6. Dieu de bonté, que se passe-t-il dans l’homme pour qu’il ressente plus de joie du saint d’une âme désespérée et de sa délivrance d’un plus grand péril, que s’il eût toujours bien espéré d’elle, ou que le péril eût été moins grand? Et vous aussi, Père des miséricordes, vous vous réjouissez plus d’un seul pénitent que de quatre-vingt-dix-neuf justes qui a’ont pas besoin de pénitence. Et nous, c’est avec une consolante émotion que nous apprenons que le bon pasteur rapporte sur ses épaules, à la joie des anges, la brebis égarée; et que la drachme est rendue à votre trésor par la femme qui l’a retrouvée, et dont les voisines partagent le contentement. Et les solennelles réjouissances de votre maison font rouler des larmes dans les yeux qui ont lu que « votre Fils était mort, et qu’il est ressuscité, qu’il était perdu, et qu’il est retrouvé (Luc, XV.) » Vous vous réjouissez en nous et en vos anges, sanctifiés par votre charité sainte. Car vous, toujours le même, vous avez toujours la même connaissance de ce qui n’est, ni toujours, ni le même.
7. Que se passe-t-il donc dans l’âme qui lui fait trouver plus de joie à la recouvrance qu’en la possession continuelle de ce qu’elle aime ? Tout l’atteste, tout est plein de témoignages qui nous crient : Il est ainsi. Un empereur victorieux triomphe, et il n’eût vaincu s’il n’eût combattu. Et plus a-été grand le péril au combat, plus vive est l’allégresse dans le triomphe. Un vaisseau est battu de la tempête, le naufrage est imminent; les matelots pâlissent aux portes de la mort: le ciel et la mer s’apaisent; l’excès de la joie naît de l’excès de la crainte. Une personne aimée est malade, son pouls est de mauvais augure; tous ceux qui désirent sa guérison sont malades de coeur: elle est sauvée, mais elle n’a pas encore recouvré ses forces pour marcher, et déjà c’est un bonheur tel qu’il n’en fut jamais lorsqu’elle jouissait de toute la vigueur de la santé.
Et les plaisirs mêmes de cette vie, ce n’est point seulement par les contrariétés qui surprennent notre volonté, mais encore au prix de certaines peines étudiées et volontaires, que nous les achetons. La volupté du boire et du manger n’existe qu’en tant que précédée de l’angoisse de la faim et de la soif. Et les ivrognes cherchent dans des aliments salés une irritation dont la boisson, qui l’apaise, fait un plaisir. Et la coutume veut que l’on diffère de livrer une fiancée, de peur que l’époux ne dédaigne la main que ses soupirs n’auraient pas longtemps attendue.
8. Ainsi, et dans l’abomination des voluptés humaines, et dans les plaisirs licites et permis, et dans la sincérité d’une amitié pure, et dans ce retour de l’enfant « qui était mort et qui est « ressuscité, qui était perdu et qui est retrouvé (Luc XV, 24, 32), toujours une grande joie est précédée d’un aiguillon douloureux. Quoi donc! Seigneur mon Dieu, vous êtes à vous-même votre éternelle joie; quelques êtres, autour, de vous, se réjouissent éternellement de vous, et cette partie du monde souffre une continuelle alternative de défaillance et d’accroissement, de guerre et de paix? Est-ce la condition de son être? est-ce ainsi que vous l’avez fait, quand, depuis les hauteurs des cieux jusqu’aux profondeurs de la terre, depuis le commencement jusqu’à la fin des siècles, depuis l’ange jusqu’au vermisseau, depuis le premier des mouvements jusqu’au dernier, vous avez placé toute sorte de biens, chacun en son lieu, et (431) réglé vos oeuvres parfaites chacune en son temps? Grand Dieu! que vous êtes sublime dans les hauteurs et profond dans les abîmes! Vous n’êtes jamais loin, et pourtant quelle peine pour retourner à vous!