Edition
ausblenden
Soliloquia (PL)
9.
Sed quid ad nos? Nunc illud responde: si ea quae de Deo dixerunt Plato et Plotinus vera sunt, satisne tibi est ita Deum scire, ut illi sciebant? A. Non continuo, si ea quae dixerunt, vera sunt, etiam scisse illos ea necesse est. Nam multi copiose dicunt quae nesciunt, ut ego ipse omnia quae oravi, me dixi scire cupere, quod non cuperem si jam scirem: num igitur eo minus illa dicere potui? Dixi enim non quae intellectu comprehendi, sed quae undecumque collecta memoriae mandavi, et quibus accommodavi quantam potui fidem: scire autem aliud est. R. Dic, quaeso, scisne saltem in geometrica disciplina quid sit linea? A. Istud plane scio. R. Nec in ista professione vereris Academicos? A. Non omnino. Illi enim sapientem errare noluerunt; ego autem sapiens non sum. Itaque adhuc non vereor earum rerum quas novi, scientiam profiteri. Quod si, ut cupio, pervenero ad sapientiam, faciam quod illa monuerit. R. Nihil renuo: sed, ut quaerere coeperam, ita ut lineam nosti, nosti etiam pilam quam sphaeram nominant? A. Novi. R. Aeque utrumque nosti, an aliud alio magis aut minus? A. Aeque prorsus. Nam in utroque nihil fallor. R. Quid haec, sensibusne percepisti, an intellectu? A. Imo sensus in hoc negotio quasi navim sum expertus. Nam cum ipsi me ad locum quo tendebam pervexerint, ubi eos dimisi, et jam velut in solo positus coepi cogitatione ista volvere, diu mihi vestigia titubarunt. Quare citius mihi videtur in terra posse navigari, quam geometricam sensibus percipi, quamvis primo discentes aliquantum adjuvare videantur. R. Ergo istarum rerum disciplinam, si qua tibi est, non dubitas vocari scientiam? A. Non, si Stoici sinant, qui scientiam tribuunt nulli, nisi sapienti. Perceptionem sane istorum me habere non nego, quam etiam stultitiae concedunt: sed nec istos quidquam pertimesco. Prorsus haec quae interrogasti scientia teneo: perge modo; videam quorsum ista quaeris. R. Ne propera, otiosi sumus. Intentus tantum accipe, ne quid temere concedas. Gaudentem te studeo reddere de rebus quibus nullum casum pertimescas, et quasi parvum negotium sit, praecipitare jubes? A. Ita Deus faxit, ut dicis. Itaque arbitrio tuo rogato, et objurgato gravius, si quidquam tale posthac.
Übersetzung
ausblenden
Les Soliloques
9.
L. R. Mais laissons cela et maintenant réponds-moi.Si ceque Platon etPlotin ont ditde Dieu est vrai, ne te suffit-il pas de connaître Dieu comme ils le connaissaient? — A. En admettant que ce qu'ils ont dit de Dieu soit vrai, ce n'est pas une nécessité de conclure qu'ils le connaissaient. Beaucoup parlent souvent et longuement de ce qu'ils ignorent, et moi-même, tout ce que j'ai demandé dans ma prière, j'ai dit que je désirais le connaître; et je ne serais point réduit à le désirer si je le connaissais déjà; s'ensuit-il que je n'aie pas pu même parler de ces choses? J'en ai parlé, non comme comprises par mon intelligence, mais comme recueillies ous côtés par ma mémoire et comme embrassées autant que je l'ai pu par la foi ; mais la science est bien différente. — L. R. Réponds-moi, je te prie. Ne sais-tu pas, du moins, ce que c'est qu'une ligne en géométrie? — A. Je le sais très-certainement. — L. R. Et en faisant cette proposition tu ne crains pas les académiciens ? — A. Nullement. Ils ont voulu que le sage ne s'exposât jamais à l'erreur, mais je ne suis lias un sage; ainsi je ne crains pas d'affirmer que je sais les choses que j'ai apprises. Si, comme je le désire, je parviens à la sagesse, je ferai ce qu'elle me conseillera. — L. R. Je ne rejette rien de ce que tu viens de dire ; mais pour continuer ma recherche, connais-tu ce qu'on appelle une sphère, comme tu connais ce que c'est qu'une ligne?— A. Je le connais. — L.R. Connais-tu ces deux choses également, ou connais-tu mieux l'une que l'autre? — A. Je les connais également , car je ne me trompe pas dans l'idée ni de l'une ni de l'autre. — L. R. Et ces idées te viennent-elles des sens ou de l'intelligence? — A. Les sens ont été pour moi dans cette recherche comme un navire. Lorsqu'ils m'ont eu conduit au lieu que je voulais atteindre, je les ai quittés. Placé alors comme sur la terre, j'ai commencé à méditer, mais longtemps mes pieds ont chancelé. Aussi me paraît-il possible de naviguer plutôt sur la terre, que de comprendre la géométrie par les sens, quoiqu'ils puissent aider lorsqu'on commence l'étude de cette science. — L. R. Tu ne crains donc pas d'appeler science la connaissance que tu peux avoir de ces choses? — A. Non, si les stoïciens me le permettent. Au sage seul ils attribuent la science; et, je l'avoue, j'ai de cela les idées qu'ils ne refusent pas même à la folie. Cependant je ne les redoute en rien, et j'ai la science véritable des objets sur lesquels tu m'as interrogé. Mais continue je veux voir le but de tes questions. — L. R. Ne te presse pas, nous avons du loisir ; écoute attentivement, pour ne rien accorder mal à propos. Je cherche à te faire trouver le bonheur dans la jouissance des choses qui sont à l'abri du sort, et, comme si c'était là une petite affaire, tu m'ordonnes de précipiter ma marche ? — A. Que Dieu fasse comme tu dis. Interroge-moi à ta volonté et reprends-moi sévèrement, si je me permets rien de pareil à l'avenir.