Übersetzung
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Contre les Académiciens
35.
S'il peut être vrai que tout homme qui se trompe ne pèche pas, il est sûrement vrai que tout homme qui pèche est dans l'erreur, ou dans un état encore pire. Si donc quelque jeune homme entendait dire à ces philosophes : Il est honteux de se tromper, et à cause de cela, il ne faut donner créance à rien; cependant quand quelqu'un fait ce qui lui paraît probable, il ne pèche lias, il ne se trompe pas; qu’il se souvienne seulement que son esprit ou ses sens ne lui offrent rien qu'il doive regarder pour vrai ; si, dis-je, quelque jeune homme les entend parler de la sorte, ne croira-t-il pas qu'il peut tendre des pièges à la pudeur de l'épouse de son prochain ? Je te le demande à toi-même, Tullius; nous traitons ici de la vie et des moeurs de la jeunesse que tu as pris tant de soins d'élever et de former dans tous tes écrits. Que pourras-tu répondre, sinon qu'il ne te paraît pas probable que ce jeune homme puisse tenir cette conduite? Mais à lui, cela paraît probable. Or, si nous devons nous conduire d'après la probabilité d'autrui, tu n'as pas dû gouverner la république. Car il n'a pas semblé à Epicure qu'on dût la gouverner. Ainsi ce jeune homme commettra ce crime; et s'il est pris, où te trouvera-t-il pour le défendre? et quand il te trouverait, que dirais-tu? Sans doute , tu nierais le fait. Mais il est si clair, qu'on ne peut le nier. Apparemment tu soutiendras, comme jadis dans l'école de Cumes ou de Naples, qu'il n'a point péché ni même erré. Car il ne s'est point persuadé comme une vérité qu'il fallût commettre cet adultère. Il s'est offert à lui une probabilité, il y a consenti et il a commis le crime, ou plutôt il ne l'a pas commis, il lui a seulement semblé le commettre. Et pendant qu'en ce moment peut-être il déshonore cette femme sans en être sûr, son imbécile de mari remplit tout de bruits et de procès pour soutenir la pudeur de son épouse.
Si les juges viennent à connaître ceci, ou ils suriront des académiciens et puniront le crime comme très-réel; ou suivant le système de ces philosophes, ils ne condamneront cet homme que probablement et vraisemblablement; de sorte que l'avocat ne saura que faire pour défendre son client. Car il n'ai, ra de reproches à faire. à personne, puisque: tous disent que les juges n'ont point failli, n'ayant fait que ce qui leur a paru probable, sans y donner créance. Il quittera donc le rôle d'avocat pour celui de philosophe, afin de consoler ce jeune homme. Car puisqu'il a fait de si grands progrès dans l'académie, il ne sera pas malaisé de lui persuader de se considérer comme n'étant condamné qu'en songe. Mais vous croyez que je plaisante? ? Certainement je pourrais juger par tout ce qu'il y a de plus sacré, que je ne sais nullement comment cet homme a péché1; si celui qui fait ce qui lui paraît probable ne pèche point; à moins toutefois qu'ils ne disent qu'il y a une totale différence entre pécher et se tromper, et que dans leurs préceptes, ils ont voulu nous empêcher simplement de nous tromper, sans regarder le péché comme une chose fort importante.
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Rét. liv. I, ch. III, n. 2. ↩
Edition
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Contra Academicos (PL)
35.
Certe enim, non fortasse omnis qui errat, peccat; omnis tamen qui peccat, aut errare conceditur, aut aliquid pejus. Quid si ergo aliquis adolescentium cum hos audierit dicentes: Turpe est errare, et ideo nulli rei consentire debemus; sed tamen cum agit quisque quod ei videtur probabile, nec peccat, nec errat: illud tantum meminerit, quidquid occurrit vel animo vel sensibus, non pro vero esse approbandum. Id igitur audiens adolescens, insidiabitur pudicitiae uxoris alienae, Te, te consulo, M. Tulli; de adolescentium moribus vitaque tractamus, cui educandae atque instituendae omnes illae litterae tuae vigilaverunt. Quid aliud dicturus es, quam non tibi esse probabile ut id [Col. 0953] faciat adolescens? At illi probabile est. Nam si ex alieno probabili vivimus, nec tu debuisti administrare rempublicam; quia Epicuro visum est non esse faciendum. Adulterabit igitur ille juvenis conjugem alienam: qui deprehensus si fuerit, ubi te inveniet a quo defendatur? Quanquam etiam si inveniat, quid dicturus es? Negabis profecto. Quid si tam clarum est, ut frustra inficiere? Persuadebis nimirum, tanquam in Cumano gymnasio atque adeo Neapolitano, nihil eum peccasse, imo etiam nec errasse quidem. Non enim faciendum esse adulterium pro vero sibi persuasit; probabile occurrit, secutus est, fecit: aut fortasse non fecit, sed fecisse sibi visus est. Iste autem maritus, homo fatuus, perturbat omnia litibus pro uxoris castitate proclamans, cum qua forte nunc dormit, et nescit. Hoc illi judices si intellexerint, aut negligent Academicos, et tanquam crimen verissimum punient; aut eisdem obtemperantes, verisimiliter hominem probabiliterque damnabunt, ut jam quid agat iste patronus prorsus ignoret. Cui enim succenseat non habebit, cum omnes se nihil errasse dicant; quando non assentientes, id quod visum est, probabile fecerint. Ponet igitur personam patroni, et philosophi consolatoris suscipiet: ita facile adolescenti, qui jam tantum in Academia profecerit, persuadebit ut se tanquam in somnis putet esse damnatum. Sed vos me jocari arbitramini: liquet dejerare per omne divinum 1, nescire me prorsus quomodo iste peccaverit; si, quisquis id egerit quod probabile videtur, non peccat. Nisi forte in totum aliud esse dicunt errare, aliud peccare; seque illis praeceptis egisse ne erremus, peccare autem nihil magnum esse duxisse.
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Lib. I Retract. cap. 1, n. 4 ↩