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Werke Augustinus von Hippo (354-430) De musica

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Traité de la musique

35.

Le M. Eh bien ! dans l'art du rythme ou du mètre dont les poètes suivent les règles, y a-t-il, à ton avis, une harmonie d'après laquelle ils composent leurs vers ? — L’E. Il m'est impossible de penser le contraire. — Le M. Cette harmonie, quelle qu'elle soit , passe-t-elle avec le vers, ou est-elle durable? — L’E. Elle est durable. — Le M. Donc il faut reconnaître qu'une harmonie fugitive naît d'une harmonie durable. — L’E. Cette conséquence est rigoureuse, à mon avis. — Le M. Et cet art? qu'est-ce, à tes yeux, sinon une aptitude de l'esprit initié à l'art? — L’E. C'est cela même. — Le M. Crois-tu que cette aptitude se rencontre dans un esprit qui n'est pas initié à cet art? — L’E. En aucune façon. — Le M. Et dans un esprit qui l'a oublié? — L’E. En aucune façon également: car il n'y est plus initié, quoiqu'il ait pu l'être autrefois. — Le M. Et si on l'en fait ressouvenir par des interrogations? Crois-tu que les principes de cette harmonie passent de l'esprit de celui qui l'interroge au sien ? Ou plutôt, ne s'opère-t-il pas un mouvement intérieur qui lui fait retrouver les idées qu'il avait laissé échapper? — L’E. Je crois que ce mouvement, part de son propre fond1. — Le M. Eh ! crois-tu qu'on puisse lui rappeler, en l'interrogeant, la quantité brève ou longue d'une syllabe qu'il a complètement oubliée, quand, parmi les syllabes, les unes sont devenues brèves, les autres longues, en vertu d'une convention ou d’un usage de l'antiquité? Car, si cette quantité était fixe et invariable, d'après les lis de la nature ou les principes de l'art, on ne verrait pas des gens fort habiles de notre siècle allonger des syllabes que l'antiquité a faites brèves, ou faire brèves des syllabes que l'antiquité a allongées. — L’E. On le peut, je crois; car il n'y a rien de si profondément oublié qu'on ne puisse, par une interrogation qui remue les souvenirs, rappeler à la mémoire. — Le M. Il serait bien étrange que les interrogations d'un homme te rappellent ce que tu as mangé à dîner, l'an dernier.- L’E. Oh ! pour cela, c'est impossible et je renonce à croire qu'on puisse, à l'aide d'interrogations, rappeler à l'esprit la quantité de syllabes dont on a perdu le souvenir. — Le M. Et d'où vient cela sinon que, dans le mot Italie, par exemple, la première syllabe, allongée autrefois librement par certaines gens, est devenue brève aujourd'hui par un autre caprice de la mode ? Or, que deux et un ne fassent pas trois et que deux brèves ne répondent pas à une longue, c'est un principe que les morts n'ont pu infirmer, que les vivants ne peuvent ébranler, et que n'ébranleront pas nos descendants. — L’E. Il n'y a rien de plus évident. — Le M. Et si on procède par la méthode d'interrogation, que nous venons d'appliquer à la question de savoir si deux et un font trois, à propos de cette harmonie supérieure, que fera l'homme chez qui l'ignorance tient, non à l'oubli, mais au manque d'instruction ? Ne penses-tu pas qu'en dehors de la quantité des syllabes il ne puisse pareillement connaître cet art ? — L’E. N'est-ce pas là un point incontestable ? — Le M. A quoi donc se réduit l'instinct qui éveillera chez lui la notion de l'harmonie et produira cette aptitude qu'on appelle l'art? Lui sera-t-elle communiquée par un interrogateur? — L’E. Cet instinct se réduit à reconnaître la justesse des questions qu'on lui fait et à y répondre.


  1. On reconnaît ici, comme dans d'autres ouvrages de saint Augustin, la doctrine Platonicienne de la Réminiscence exposée en termes presque identiques dans le Menon. Leibnitz y voit avec raison une preuve de l'innéité des idées. ↩

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De musica (PL)

35.

M. Si ergo quaeramus artem istam rhythmicam vel metricam, qua utuntur qui versus faciunt, purasne habere aliquos numeros, secundum quos fabricant versus? D. Nihil alliud possum existimare. M. Quicumque isti sunt numeri, praeterire tibi videntur cum versibus, an manere? D. Manere sane. M. Consentiendum est ergo, ab aliquibus manentibus numeris praetereuntes aliquos fabricari? D. Cogit me ratio consentire. M. Quid? hanc artem num aliud putas quam affectionem quamdam esse animi artificis? D. ita credo. M. Credisne hanc affectionem etiam esse in eo, qui hujus artis imperitus est? D. Nullo modo. M. Quid? in illo qui oblitus est eam? D. Nec in illo quidem, quia et ipse imperitus est, etiamsi fuit peritus aliquando. M. Quid? si eum quisquam interrogando commemoret? remigrare ad eum putas illos numeros ab eo ipso qui interrogat; an illum intrinsecus apud mentem suam movere se ad aliquid, unde sibi quod amiserat redhibeatur? D. Apud semetipsum puto id agere. M. Num etiam quae corripiatur syllaba, quaeve producatur si penitus excidit, commoneri eum interrogando arbitraris; cum hominum prisco placito et consuetudine, aliis minor, aliis major mora syllabis data sit? Nam profecto si natura vel disciplina id fixum esset ac stabile, non recentioris temporis docti homines nonnullas produxissent quas corripuerunt antiqui, vel corripuissent quas produxerunt. D. Puto et hoc posse, quoniam quantumvis quidque excidat, potest interrogatione commemorante redire in memoriam. M. Mirum si opinaris, quovis interrogante posse te recordari quid ante annum coenaveris. D. Fateor me non posse, nec illum jam existimo de syllabis posse, quarum spatia penitus oblitus est, interrogando admoneri. M. Cur ita, nisi quia in hoc nomine quod Italia dicitur, prima syllaba pro voluntate quorumdam hominum corripiebatur, et nunc pro aliorum voluntate producitur? Ut autem unum et duo non sint tria, et ut duo uni non duplo respondeant, nullus mortuorum potuit, nullus vivorum potest, nullus posterorum poterit facere. D. Nihil manifestius. M. Quid si ergo isto modo quo de uno et de duobus apertissime quaesivimus, caetera omnia, quae ad illos numeros pertinent et ille interrogetur, qui non obliviscendo, sed quia nunquam didicit, imperitus est? nonne eum censes similiter hanc artem exceptis syllabis posse cognoscere? D. Quis dubitaverit? M. Quo igitur se etiam istum moturum putas, ut menti ejus imprimantur hi numeri, et illam faciant affectionem [Col. 1183] quae ars dicitur? an huic saltem ille interrogator eos dabit? D. Eo modo etiam istum arbitror apud semetipsum agere, ut ea quae interrogantur, vera esse intelligat atque respondeat.

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