9.
Si le Sauveur a dormi, s'il s'est nourri, s'il a éprouvé tous les besoins humains, c'est qu'il voulait montrer aux hommes qu'en devenant homme, il n’a point absorbé l'homme. Il en a été ainsi ; et cependant il s'est rencontré des hérétiques qui, dans la perversité de leurs hommages rendus à la puissance du Sauveur, n'ont pas voulu reconnaître en lui la nature humaine où éclate tout le mystère die la grâce qui sauve ceux qui croient en lui ; car c'est lui qui contient les trésors profonds de la sagesse et de la science 1, et qui remplit de foi les âmes pour les élever à l'éternelle contemplation de l'immuable vérité. Que serait-ce donc si le Tout-Puissant, au lieu de donner une mère à l'homme uni au Verbe éternel, l'avait formé de tout autre manière et l'avait tout à coup montré aux yeux du monde? Que serait-ce s'il n'y avait eu pour cet homme aucun passage de l'enfance à la jeunesse, et s'il n’avait pris ni nourriture ni sommeil? N'aurait-il pas donné raison à l’erreur de ces hérétiques et ne croirait-on pas que le Sauveur n'a pas été véritablement homme? Et en faisant tout par miracle, n'aurait-il pas effacé ce qu'il a fait par miséricorde ? Mais ce médiateur est apparu entre Dieu et les hommes, afin que, réunissant les deux natures dans l'unité d'une même personne, il relevât par de l’extraordinaire ce qui était ordinaire en lui, et tempérât les prodiges par des choses purement humaines.
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Coloss. II, 3. ↩