13.
Enfin ces préceptes tiennent plus à la préparation intérieure du coeur qu'aux oeuvres extérieures; ils ont polir but d'entretenir dans le secret de l'âme les sentiments de bonté patiente et de nous inspirer, dans la conduite extérieure, ce qui vaut le mieux à l'égard d'autrui; le Seigneur Jésus, modèle unique de patience, l'a fait voir dans les paroles adressées à celui qui venait de le frapper sur la face : « Si j'ai mal parlé, montre-le; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu 1?» Si on regarde aux mots, le Seigneur n'a pas suivi son propre précepte. Car il n'a pas présenté (autre joue à celui qui venait de le frapper, mais plutôt il a voulu empêcher qu'on ne recommençât; et cependant il était venu, non-seulement disposé à recevoir des coups sur la face, mais encore à mourir sur la croix pour ses insulteurs et ses bourreaux; suspendu à la croix, il dit en leur faveur: « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font 2. » L'apôtre Paul n'aurait pas accompli non plus le commandement de son Maître, lorsque, frappé à la face, il dit au prince des prêtres : « Dieu vous frappera, muraille blanchie. Vous êtes là pour me juger selon la loi, et contre la loi vous ordonnez « que je sois frappé ! » Et comme les assistants reprochaient à l'Apôtre de manquer de respect envers le prince des prêtres, il voulut faire entendre ironiquement, à ceux d'entre eux qui pouvaient le comprendre, que l'avènement du Christ devait détruire la muraille blanchie, c'est-à-dire l'hypocrisie du sacerdoce des juifs. « Je ne savais pas, frères, répondit-il, que ce fût le prince; car il est écrit : Vous ne maudirez point le prince de votre peuple 3. » Il est hors de doute que Paul, qui avait grandi au milieu de ce même peuple et qui était instruit dans la loi, n'ignorait pas qu'Ananias fût le prince des prêtres : son langage ne pouvait tromper non plus ceux dont il était si connu.