59.
« Que toute la race d'Israël le craigne. » Et voyez pourquoi : « Parce qu'il n'a pas méprisé, ni dédaigné la prière du pauvre. » Le Christ appelle pauvre celui qui est humble. De là vient cette autre parole : « Garde-toi de t'élever, mais crains. » Donc, que toute la race d'Israël le craigne, parce qu'il n'a pas méprisé la prière de celui qui ne s'enorgueillit pas, mais qui craint. Ce passage peut aussi s'appliquer à notre chef; parce que le Sauveur lui-même, quoiqu'il fût riche, s'est fait pauvre pour nous, afin de nous enrichir de sa pauvreté 1. Il s'est fait pauvre sous la forme de serviteur et c'est dans cet,abaissement qu'il a prié; car il s'est humilié sous cette forme et s'est rendu obéissant jusqu'à la mort 2. Voyez donc ce qu'il dit : « Parce qu'il n'a pas méprisé, ni dédaigné la prière du pauvre et « qu'il n'a pas détourné de moi sa face. » Mais que deviennent ces mots : « Pourquoi m'avez-vous abandonné; » si le Seigneur ne détourne pas sa face? Le sens vrai, c'est. que Dieu en nous abandonnant ne nous abandonne pas lorsqu'il ne nous exauce pas pour les biens temporels : par là il nous instruit, il nous fait comprendre le néant de ce qu'il nous enlève et la grandeur de ce qu'il nous offre. « Il n'a pas méprisé, ni dédaigné la prière du pauvre, ni détourné de moi sa face : et lorsque je criai vers lui, il m'a exaucé. » Dieu a donc fait ce qui lui a été demandé un peu auparavant, lorsque le Christ, dans sa prière, lui a dit : « Ne vous éloignez pas de moi. » Si Dieu l'a exaucé, il a accompli sa demande et ne s'est pas éloigné. Abandonné d'une manière, le Christ ne l'a pas été d'une autre, pour nous apprendre de quel genre d'abandon nous devons surtout désirer d'être préservés.