23.
« Enfin, dit le dissertateur, si le juif, en observant le samedi, repousse le dimanche, comment un chrétien observera-t-il le samedi? Ou bien soyons chrétiens, et célébrons le dimanche; ou bien soyons juifs, et « observons le samedi, car nul ne peut servir deux maîtres 1. » A l'entendre parler, ne croirait-on pas qu'il y a un Seigneur pour le samedi et un autre Seigneur pour le dimanche ? Il ne prend pas garde à ce qu'il a rappelé lui-même : « Le Fils de l'homme est le maître du sabbat 2. » En voulant que nous soyons aussi étrangers au samedi que les juifs le sont au dimanche, n'est-ce pas comme s'il disait que nous ne devons pas recevoir la loi et les prophètes, parce que les juifs ne reçoivent pas l'Evangile ni les apôtres? Vous comprenez que penser ainsi c'est mal penser. « Mais, dit l'auteur avec l'Apôtre, toutes les choses anciennes ont passé et se sont renouvelées dans le Christ 3. » Cela est vrai. C'est pourquoi nous ne cessons pas- le travail le samedi comme les juifs, quoique, en mémoire même du repos de ce jour, nous relâchions les liens du jeûne, tout en conservant la sobriété et la tempérance chrétiennes. Et si quelques-uns de nos frères ne croient pas que le repos du samedi doive être représenté par la cessation du jeûne, nous ne disputons pas sur la royale variété de la robe, de peur que nous ne portions le trouble dans l'âme de la reine, là où la foi est une sur le repos de ce même jour. Le repos matériel du sabbat ayant passé avec les choses anciennes, nous mangeons le samedi et le dimanche sans nous abstenir superstitieusement de tout travail; mais nous ne servons pas pour cela deux maîtres, parce qu'il n'y a qu'un seul Maître du sabbat et du dimanche.