Edition
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De doctrina Christiana
CAPUT XXXIV.-- Prima ad Deum via, Christus.
38. Vide quemadmodum cum ipsa Veritas, et Verbum per quod facta sunt omnia, caro factum esset, ut habitaret in nobis 1, tamen ait Apostolus: Et si noveramus Christum secundum carnem, sed jam non novimus 2. Ille quippe qui non solum pervenientibus possessionem, sed etiam viam praebere se voluit venientibus ad principium viarum, voluit carnem assumere: unde est etiam illud, Dominus creavit me in principio viarum suarum 3; ut inde inciperent, qui vellent venire. Apostolus igitur quamvis adhuc ambularet in via, et ad palmam supernae vocationis sequeretur vocantem Deum, tamen ea quae retro sunt obliviscens, et in ea quae ante sunt extentus 4, jam principium viarum transierat; hoc est, eo non indigebat, a quo tamen aggrediendum et exordiendum iter est omnibus qui ad veritatem pervenire, et in vita aeterna permanere desiderant. Sic enim ait, Ego sum via, et veritas, et vita 5; hoc est, per me venitur, ad me pervenitur, in me permanetur. Cum enim ad ipsum pervenitur, etiam ad Patrem pervenitur; quia per aequalem ille cui est aequalis agnoscitur; vinciente et tanquam agglutinante nos Spiritu sancto, quo in summo atque incommutabili bono permanere possimus. Ex quo intelligitur quam nulla res in via tenere nos debeat, quando nec ipse Dominus, in quantum via nostra esse dignatus est, tenere nos voluerit, sed transire; ne rebus temporalibus, quamvis ab illo pro salute nostra susceptis et gestis, haereamus infirmiter, sed per eas potius curramus alacriter, ut [P. 0034] ad eum ipsum, qui nostram naturam a temporalibus liberavit, et collocavit ad dexteram Patris, provehi atque pervehi mereamur.
Übersetzung
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De la doctrine chrétienne
CHAPITRE XXXIV. LE CHRIST EST LA PREMIÈRE VOIE QUI MÈNE A DIEU.
38. N'est-il pas surprenant que la Vérité éternelle, le Verbe par qui tout a été créé, s'étant fait chair pour habiter au milieu de nous, saint Paul dise cependant : « Si nous avons connu » Jésus-Christ selon la chair, maintenant nous « ne le connaissons plus de cette sorte 1 ? » Car Dieu ayant voulu se donner, non-seulement comme la possession de ceux qui parviennent à lui, mais encore comme la première voie qui y conduit, a daigné revêtir notre chair. De là cette parole : « Dieu m'a créé au commence« ment de ses voies 2; » et Jésus-Christ devait être le point de départ pour ceux qui voudraient aller à Dieu. Mais quand l'Apôtre écrivait cette parole, quoiqu'il fût encore sur la voie et qu'il s'efforçât de remporter le prix de la félicité céleste à laquelle Dieu l'appelait, oubliant ce qui était derrière lui, et s'avançant vers ce qui était en avant, il avait alors dépassé le commencement de la carrière; il n'avait plus besoin de ces moyens, nécessaires, pour entrer dans la voie, à tous ceux qui désirent arriver à la vérité et établir leur repos dans l'éternelle vie. Car le Christ a dit : « Je suis la voie, la vérité et la vie 3 ; » c'est-à-dire, c'est par moi que l'on vient, c'est à moi que l'on arrive, et c'est en moi que l'on demeure. Car arriver au Fils; c'est arriver aussi au Père que nous connaissons par le Fils qui est son égal; et l'Esprit-Saint, par des liens ineffables, nous unit pour toujours au bien souverain et immuable. Or ce qui nous fait comprendre qu'aucune créature ne doit nous arrêter sur notre chemin, c'est que le Seigneur lui-même ne nous a pas permis de nous fixer en lui, en tant: qu'il s'est donné comme notre voie, mais seulement de passer par lui; il voulait nous Miter le danger de nous attacher dans notre faiblesse aux choses sensibles et passagères, à celles mêmes qu'il s'était unies, et qu'il avait accomplies pour notre salut; il voulait nous les faire servir plutôt à accélérer notre marche et à mériter de parvenir jusqu'à Celui qui a délivré notre nature des misères du temps, et l'a placée à la droite du Père.