17.
Si à la place de cette côte du premier homme, Dieu remet de la chair, c'est pour rappeler le sentiment d'amour dont chacun est pénétré pour son âme; on ne la traite pas avec dureté et mépris, car on aime naturellement ceux que l'on dirige. Il faut donc remarquer que la chair ici ne désigne pas la concupiscence charnelle; mais bien plutôt ce qu'entendait le Prophète quand il parlait du coeur de chair substitué, chez le peuple de Dieu, au coeur de pierre 1. Aussi bien l'Apôtre dit encore dans le même sens : « Non sur des tables de pierre, mais sur les tables de chair du coeur 2. » Autre chose est en effet une locution propre, autre chose une locution figurée telle que celle dont nous traitons maintenant. Si donc la femme proprement dite a d'abord été réellement formée par Dieu du corps de l'homme, elle ne l'a été de cette manière assurément que pour insinuer quelque mystère. Dieu manquait-il de limon pour en faire aussi la femme? Ou bien ne pouvait-il, s'il le voulait, ôter sans douleur une côte à Adam éveillé? Soit donc que ce langage soit figuré, soit que l'action elle-même le soit, ce n'est pas sans raison que Dieu a parlé ou agi de cette manière. C'est assurément pour exprimer des mystères et des secrets; soit ceux que notre faiblesse essaie d'exposer, soit ceux que mettrait en lumière une interprétation meilleure, pourvu cependant qu'elle fût conforme à la saine doctrine.