41.
Maintenant donc qu'Adam travaille en son champ et, s'il y rencontre des ronces et des épines, qu'il voie là, non l'effet de la nature mais la peine du péché, et qu'il l'attribue, non à je ne sais quelle nation des ténèbres, mais au juste jugement de Dieu, parce que là règle de la justice est de donner à chacun ce qui lui revient. Que lui-même . présente à la femme la nourriture céleste qu'il a reçue de son chef qui est le Christ, sans se laisser imposer par elle une nourriture défendue, c’est-à-dire les doctrines trompeuses des hérétiques offertes avec grande promesse de science, et la prétendue révélation des secrets qu'ils font entrevoir pour ménager à l'erreur plus de succès. Car c'est l'orgueilleuse et inquiète prétention des hérétiques, qui sous l'image d'une femme dans le livre des Proverbes, fait entendre ces paroles « Qu'il se détourne et vienne à moi, celui qui est insensé; » elle engage ainsi ceux qui du côté de l'esprit sont dépourvus de ressources et leur dit: « Mangez avec délices le pain pris en secret, goûtez avec douceur les eaux dérobées. 1 » Et pourtant il est nécessaire, que si guidé par l'envie de mentir,. qui fait croire que le Christ a menti lui-même, on se laisse prendre à de tels discours, on reçoive aussi, par jugement divin, une tunique de peau. Ce nom me semble ne pas désigner dans la prophétie la mortalité du corps marquée dans le sens historique, dont nous avons traité précédemment, mais les illusions qui naissent des sens matériels et qui par un châtiment divin poursuivent le menteur et le jettent dans les ténèbres. Celui-ci est ainsi chassé du paradis, c'est-à-dire de la foi Catholique et de la vérité, pour demeurer à l'opposé du paradis, en d'autres termes, pour contredire cette même foi. Et si quelque jour il revient à Dieu premièrement par le moyen du glaive flamboyant, c'est-à-dire des tribulations temporelles, reconnaissant et pleurant ses péchés, et en accusant, non plus une nature étrangère dont l'idée est chimérique, mais en s'accusant lui-même afin de mériter son pardon; secondement par la.plénitude de la science, c’est-à-dire parla charité aimant de tout son coeur, de toute son âme et de tout son esprit, Dieu qui, toujours immuable est au dessus de tout, et le prochain comme soi-même, il parviendra à l'arbre de vie et vivra éternellement.
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Prov. IX, 16, 17. ↩